CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Réinventer les couvents au Bénin

5 ans ago | Written by
15 396 vues
0 0

CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Réinventer les couvents au Bénin

Les couvents, lieux d’éducation par excellence en Afrique, ont de moins en moins leurs places dans cette Afrique qui se meut et se transforme au quotidien sous l’effet des civilisations importées. Ils étaient l’endroit où le jeune enfant apprenait à connaître la vie, où il acquiert les armes nécessaires dont il aura besoin pour mieux l’affronter. Le courage, l’endurance, la discrétion, le mystère, les secrets de la nature, la danse, la solidarité du groupe étaient les armes qu’on inculquait aux initiés de nos couvents qui deviennent des références dans la société par leurs comportements.
Ainsi, au-delà de leurs caractères cultuels, les couvents sont de véritables écoles pour la vie.
Aujourd’hui, c’est avec consternation et désolation qu’on constate que nos couvents perdent progressivement ce qu’ils avaient de sacré pour s’ouvrir à une désacralisation à grande vitesse. Ces lieux qui, autrefois étaient uniquement fréquentés par des initiés avec des codes d’accès très complexes et gardés secrets à vie, sont désormais banalisés et profanés. Ceci à cause de certains gardiens de la tradition qui de nos jours, ont du mal à rester fidèles à la ligne tracée par les ancêtres. Ainsi, dans certaines localités du Bénin, il n’est pas rare de voir des éléments des forces de l’ordre faire irruption dans certains couvents pour rétablir l’ordre et la quiétude au sein des paisibles populations. Par conséquent, les chaussures franchissent le seuil des portes qu’elles ne devraient jamais franchir ; des femmes voient ce qu’elles ne devraient jamais voir ; et des secrets jalousement gardés par les ancêtres étalés au grand jour devant des regards profanes. Sacrilège ! Tout simplement parce que le sacré est un devenu un instrument de règlement de compte entre les mains de certains gardiens de la tradition qui parfois se croient au dessus de l’Etat moderne. Cet Etat moderne qui désormais détient les prérogatives régaliennes en matière de sécurité, de justice et de liberté des uns et des autres.
De même, bien que les couvents soient des lieux de formation pour la vie, ils ne doivent pas constituer des zones de non-droits où tout est permis surtout en ce qui concerne le respect des droits des enfants qui s’y trouvent. D’ailleurs, la situation des enfants qui sont dans les couvents constituent souvent des sources de conflits entre les autorités politico administratives et les chefs de la tradition. Puisque voulant respecter scrupuleusement les normes ancestrales, ces couvents empiètent sur le droit des enfants dont le respect s’impose à tous.
Alors, face au dynamisme du monde actuel, il ne sera pas question d’effacer un pan de la tradition, cependant il urge de revoir le fonctionnement des couvents afin de les rendre conformes aux exigences de l’Etat moderne. Pour ce faire, l’éducation des chefs traditionnels doit être de mise. Ainsi, le sacré restera sacré, et le profane comme tel.

Edouard ADODE

Article Categories:
A la une · Chronique des us et coutumes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru