À l’approche des élections communales et locales, les récentes décisions prises par les partis de la mouvance, l'Union Progressiste le Renouveau (Upr) et le Bloc Républicain (Br), continuent de susciter de vives discussions. Interdiction d’affichage à l’effigie des candidats, encadrement strict des actions de terrain, limitation des animations populaires... Autant de mesures qui, au-delà de leur portée organisationnelle, participent à une dépolitisation émotionnelle et à une disparition progressive du caractère festif des élections de proximité.
Le vote local sans ferveur populaire
Traditionnellement, les élections locales au Bénin ont toujours été des moments de rencontre, de mobilisation communautaire et de célébration démocratique. Elles permettaient aux populations de s’approprier le processus électoral dans une ambiance conviviale, rythmée par les échanges directs, les animations de quartier et la présence visible des candidats. Les restrictions actuelles, telles qu’orientées par l’Upr et le Br, tendent à transformer ces moments de vie démocratique en un processus froid, silencieux et excessivement encadré, où la ferveur populaire laisse place à une communication strictement administrative.
Effacer les visages, affaiblir la proximité
L’interdiction de l’affichage à l’effigie des candidats constitue l’un des symboles les plus forts de cette nouvelle orientation. Dans des élections de proximité, l’image du candidat joue pourtant un rôle central. Elle humanise le message politique et facilite l’identification, notamment dans les zones rurales et périurbaines. En supprimant ce repère visuel, les partis contribuent à dépersonnaliser le choix électoral, rendant l’acte de vote moins vivant, moins incarné et donc moins mobilisateur.
Le parti prend le pas sur l’ambiance électorale
En privilégiant une communication exclusivement centrée sur le parti, l'Upr et le Br renforcent la discipline partisane mais affaiblissent l’expression populaire spontanée. Or, le caractère festif des élections n’est pas une anarchie. Il est une forme de participation citoyenne, un moyen pour les populations d’exprimer leur adhésion, leurs attentes et leur espoir. Restreindre cette dimension revient à confiner la démocratie à un cadre formel, déconnecté des réalités sociales et culturelles locales.
Une élection locale sans émotion
Le risque majeur de ces restrictions est la désaffection électorale. Des élections sans ambiance, sans musique, sans rassemblements visibles et sans interaction directe peuvent difficilement susciter l’enthousiasme, notamment chez les jeunes et les populations marginalisées. À long terme, cette approche pourrait banaliser l’acte de vote, le réduire à une simple formalité, et fragiliser la légitimité des élus locaux.
En cherchant à encadrer strictement la communication électorale, l’UPR et le BR prennent le risque d’ôter aux élections locales leur âme populaire et festive. Or, une démocratie de proximité ne peut être pleinement vivante sans chaleur humaine, sans ferveur et sans expressions collectives. Le véritable défi n’est donc pas de supprimer le caractère festif des élections, mais de l’organiser, de l’encadrer et de le rendre responsable, afin qu’il continue d’être un moteur de participation citoyenne et de vitalité démocratique au Bénin.
Barnabas OROU KOUMAN



