L’ancienne ministre de la justice du président béninois Boni Yayi, préoccupée par le développement de l’Afrique, ne manque aucune occasion pour apporter son expertise aux gouvernants en vue de la naissance d’une Afrique nouvelle riche et prospère. Ainsi, au cours du Forum Objectif Afrique Avenir (O2A) sur les gouvernances en Afrique auquel elle a participé le jeudi 26 novembre 2020, l’actuelle conseillère du président togolais a présenté une communication très riche en idées novatrices pour le continent africain. Reckya Madougou puisque c’est d’elle qu’il s’agit a invité les pénalistes, les organisations internationales et les citoyens à mener des réflexions critiques au sujet de la démocratie politique qui à l’en croire est plus importante et avantageuse que la démocratie économique qui tend elle, à vendre du leurre aux africains. Pour l’auteur du livre « sauver les incertitudes », « il ne suffit pas d’assimiler la démocratie à la seule instauration d’institutions démocratiques sur papier, il faut davantage la concevoir en termes de bien-être collectif, sociétal, de progrès socio-économique des populations ». Et pour cela, les organisations internationales n’ont rien à perdre en contribuant aux efforts de mise en œuvre de politiques publiques pour la réduction des inégalités économiques et de développement du capital humain. Les citoyens mais aussi les organisations internationales doivent donc pour elle, privilégier et faire la promotion d’un régime démocratique qui favorise la croissance économique de façon participative en prenant soin de redistribuer de façon équitable les fruits des efforts. Pour Reckya Madougou, le plus grand défi à relever par les gouvernants en Afrique est de régler les problèmes essentiels des populations « et non leur vendre des mirages politiques ».
La jeune dame a également fustigé le comportement de certains pays occidentaux et coopérations internationales qui, promouvant la transparence et les principes démocratiques, imposent aux pays africains une politique de deux poids deux mesures pour satisfaire leurs intérêts. Elle s’est alors réjouis du fait que ces analyses ont convaincu plus d’un à ce forum notamment les universitaires et les diplomates européens qui dans leurs interventions sont également revenus sur l’urgence pour l’Afrique de trouver sa propre voie démocratique qui est en terme avec ses réalités, sa sociologie et qui privilégie le bien-être des populations. « Il ne devrait pas exister un modèle unique universel de démocratie. Cette condescende et cet automatisme nés du fameux discours de la Baule méritent aujourd’hui nos interrogations 30 ans après », pense Reckya Madougou. La brave dame a, avec l’éloquence qu’on lui connait, développer d’autres points importants pour la croissance du continent. Préoccupée par l’avenir des jeunes et des femmes en Afrique, l’ancienne ministre a plaidé pour que la relève soit assurée par des jeunes compétents mais aussi pour qu’une chance soit donnée aux femmes capables afin qu’elles fassent leurs preuves dans les instances de prise de décision. C’est ainsi que, « le monde sortira résilient de ce sombre chapitre », a-t-elle conclu.
Samira ZAKARI