DANS L’INTIMITE D’UN ANCIEN FONCTIONNAIRE DE L’ARMEE BENINOISE
Issa Mazou revient sur sa carrière de gendarme
S’il existe un métier parmi tant d’autres qui doit faire l’objet d’une attention particulière c’est bien celui de l’armée. Les hommes de l’armée tous corps confondus jouent un rôle très primordial dans le maintien de la paix d’une nation. Sous la pluie comme sous le soleil, souvent loin des familles ils risquent leurs vies pour assurer la sécurité et la quiétude des populations comme l’indique le serment qu’il prête au début de leur carrière. Même s’ils sont souvent traités de tous les noms, ces hommes en uniformes sont des héros nationaux car n’entre pas dans l’armée qui veut mais qui peut. Pour ce second numéro de votre rubrique » une vie, un métier » votre quotidien est allé à la rencontre de Issa Mazou, adjudant chef de la gendarmerie à la retraite pour en savoir plus sur sa carrière. Lisez plutôt.
Samiratou ZAKARI (Stg)
Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi le métier de gendarme ?
Issa Mazou : j’ai choisi le métier de gendarme par passion. J’ai aimé ce corps depuis mon enfance. Quand on était au village et les gendarmes débarquaient habillés de leur tenue, cela me passionnait et j’avais envie d’être à leur place. C’est de là j’ai pris la résolution de devenir gendarme afin de servir ma Nation.
Parlez-nous de vos débuts ?
Tout d’abord avant de devenir gendarme j’ai fait l’armée dahoméenne en 1964. J’ai été par la suite démobilisé en 1966, j’ai passé le concours de la gendarmerie pour intégrer ce corps le 1er août 1967.
Quels sont les avantages liés au métier de gendarme ?
Parlant d’avantage je dirai tout d’abord que le métier de gendarme est une profession comme tous les autres et surtout est un métier noble. Le gendarme est dans la masse populaire, il est donc plus en contacte avec la population. Il connait mieux que quiconque les difficultés des citoyens et est en fonction de ça, prêt à risquer sa vie pour préserver celle des populations. C’est pour cela qu’il prête serment.
Qu’en est t-il des difficultés de ce métier ?
Bon nous en notre temps, nous sommes éparpillés un peu partout, surtout dans les campagnes. Donc la difficulté est que ont est souvent pas en contact avec nos chefs hiérarchiques à nos différents poste et il y a assez de risques surtout lors de nos patrouilles de nuits. Il arrive qu’on soit blessé, fléché, tiré dessus quand il y a assez de voleurs. Mais on ne peut rien car cela fait partie des risques du métier. Cela ne nous empêche pas d’être disponible de jour comme de nuit.
Parlez-nous des missions difficiles de votre carrière et le maniement de l’arme.
Bon en notre temps les guerres étaient pratiquement terminées dans notre pays il y avait que des missions de l’Onu et autres organisations. Moi personnellement je n’ai jamais participé à une mission à l’extérieur du pays mais néanmoins ma carrière m’a fait parcourir presque tout le Bénin. J’ai fait 13 ans de commandement. On a appris à manier l’arme, l’Etat nous faisait confiance et chacun de nous pouvait avoir une arme. Mais on ne les tirait pas n’importe comment. Moi je n’ai jamais utilisé une arme pour taire un conflit. Je passais toujours par le dialogue, la négociation et ça marchait pour moi. Même si on va en mission dans une zone dangereuse où les gens utilisaient les armes à feu, nous on ne tirait pas. Par méconnaissance des textes il y a d’autres qui tirait si non il est interdit d’utiliser une arme sur une personne non armée même pas celui qui utilise une arme blanche. C’est considéré que ce dernier ne dispose d’aucun moyen de défense. C’est pour cela quand je vois aujourd’hui des gens qui ont toujours le doigt sur la gâchette et qui n’ont pas de difficulté à tirer à moins problème cela me fait mal car en notre temps ça ne se faisait pas comme ça. Sans réquisition, un gendarme n’avait pas le droit de tirer une arme.
Racontez nous le jour le plus heureux de votre carrière de gendarme
Bon comme moment heureux de ma carrière. Vous savez, j’ai passé une carrière depuis 1964 de l’armée à la gendarmerie et j’ai parcouru presque tous les coins du Bénin du nord au sud, de l’est à l’ouest et me voilà à présent en train de vivre la 25ème année de ma retraite, quand je me souviens de mon parcours jusque là, je suis vraiment fier et heureux. Aussi il y a ce jour où j’ai été promu au grade d’adjudant chef et j’étais en poste à Savè en ce moment là. Dès que le galon est arrivé j’ai invité tous mes frères qui sont venus de Cotonou, de Bassila un peu partout. Quand j’ai vu tout ce monde venu me soutenir cela m’a beaucoup marqué. Il y a assez de moment comme ça qui m’ont marqué comme le jour ou j’allais aussi à la retraite. Ça fait vraiment plaisir.
Parlez nous alors des moments malheureux de votre carrière
Les moments malheureux il y en aura forcément. Quand vous n’avez rien fait et qu’on vous impute une responsabilité, ça vous fait vraiment mal. J’étais au niveau de la brigade de Natitingou quand le fils de l’un de nos chefs a fait bruler notre groupe électrogène. Mais mon commandant de compagnie m’a imputé cela car c’est moi qui étais de garde ce jour là. Je devais même passer à un conseil de discipline quand le gouvernement a chuté et c’était le feu colonel Alphonse Alley qui prenait le pouvoir et il a fait annulé même mon conseil de discipline. Ça c’est un évènement qui ma beaucoup marqué et que je ne vais jamais oublier.
Quel est votre message à l’endroit des jeunes qui désirent emboiter vos pas mais qui hésitent encore ?
A tous ceux qui désirent faire carrière dans ce domaine je leur dirai tout simplement qu’ils ont fait le bon choix. Je leur demande surtout beaucoup d’attention. Ne pas affronter la masse car quoi qu’on fasse nous sommes issus d’une famille et après notre carrière nous retournerons vers nos familles respectives. Je leur demanderai aussi de ne pas trop poursuivre l’argent dans ce métier car le premier devoir d’un gendarme, d’un homme de l’armée c’est de servir sa nation. Sans cette vision ils ne pourront jamais mener à bien leur mission.
Votre mot de la fin
Comme mot de la fin je dirai que la retraite n’est pas la mort et à tout moment qu’on aura besoin de nous pour servir notre peuple d’une manière ou d’une autre on se rendra toujours disponible. A mes jeunes frères qui sont encore en service je leur demanderai de se mettre à la disposition du gouvernement pour éviter toute histoire. Car le gouvernement, c’est le gouvernement, chacun a son temps. Je souhaite réussite à notre pays pour les prochaines élections et pleins succès à votre journal.
C’est simplement émouvant
Merci à papa, et longue vie encore.
Ce sont des références, des sages pour le bien de notre nation. Honneur et hommage