INTERDICTION DE CLASSEMENT DES DÉPARTEMENTS PAR ORDRE DE MÉRITE AUX EXAMENS NATIONAUX : Et pourtant, ces rangs reflètent la réalité de chaque territoire . Voici ce que le gouvernement veut cacher

9 mois ago | Written by
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Pendant que le Bénin se glorifie des rangs qu’il occupe au plan régional et international sur tel ou tel domaine, le gouvernement vient d’interdire le classement par ordre de mérite des départements aux différents examens. La décision a été prise le mercredi 19 juillet 2023 en conseil des ministres. Quelle contradiction ? Et pourtant, le rang de chaque département s’explique en fonction des réalités du milieu. Bienvenue dans la réalité des résultats de chaque département en lien avec les conditions socio-éducatives

Barnabas OROU KOUMAN BOK

Cette analyse se basera sur la moyenne des départements qui viennent le plus souvent en tête aux différents examens et ceux qui ferment pour la plupart du temps la marche.

Les premiers aux différents examens

Il s’agit souvent du Littoral, de l’Atlantique, de l’Ouémé et du Borgou. Ce qui est bien normal compte-tenu de certains facteurs. En effet, ces départements abritent les plus grandes villes du Bénin telles que Cotonou, Porto-Novo, Abomey-Calavi et Parakou. Ces villes regorgent le plus grand nombre d’écoles privées qui dispensent au mieux les programmes scolaires avec les enseignants les plus chevronnés du système éducatif du pays. En plus, dans ces départements, la plupart des parents d’élèves sont des fonctionnaires qui au surplus d’envoyer leurs enfants dans des établissements privés de référence, suivent l’évolution des enfants comme de l’huile sur le feu avec un appui permanent. Il n’est pas rare que ces enfants aient chacun, des enseignants qualifiés que mettent à leur disposition leurs établissements, des répétiteurs pour des travaux de maison. Ces enfants ne se soucient pas de quoi manger ou de quoi porter pour aller à l’école. Il n’y a que les études et la distraction dans leur tête. Ils ne se concentrent que sur leurs études. D’autres sont conduits à l’école en voiture avec des conditions d’études les plus confortables qui puissent exister. D’où le fort taux de réussite dans ces départements.

Alibori, Donga, Couffo, Atacora…

Ils sont le plus souvent les départements qui ferment la marche aux différents examens scolaires au Bénin. Et cela ne devrait étonner personne. Ce sont des départements qui abritent des localités rurales, des populations agricoles avec un taux de pauvreté très élevé. Pour ces parents paysans, l’enfant est plus utile au champ qu’à l’école. Envoyer un enfant à l’école est perçu comme une obligation et à la moindre occasion, les parents sont prêts à retirer leurs progénitures de l’école pour les travaux champêtres. Pour ces parents, il n’est pas question de solliciter les services d’un maître d’étude ou autre action au-delà de ce qu’exige l’établissement public. L’Alibori par exemple, est le premier département producteur de coton. Il serait difficile d’être premier au champ et premier à l’école. L’Atacora et la Donga sont également des départements agricoles avec beaucoup de communes rurales. Il en est de même pour les départements comme le Mono, le Plateau. Autre facteur non négligeable, il existe dans ces départements des établissements où des enseignants n’aiment pas mettre pied compte tenu de leur enclavement. De ce fait, les écoles manquent d’enseignants qualifiés tous les ans.

La responsabilité de l’État
La responsabilité de l’État n’est pas à négliger. Pendant que les grosses communes sont pourvues d’enseignants qualifiés à temps avec des conditions de travail favorables, les localités rurales sont abandonnées. Cette discrimination qu’entretient le gouvernement lui-même participe à défavoriser certaines régions. A Banikoara par exemple, plus de 50% des infrastructures éducatives notamment les salles de classe, sont construites par les parents à travers les associations de cotonculteurs. Dans la commune de Kouandé, il y a une localité située dans l’arrondissement de Guilmaro appelée zone rouge. Il arrive que des établissements n’aient que le Directeur comme seul enseignant.

Le classement des départements par ordre de mérite aux différents examens n’est que le reflet de l’école béninoise en fonction des réalités socio-éducatives. Interdire ce classement est faire preuve de myopie et d’hypocrisie. Il vaudrait mieux chercher à résoudre cette inégalité, encore qu’il serait impossible à tous les départements d’être premiers.

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