OCCUPATION ANARCHIQUE DES BAS-FONDS AU BÉNIN : Les conséquences d’un acte illégal et dangereux pour l’environnement .Nécessité pour les dirigeants de sévir

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Au Bénin à l’instar des autres pays d’Afrique, les bas-fonds sont généralement des espaces exploités par des agriculteurs à cause de leur fertilité et leur adaptabilité à certaines cultures. Production du riz, maraîchage, pisciculture sont autant d’activités qui y sont menées. Mais à côté de ces pratiques agricoles pour lesquelles ils sont couramment utilisés, l’on constate que les bas-fonds qui sont des terrains meubles et imperméables sont également pris d’assaut par des populations qui y érigent des constructions. Une pratique dangereuse pour l’environnement et contraire au code foncier et domanial en République du Bénin (Rb). Il est donc nécessaire pour les dirigeants de prendre leur responsabilité en sévissant avec la dernière rigueur pour un environnement sain.

Samira ZAKARI

Infrastructures scolaires, marchandes et maisons sont autant de constructions érigées par des citoyens dans les bas-fonds qui à la base, sont réservés et appropriés aux activités maraîchères. À Parakou, troisième ville à statut particulier du Bénin, le phénomène est perceptible dans plusieurs quartiers. La zone qui attire l’attention de plus d’un dans le troisième arrondissement, est celle du quartier Zongo précisément de la place dédiée aux grandes prières musulmanes et ses environs. Ce bas-fond de son état est depuis des années habité par des populations. De même, dans l’enceinte de la grande place de prière Idi, est érigée depuis un moment une école coranique. Pourtant, les bas-fonds sont des espaces inappropriés aux constructions comme le précise le Directeur Départemental du Cadre de Vie et du Développement Durable (Ddcvdd) du Borgou et de l’Alibori Sanni Orou Pibou. « Les bas-fonds font partie des zones impropres à l’habitat. Ces zones présentent des risques pour ceux qui veulent y résider. Ce sont des zones qui n’absorbent pas l’eau donc la perméabilité n’est pas de mise », a-t-il expliqué. Ainsi, construire au niveau des bas-fonds expose les habitants à d’énormes risques sans oublier les dangers pour l’environnement. De même, les bas-fonds font partie du domaine public naturel au Bénin selon l’article 264 du code foncier et domanial. Mais le contenu de ce code est de plus en plus ignoré par des citoyens à la recherche de zone habitable.

Les conséquences sur l’environnement et la santé

Selon le Ddcvdd Sanni Orou Pibou, les habitants des bas-fonds sont exposés aux risques d’inondations liés à la non perméabilité du sol. Il poursuit, « comme risque d’habitation dans les bas-fonds, on a les risques de maladies liées à l’insalubrité, les maladies d’origine hydrique comme le paludisme ». La stagnation de l’eau dans ces zones favorise la présence des moustiques dont la piqûre est très dangereuse pour l’organisme. Considérant l’espace réservé aux grandes prières musulmanes à Zongo, c’est un véritable chemin de croix pour circuler dans la zone en période de pluie. En effet, les eaux de pluie qui quittent les zones en amont sont drainées vers les concessions et voies secondaires situées au niveau de ce bas-fond rendant ainsi la voie impraticable. Sur le plan économique, les maraîchers sont privés des atouts des bas-fonds car, ne pourront plus cultiver les cultures de contre-saison.

Par ignorance ou parfois bien conscients des textes en vigueur en matière d’habitation, des populations prennent du plaisir à construire dans les bas-fonds s’exposant ainsi aux sanctions prévues par le code foncier et domanial en République du Bénin (Rb).

Quid des sanctions

Selon l’article 513 dudit code, « toute occupation illégale du domaine public de zone impropre à l’habitation par une personne physique ou morale est munie d’une amende allant de 500 000 francs à 3 000 000 de francs Cfa ». L’article 514 précise que la complicité dans les cas énumérés ci-dessus est punie des mêmes peines. Selon l’article 515, « est passible d’une peine de deux ans à cinq ans et d’une amende de 500 000 à 3 000 000 de Fcfa ou de l’une de ces deux peines seulement, toute personne, qui, par contrainte, menace ou toute autre pression aura obligé un fonctionnaire de l’administration du domaine à lui délivrer un certificat de propriété foncière ou à agir en violation des dispositions de la présente loi ».

Que fait la Ddcvdd ?

Le Ddcvdd du Borgou-Alibori Sanni Orou Pibou précise qu’il est interdit de recaser des gens dans des bas-fonds lors des opérations de lotissement. Ainsi, la direction dont il a la charge veille au grain pour une application des textes. « Lorsque la direction départementale est informée de la présence de ces installations, elle saisit l’autorité communale pour lui notifier le danger que constitue la construction dans les bas-fonds. Il y a même des tentatives d’habitation des zones impropres à l’habitation qui ont été déclassées et il faut dire que notre direction est souvent mise à contribution lors des opérations de lotissement pour alerter lorsqu’une zone est inappropriée pour l’habitation », a souligné le Ddcvdd Sanni Orou Pibou.

Face aux cas de récidives qui s’observent de part et d’autre, Sanni Orou Pibou exhorte les acquéreurs de parcelles à éviter d’acheter les terrains dans les zones impropres à l’habitat comme les bas-fonds qui sont des propriétés de l’État pour ne pas subir la rigueur de la loi.

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