EDITO
Obasandjo, l’oiseau de mauvais augure ?
Face à la presse internationale, le président Patrice Talon a fait semblant de ne pas lier la fermeture des frontières bénino-nigérianes à la présente crise qui secoue la classe politique depuis les dernières législatives. Ainsi, à la question de savoir si la fermeture des frontières par le Nigéria n’est pas une conséquence des ennuis qu’ont connus l’ancien président Boni Yayi avant son départ du pays, Patrice Talon a répondu avec sourire que cette hypothèse ne saurait être plausible.
Dans un langage diplomatique, Patrice Talon a lié cette situation à des causes purement techniques. Une intelligence diplomatique qui mérite d’être saluée puisque cette manière de présenter les faits, va dans le sens de l’apaisement du président Buhari qui pourra être favorable à la demande de ses pairs lors de la rencontre tripartite prévue pour bientôt.
Mais au vue des circonstances dans lesquelles la fermeture des frontières par le Nigéria est intervenue et la durée illimitée de cette mesure qui se renforce au fil du temps, tout porte à donner raison à cette hypothèse d’une résultante de la connivence entre les autorités nigérianes et l’ex président Boni Yayi. Surtout considérant la proximité qui est entre ce dernier et l’ancien président nigérian Obasandjo qui d’ailleurs était de visite chez l’ancien président béninois Nicéphore Soglo sans daigner faire un tour au palais de la Mariana.
Cette visite d’Obasandjo au chef de fil de la résistance à Talon, mouvement auquel appartient Boni Yayi, semble confirmer la thèse selon laquelle des mains béninoises seraient derrière la fermeture des frontières. Puisqu’étant ancien président d’un pays voisin comme le Nigéria, Obasandjo ne saurait fouler officiellement le sol béninois sans rendre une visite de courtoisie à l’actuel président en exercice si rien ne l’empêchait.
Alors, à quelques heures de la réunion tripartite entre Talon, Buhari et Issifou du Niger, cette visite d’Obasandjo semble se présenter comme un mauvais présage pour les relations entre le Nigéria et le Bénin. Puisque même étant ancien président du Nigéria, Obasandjo continue certainement de peser lourd dans les décisions surtout celles ayant rapport avec certains pays de la sous région.
Il est donc temps que le président Patrice Talon voit la réalité en face afin d’attaquer ce problème de fermeture des frontières à sa vraie source au lieu de se livrer à des ballades diplomatiques qui sont pour le moment loin de résoudre la situation.
Edouard ADODE