EDITO
Un complot contre le peuple ?
A l’issue des assises convoquées par le chef de l’Etat Patrice Talon afin de trouver une porte de sortie à l’impasse politique que traverse le Bénin depuis les législatives du 28 avril dernier, le consensus a été obtenu sur certains points en vue de l’apaisement social. Certains de ces points transformés en doléances et versées au gouvernement ont l’air de véritables compromis voire même de véritables complots contre le peuple béninois.
Au nombre des points qui semblent aller contre l’intérêt du peuple, on peut déjà citer la loi d’amnistie annoncée et dont les tractations sont en cours afin que cessent les poursuites contre les présumés auteurs et commanditaires des violences électorales. Ainsi, au moment où le peuple réclamait justice, la classe politique a choisi de faire table rase de ce pan triste de l’histoire politique du Bénin. Une idée qui, apparemment, semble traduire le décalage entre l’intérêt du peuple et celui des politiques. Puisque la loi d’amnistie en question profite plus aux politiciens de tous bords qui se retrouveraient impliqués dans ces actes d’incivisme notés au cours de la période électorale. Par conséquent, opposants et mouvanciers se sont donc entendus pour trouver une échappatoire afin de ne pas répondre de leurs actes tandis que de pauvres béninois continueront à traîner à vie les séquelles d’une vaine querelle politicienne.
Cependant, au-delà de cette appréciation de la loi d’amnistie qui est en gestation, l’on pourrait tenter d’applaudir la classe politique béninoise pour cette initiative qui effectivement constitue une mesure phare d’apaisement. Une mesure salvatrice en ce qu’elle permet de palier les éventuels conflits ou dérapages que pourraient encore susciter les sanctions qui seraient infligées aux présumés auteurs de ces actes de violence. Car, quel qu’en serait le degré d’impartialité de la justice dans cette affaire, il y aura toujours des citoyens frustrés. Ce qui pourrait être le début d’une autre vague de violence pouvant conduire la nation dans une situation cauchemardesque. Alors, la loi d’amnistie vient préserver toute la nation béninoise contre la minorité des victimes qui désormais sont au rang des martyrs nationaux.
Au demeurant, cette décision de la classe politique doit servir à l’avenir de leçon à la jeunesse qui se laisse souvent emporter par la querelle des politiciens qui arrivent à s’entendre toujours.
Edouard ADODE
