INTERDICTION DES CONTRIBUTIONS DES PARENTS DANS LES ECOLES PUBLIQUES DU BENIN : Salimane Karimou rame-t-il à contre courant ?

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INTERDICTION DES CONTRIBUTIONS DES PARENTS DANS LES ECOLES PUBLIQUES DU BENIN

Salimane Karimou rame-t-il à contre courant ?

Le gouvernement de la rupture est animé d’une grande ambition pour l’école béninoise. Mais jusqu’à présent, les ministres chargés du secteur peinent toujours à trouver le bon bout. C’est ce qui semble se dégager de certaines de leurs décisions. Ainsi, le ministre Salimane Karimou des enseignements maternel et primaire vient de prendre une note interdisant les contributions financières des parents dans les écoles publiques du Bénin. Cette décision se présente déjà comme biaisée vu les différents problèmes auxquels sont confrontées les écoles du secteur publique, et dont l’Etat n’arrive pas à faire actuellement face au grand dam des enfants et des parents que le ministre prétend protéger par la prise de cette décision.

Édouard ADODE

La gratuité des enseignements maternel et primaire surtout dans les écoles publiques est une impérative dans la lutte contre analphabétisme qui constitue un facteur du sous-développement du Bénin. Ainsi, chaque gouvernement œuvre pour la concrétisation de cet idéal qui reste de loin un souhait. C’est dans cet ordre d’idée que l’actuel ministre des enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou a, par une note de service prise la semaine écoulée, interdit aux chefs des écoles maternelles et primaires publiques, et aux Bureaux des Associations des Parents d’Elèves (Ape) d’exiger des parents d’écoliers diverses souscriptions pour subvenir à certains besoins des écoles. Cette décision du ministre est vraiment salutaire et bien conforme à l’esprit de ce principe qui veut que l’enseignement de base soit totalement gratuit au Bénin.
Cependant, à y voir de près les conditions de la prise de cette note de service, tout porte à croire que le ministre ignore tout du système éducatif dont il a la charge. Ces souscriptions qui sont exigées des parents sont pour la plupart du temps, instaurées dans les écoles pour pallier à un certain nombre de problèmes face auxquels l’Etat semble incapable de trouver des solutions dans l’immédiat. Il n’y a pas cette école maternelle ou primaire publique au Bénin qui soit par exemple dotée de toutes les infrastructures adéquates en rapport avec le flux d’apprenants qu’elle accueille. De plus, la pénurie d’enseignants dans les classes, constitue pour l’Etat central une véritable quadrature du cercle. Cette année scolaire qui a débuté il y a bientôt un trimestre, des classes sont encore sans enseignants, nonobstant les jumelages de classes qu’on observe dans les écoles. De même, des milliers d’écoliers continuent de recevoir les enseignements sous des arbres, assis à même le sol.
Face à cette situation déplorable et déplorée, il est normal que les parents d’écoliers s’organisent pour porter un coup de main à l’Etat central qui se bat comme un beau diable dans un bénitier.
Certes, ces souscriptions prennent parfois un caractère exagéré dans certaines écoles. Mais, elles constituent d’une manière ou d’une autre un palliatif pour ces maux qui ne cessent d’accroître au fil des ans. Ainsi, la décision du ministre Salimane semble se présenter comme un ramage à contre courant. Salimane Karimou semble être entrain de mettre la charrue avant les bœufs.
Cette décision serait louable, si le gouvernement résolvait au préalable ces problèmes sus énumérés. Alors, maintenant que cette décision est prise, le ministre doit se plier en quatre pour que les enfants ne se retrouvent plus dans les rues ou à la maison, ce serait à l’actif du gouvernement et notamment à l’actif du chef de l’Etat Patrice Talon qui rêve grand pour l’école béninoise.

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