DÉTENTION DE RECKYA MADOUGOU ET CIE : Moussa Garadima implore le pardon du Président Talon

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Dans une note adressée au Président de la République Patrice Talon, Moussa Garadima a présenté des doléances pour la mise en liberté de Reckya Madougou, Joël Aïvo et autres détenus. Dans les mailles de la justice béninoise depuis mars 2021, la candidate à la présidentielle de 2021 est inculpée pour terrorisme. De nombreux partis politiques de l’opposition utilisent cette situation comme un moyen de campagne et de propagande, sans pour autant s’en soucier vraiment selon Moussa Garadima. L’homme qui a invité tous les citoyens à changer la méthode de réclamation de la libération de Reckya Madougou, implore la clémence de Patrice Talon. L’intégralité de la correspondance.

Florent YAMA

« Le pardon du Président Patrice Talon pour la libération de Reckya Madougou et consorts : raccourci nécessaire pour construire un Bénin rayonnant, plus uni et plus fort.

Depuis décembre 2021, Reckya Madougou et Joël Aïvo, sont détenus à la prison civile de Missérété. La première est une ancienne garde des sceaux au Bénin et le second un doyen honoraire de la faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi. Ces deux grandes figures politiques de l’opposition, sont condamnées l’une pour terrorisme et l’autre pour atteinte à la sûreté de l’Etat. La situation de ces détenus et celle des exilés politiques font l’objet de prises de positions antagonistes selon que l’on soutienne ou pas le régime de la rupture. Dans cette affaire, les plus courageux parlent à visage découvert et les autres plus discrets en parlent, mais dans les coulisses.

A la vérité, c’est l’opposition politique au régime de la rupture qui tire à l’heure actuelle, le plus grand profit de cette situation déplorable. C’est le principal outil de propagande politique des partis se réclamant de l’opposition.
Un parti d’opposition a d’ailleurs fait le plein dans la 8ème circonscription électorale en raflant 4 députés sur 06, lors des législatives de janvier 2023. L’essentiel de la stratégie de campagne de ce parti était basée sur les cas Reckya Madougou et ses codétenus et la mayonnaise a pris. Comme on le voit bien, le malheur des uns peut faire le bonheur des autres.

C’est une insulte à l’intelligence de nos concitoyens, que des individus continuent de marteler, que tous ceux qui soutiennent l’action politique du Président Patrice Talon se réjouissent de la situation que traversent Réckya Madougou et ses co-détenus. Je ne pense même pas que le Président Patrice Talon lui-même s’extasie et soit particulièrement heureux, parce qu’il y a aujourd’hui au Bénin des détenus et exilés politiques.

Il faut avoir le courage de dire que dans cette affaire, il n y a pas de fumée sans feu. Je ne suis donc pas de ceux qui pensent que nos compatriotes prisonniers et exilés politiques sont blancs comme neige, mais je compatis sincèrement à leur douleur et souffrance. En effet, Joël Aïvo fut quand même un ancien camarade d’amphi à moi et Reckya Madougou une sœur que j’ai connue alors qu’elle était Ministre de la Microfinance et moi Président de la jeunesse FCBE du 1er Arrondissement de Parakou, mais surtout grâce à son cousin feu GADO Salami. Je suis donc très sensible à leur détresse actuelle.

Dans la situation actuelle, face à la détresse de nos compatriotes Réckya Madougou et Joël Aïvo, seul le pardon apparaît comme la solution idéale pour réconcilier offensé et offenseur. Le pardon qui consiste à ne pas tenir rigueur à quelqu’un pour une faute commise, s’oppose à la vengeance et à la rancune. C’est grâce au pardon que les plus grands hommes de ce monde se sont révélés à leur peuple. Comme on le sait, c’est souvent dans les périodes les plus difficiles que les grands hommes se révèlent à leur peuple, et ce à travers leur sens du pardon.

