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Inadéquation entre la formation et le besoin sur le terrain: voici comment l’école forme des apprentis chômeurs 

Inadéquation entre la formation et le besoin sur le terrain: voici comment l’école forme des apprentis chômeurs 

Chaque année au Bénin, de nombreux apprenants sortent des écoles et universités avec des diplômes. Après cette étape franchie, bon nombre ont du mal à s’insérer dans la vie active. Une situation qui s’explique d’une part, par l’inadéquation entre les offres de formation et les besoins du marché de l’emploi au Bénin, et d’autre part, par un mauvais choix de filière ou une mauvaise orientation des parents. Quand l’offre de formation est en déphasage avec les réalités du terrain, l’insertion professionnelle des jeunes devient un vrai casse-tête. 

Wassihou GUEGUI MASSIA (Stg)

L’un des problèmes communs aux jeunes après les études académiques et universitaires au Bénin, est l’insertion professionnelle. Des milliers de jeunes diplômés sont coincés à la maison et encore à la charge des parents à cause du manque d’emploi pour subvenir à leurs besoins. La situation persiste chaque année et reste complexe. L’on est ainsi tenté de se demander si, aller à l’école assure toujours l’avenir des apprenants. La question du chômage des jeunes est cruciale et ne laisse aucun acteur du système éducatif indifférent.

Amadou Kpéra, professeur d’anglais dans un collège privé de Parakou, estime que l’enseignement est d’une importance capitale. Selon ses propos, il permet aux apprenants de bien se défendre face à certaines situations de la vie. «L’enseignement permet de pouvoir écrire et de lire pour se défendre», a-t-il fait entendre avant de déclarer que dans la vie, la réussite dépend du destin de chacun. Ayouba Tamou, Professeur dans un collège privé de Parakou s’inscrit dans la même logique en précisant que l’enseignement scolaire représente un modèle pour d’autres. D’après lui, Il permet également de mettre sur les rails les apprenants dans la réalisation de leurs projets. Ayouba Tamou reste toutefois convaincu que l’enseignement scolaire n’est pas forcément une garantie d’emploi pour l’apprenant. «Nous accordons plus d’importance aux diplômes. Après, il faut que chacun utilise son pragmatisme pour atteindre ses objectifs», a-t-il confié.

Inadéquation entre formation et demande du marché de l’emploi 

C’est un fait aujourd’hui, que les formations proposées aux apprenants dans les collèges et universités sont en déphasage avec la demande sur le marché de l’emploi. C’est ce que confirme d’ailleurs Isshakou Moussa, fonctionnaire à la retraite qui pense qu’«aujourd’hui quand les enfants vont à l’université, c’est pour faire soit la géographie ou la comptabilité. Alors qu’il y a assez de diplômés déjà qui ont fait cette formation mais n’ont pas pu être tous insérés. Aujourd’hui, les politiques sont orientés vers l’entrepreneuriat avec la création des usines, des industries mais il n’y a pas des personnes spécialisées pour y travailler».

A en croire Fortuné Aïssi, entrepreneur, «les enfants passent la plus grande partie de leur temps à l’école à apprendre des notions qui ne leur serviront pas dans la vie active. Des formules et leçons sur l’histoire d’autres pays qui finalement ne nous apportent rien. À l’Université, l’enfant fait une formation en science politique alors qu’il y a une entreprise de Btp quelque part qui a besoin d’ingénieur. Forcé il sera à la maison parce qu’il n’a pas l’aptitude pour occuper le poste».

Quelques pistes de solutions 

Face à la situation, il est important de changer de paradigme pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. Ainsi, Amadou Kpéra pense que les apprenants doivent concilier l’entrepreneuriat aux études. Pour lui, l’Etat doit continuer à créer d’emplois et renforcer l’aide aux jeunes entrepreneurs afin de faciliter l’insertion professionnelle des diplômés. De son côté, Issiakou Yodoma Imorou souhaite que le programme actuel enseigné dans les écoles soit revu, car il est différent de l’ancien. «L’Etat doit faire un gros sacrifice pour revoir la qualité des programmes et la qualité des enseignants», a-t-il proposé.

Il est important de reconnaître que L’Etat fait d’efforts en matière de création d’emploi et d’entrepreneuriat des jeunes à travers des projets et programmes. Mais, il va falloir formater le système éducatif béninois pour qu’il puisse s’adapter aux réalités du terrain et du marché de l’emploi.

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