POLYGAMIE AU BENIN
Des femmes qui luttent pour avoir de coépouses
La question de la polygamie dans plusieurs sociétés africaines suscite assez d’indignation compte tenu des discours féministes qui prônent l’éradication de ce phénomène considéré comme une violation des droits de la femme. Cependant, au sein de certaines communautés du Bénin, les femmes conçoivent mal cette lutte des féministes. Ainsi, ces femmes au nom de certaines valeurs traditionnelles vivent avec bonheur la polygamie de leur mari et œuvrent avec dévouement à l’agrandissement du cercle familial par la négociation de nouveaux mariages pour leur homme. En dépit des exigences du code de la famille, cette pratique continue de plus belle dans plusieurs contrées.
Edouard ADODE
« Nul n’est heureux tout seul », a-t-on l’habitude de dire. Cette sagesse semble être le leitmotiv des actes de certaines femmes dans certains milieux ruraux du Bénin. Au moment où les femmes des villes se battent pour rester seule avec leur mari, leurs sœurs de certains milieux ruraux trouvent tout leur plaisir dans la polygamie de leur homme. Ainsi, dans ces milieux même quand l’homme hésite à s’engager avec d’autres femmes, la femme est prête à prendre le devant des choses pour partager son mari avec d’autres femmes. « Chez nous les Adja, la polygamie n’est pas un problème. Nous, nous sommes cinq femmes pour notre mari. Moi je suis la deuxième et c’est la première qui m’a courtisée pour notre mari », témoigne Adjoovi T. femme mariée vivant à Parakou. Elle justifie cet état de chose par le fait que chaque femme vient apporter une aide à l’homme. « Ce que ma coépouse a vu en moi qui l’a attiré est le fait que j’aime les travaux champêtres et je ne suis pas une paresseuse », a-t-elle laissé entendre.
Les causes de ce phénomène
Généralement, ces communautés étant originellement des sociétés vivant à l’aide des travaux champêtres, le besoin de main d’œuvre afin d’emblaver une grande superficie se fait sentir au quotidien. Alors, la solution qui s’offre à ces populations est l’agrandissement des familles par la procréation ; et une seule femme n’étant pas en mesure de combler les attentes de l’homme sur ce point, la femme adhère facilement à cette l’idée de la polygamie. Donc après des lustres, cette mentalité reste ancrée dans le comportement des femmes de ces milieux qui trouvent normal d’avoir des coépouses. Le cas de celui qu’on appelle communément ‘’Général civil Dévi’’ dans le Couffo en est une illustration parfaite. Cet homme à lui seul réunit sous un même toit des dizaines de femmes qui y vivent dans une parfaite harmonie autour du seul maître de la maison.
Egalement dans certains foyers modernes des grandes villes, certaines femmes bien civilisées encouragent leur homme à avoir une autre femme en plus d’elles pour des raisons de conception. « C’est ma femme qui a démarché pour me trouver ma deuxième femme, parce qu’après huit années de mariage, elle n’arrivait pas à concevoir malgré nos efforts par tous les moyens. C’est ainsi, un soir, elle m’a conseillé de prendre une deuxième femme en attendant que Dieu lui fasse grâce », a raconté Cossi Firmin employé de bureau dans une structure à Parakou. Il poursuit son histoire en faisant savoir, « comme je trainais les pas, mon épouse a pris le devant des choses en me poussant à sortir avec une fille du quartier qu’elle appréciait pour ses comportements. Ce qui a finalement marché. Aujourd’hui, nous vivons tous en harmonie même si parfois, il arrive des situations de mal compréhension ».
Ces cas sont d’ailleurs légions dans les villes comme dans les campagnes. Ainsi, la deuxième femme vient combler le vide d’enfant dans ces familles au départ monogamiques. Cette situation rend plus difficile le combat des féministes qui ont toutes les peines du monde pour convaincre ces femmes surtout celles rurales.
En milieu rural, cette situation semble être bénigne que dans les centres villes où plus tard, la cohabitation entre les coépouse devient pénible. Dans bien des cas, cette situation tourne en de véritables sources de tension surtout entre les enfants de ces femmes après la mort de l’homme qui aurait joui de tous les plaisir.