EDITO : Le Bénin avait-il vaincu la fatalité ?

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Le Bénin avait-il vaincu la fatalité ?

A la fin des travaux de la conférence nationale des forces vives de la Nation de février 1990, le rapporteur général de ces assises en la personne du feu professeur Albert Tévoédjrè scandait fièrement, « …au travail les amis, nous avons vaincu la fatalité ! »
Mais trente ans après ces assises qui ont ouvert la voie au renouveau démocratique, on est en droit de se demander si effectivement le Bénin a pu vaincre la fatalité. A cette question, les réponses seront naturellement divergentes selon qu’il s’agit des acteurs de cet événement historique cité en exemple dans toute l’Afrique, ou qu’il s’agit des observateurs de la marche de la République depuis les indépendances.
Ainsi, pour les uns, le Bénin a effectivement vaincu la fatalité. Cette fatalité qui était constituée en son temps des dérives du régime autocratique du feu général Mathieu Kérékou qui, au nom de la révolution, avait embrigadé toutes les libertés dans un environnement politique où le Parti de la République Populaire du Bénin (Prpb) était instauré en parti d’Etat. C’est d’ailleurs ce qui justifiait l’euphorie des jeunes intellectuels d’alors qui nourrissaient l’espoir de voir un nouveau Bénin sous le vent de la démocratie et le multipartisme intégral.
Cependant, après trente ans, il est clair que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs puisque la liberté retrouvée n’a guère permis le développement tant rêvé par les acteurs de ces assises. Le Bénin continue simplement de croupir sous le joug de la pauvreté. Ainsi, au moment où le bas peuple s’enlise dans une paupérisation dégoûtante et répugnante, les dirigeants s’enrichissent sans vergogne par le bais des détournements des deniers publics.
Néanmoins, le Bénin semble être en train de faire un pas en avant avec le pouvoir de la rupture qui œuvre pour donner un sens à cette démocratie qualifiée de ‘’Nescafé’’ puisqu’elle est incapable de nourrir le peuple. Alors, grâce aux réformes initiées par Patrice Talon, l’impunité est en train de recevoir un grand coup. Cependant, la question des libertés se pose toujours avec acuité.
Il est donc clair que les propos d’Albert Tévoédjrè sont des prophéties qui s’accompliront peut-être dans les décennies à venir. Mais pour l’heure, le Bénin est loin de vaincre la fatalité.

Edouard ADODE

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