Ce fut le cas de Nelson Mandela. Emprisonné pendant 27 ans, il n’a pas hésité à pardonner à ses bourreaux afin de construire la nation arc-en-ciel, l’une des nations les plus développées du continent noir à l’heure actuelle. De même au Bénin, le Général Mathieu Kérékou a pardonné à ceux qui sont considérés comme les commanditaires de l’agression du 16 janvier 1977 contre notre pays et son régime militaro-marxiste. Il en a même fait ses meilleurs conseillers techniques les plus écoutés lors de son retour au pouvoir en 1996.

Sur le plan religieux, on peut citer le cas du prophète Mouhammad (Paix et bénédiction sur lui) qui a pardonné à tous les mecquois qui l’ont combattu à mort et assassiné certains de ses proches et fidèles compagnons. Que dire du Christ, qui sous la douleur de la crucifixion, demandait au Seigneur de pardonner à ces bourreaux car, disait-il, ils ne savent pas ce qu’ils font. Quelle belle leçon de pardon !
Le pardon est un remède au désespoir, il crée l’espoir et l’espérance là où tout semble perdu.
Seul le pardon peut combattre cette haine de l’autre, volontairement entretenue et attisée par une certaine classe politique. Oui, seul le pardon pourra transformer cette haine de l’autre, en reconnaissance et en amour pour construire ce qui est déconstruit.

C’est pourquoi le peuple béninois, épris de paix, demande humblement et genoux à terre, au Premier Magistrat de notre pays, son pardon en direction de nos compatriotes détenus et exilés politiques. Ce pardon est nécessaire, pas parce qu’il est forcément mérité ; mais parce que le peuple béninois mérite le pardon et la paix.

Le peuple béninois est un peuple qui a un sens élevé du pardon. Il en a l’expérience car il a su pardonner au Général Mathieu Kérékou en 1990, ses errances de la période révolutionnaire. Et revenu au pouvoir par la voie des urnes, ce même Général Kérékou a rendu la pareille au peuple béninois, en pardonnant à tous ceux qui l’ont combattu avec hargne pendant son régime militaro-marxiste qui a duré 17 ans. Il en a d’ailleurs fait ses meilleurs conseillers techniques et collaborateurs.
A tous ceux qui rêvent de conquérir le pouvoir d’état, en exploitant le malheur de nos compatriotes détenus et exilés politiques, j’invite le Président de la République à leur opposer le pardon des hommes forts. Pardonnez Monsieur le Président de la République et libérez Reckya Madougou et ses co -détenus.

Certes ce pardon appelle tout de même deux observations importantes. D’abord au plan technico-judiciaire, les mis en cause ayant été déjà condamnés par une décision judicaire, nous estimons que les avocats de Reckya Madougou et Joël Aïvo pourraient faire un recours gracieux près du Médiateur de la République pour solliciter le pardon du Président de la République.

Au plan politique, le pardon exige aussi une certaine humilité de la part des leaders des partis d’opposition. Ils doivent adopter un profil bas et amener les mis en cause à faire leur mea culpa et reconnaître avoir posé des actes de défiance vis-à-vis des institutions républicaines. Ainsi, si ces deux conditions technico-judiciaires et politiques sont réunies, cette demande de pardon soutenue par tout le peuple béninois aura un écho favorable auprès du Président de la République, son Excellence Patrice Talon.

J’invite donc l’opposition politique au régime de la rupture à une attitude plus responsable et moins belliqueuse. Diaboliser sans ménagement et sans distinction aucune, tous ceux qui soutiennent l’action politique du Président Patrice Talon, me semble être un acte dangereux. Comme le dirait l’autre, nul n’est nouveau dans ce pays et on se connait tous. L’enfer, ce n’est pas toujours les autres.
C’est donc ce raccourci, que dis-je ce pardon, Monsieur le Président que le peuple béninois tout entier, vous propose, afin de concilier les exigences du pouvoir judiciaire d’avec celles du pardon. C’est seulement vous et vous seul, qui êtes capable grâce au pardon et à l’onction de l’Eternel, de transformer cette haine naissante qui tente de diviser votre peuple, en amour et en engagement réciproque pour construire ensemble un Bénin rayonnant, qui sera plus uni et plus fort.

Moussa GARADIMA»

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