CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : Yédénou Adjahoui, une bibliothèque traditionnelle sans relève!

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CHRONIQUE DES US ET COUTUMES

Yédénou Adjahoui, une bibliothèque traditionnelle sans relève!

Dans l’univers discothèque béninois, plusieurs artistes y ont laissé leurs noms par la qualité de leurs œuvres qui continuent d’exister même après leur mort. Ces baobabs sont le plus remarqués dans nos musiques traditionnelles qui malheureusement restent négligées par la jeune génération qui préfèrent vociférer dans l’embrouillamini des sons mal montés par les logiciels à tout faire inventés par les blancs. 

Parmi ces baobabs qui ont eu à garder le flambeau de la musique au Dahomey d’hier et dont leurs œuvres continuent de parler jusqu’à ce jour, un nom reste au sommet, il s’agit du créateur du rythme Massè Akéhoun dans les années 50. Yédénou Adjahoui, puisque c’est de lui qu’il s’agit, constitue une bibliothèque très riche qui doit servir de source d’inspiration pour la jeune génération qui visiblement est à cours de thèmes et de références.

Cet homme qui, par son talent de chanteur hors pairs de tous les temps, a su mettre en chanson de profondes vérités valables hier comme aujourd’hui, reste sans relève véritable en matière de la qualité de ses œuvres, tant sur le point de  la voix, de ses textes et surtout les sujets qui ont fait l’objet des milliers de chansons composées par cet artiste originaire de la commune d’Avrankou dans le village de Latchè Houèzounmè du département de l’Ouémé au Bénin. 

Chaque fois que l’occasion de l’écouter se présente à moi, je n’ai jamais cessé de tirer leçons de ses chansons qui datent pour la plupart de plus de quatre décennies. Et il en est de même des millions de béninois qui continuent de savourer les belles et riches mélodies de cet homme de l’art qui a été arraché au patrimoine musical du Bénin le 11 août 1995 par une mort subite à la stupéfaction de tous les acteurs de la musique traditionnelle béninoise surtout dans la partie méridionale du pays.

Aujourd’hui, Yédénou Adjahoui se présente comme la seule bibliothèque audio qui contient certains faits marquants de la période révolutionnaire au Bénin. Des faits chantés de manières exceptionnelles que j’ai encore du mal à voir chez les artistes de la musique traditionnelle de l’heure. Ces affaires des heures de gloire de la justice béninoise ont été extraordinairement relatées par l’artiste avec une leçon de vie à la fin de chacune de ses chansons. De l’affaire de l’assassinat du douanier Taïgla par son épouse à l’affaire de cambriolage du domicile du docteur Vogler en passant par les cas de tueries crapuleuses de bossus par certains individus aveuglés par le désir de devenir riches sans souffrir, Yédénou Adjahoui a pu servir d’archives vivantes pour la conservation de ces jugements célèbres.

Si Yédénou Adjahoui avait vécu jusqu’à aujourd’hui, les mélomanes auraient eu droit en chanson à plus d’histoires contemporaines auxquelles les jeunes chanteurs s’intéressent très peu ou même pas du tout, pourtant importantes pour la mémoire collective. 

Au vue de l’immensité des œuvres de ce chanteur qui a marqué l’histoire musicale du Dahomey et qui continue de marquer les esprits comme si c’était une légende ou un mythe, les décideurs doivent penser à la création d’un panthéon pour immortaliser davantage l’homme. De plus, les jeunes artistes doivent essayer de se faire former à l’école de cet artiste de tous les temps en le consommant sans modération. 

Yédénou Adjahoui, plus qu’un artiste, est une véritable bibliothèque sans relève digne du nom. 

Edouard ADODE

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