CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Le sang vodoun

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Avant la colonisation, ce qui manquait à l’Afrique n’était pas la spiritualité. Puisque en absence des religions révélées qui y sont apportées plus tard et imposées aux africains à coups de cravache et de toutes sortes d’humiliations qui dépouillent ces religions de l’amour de Dieu ; les africains croyaient déjà en un Dieu avec l’ingéniosité de le représenter sous plusieurs formes physiques et sous diverses appellations.
Ainsi, le Bénin qui demeure le berceau du vodoun, une réalité indéniable de notre culture, a été et continue d’être une terre hautement spirituelle. Sur cette terre, l’athéisme est la chose la plus rare puisque tout est vodoun au Bénin et d’une manière ou d’une autre chacun vénère une force invisible selon sa foi. Ce sont ces forces surnaturelles avec lesquelles le mortel arrive à entrer en contact que nos aïeux ont su mettre sous l’appellation vodoun et ont adoré avec le plus grand respect et sérieux.
Au-delà de la manipulation de ces forces surnaturelles avec qui l’homme noir entre facilement en relation pour se donner une vie spirituelle avant l’arrivée des religions révélées, cette relation sacrée établie a permis de fonder l’identité culturelle de cette Afrique en général et du Bénin en particulier. Ainsi donc, la plupart de nos richesses culturelles proviennent du vodoun et ont été pérennisées dans les couvents des kyrielles de divinités qui sont établies comme des gardiens de ces inventions de nos aïeux.
Alors, en absence des écoles de danses et de chants, c’est vodoun qui a longtemps servi le meilleur creuset d’apprentissage de nos multitudes de danses et de chants qui désormais semblent être dans le sang de tous les béninois, surtout ceux de la partie méridionale du pays. Ainsi, naturellement le béninois a généralement une prédisposition à exécuter avec facilité toutes formes de danses que qu’en soit sa provenance. D’ailleurs nos danses exigeant des modulations très complexes du corps, ce qu’on retrouve rarement ailleurs, le béninois acquiert naturellement la maîtrise de nos pas de danse sans un apprentissage formel comme sous d’autres cieux. C’est à croire que nous avons tous dans notre corps du ‘’sang vodoun’’ qui nous rend très réceptifs à ces danses que les autres voient de très pénibles.
De même, avec nos musiques pentatoniques, chanter, l’un des arts vodoun qui aujourd’hui distingue les béninois, est la chose la mieux partagée. Du plus petit au plus grand, les béninois ne font rien sans la chanson. Qu’elle soit profane ou religieuse, la chanson intervient en tout sur la terre de Béhanzin, Bio Guèra et Kaba. Dans les champs, nous chantons pour nous encourager à oublier la dureté de la terre ; au marigot, nos femmes épicent leur moment de lessive ou de vaisselle en groupe de leur voix suaves qui distillent nos chants inspirés de la beauté de la nature ; nos monarques se déplacent dans une atmosphère transformée par les merveilleuses chansons des griots de l’escorte royale. Nos joies et nos peines sont toujours traduites par des chansons dont les couvents vodoun constituent de véritables industries.
De tous les temps, le béninois restera vodoun aux yeux des autres puisque ces atouts qui semblent innés en chacun de nous paraissent extraordinaires pour ces derniers qui nous voient autrement. Ceux-ci nous prennent pour des possédés quand nous exécutons nos pas de danse en groupe ou seul sur un podium même si, nous avons su adapter ces richesses et valeurs culturelles aux religions révélées tout en abandonnant le côté cultuel aux adeptes.
Au demeurant, les béninois demeurent culturellement vodoun et gardent cette marque partout où ils se retrouvent à travers les noms que nous portons, qui pour la plupart ont une connotation ou une origine purement vodoun.

Edouard ADODE

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