C’est toujours un parcours de combattant pour accéder aux soins de santé à Dékanmey, un arrondissement de la commune de Sô-Ava sur le lac Nokoué. Ne disposant pas de dispensaire, les populations sont obligées de se rendre dans les localités voisines pour soulager leur peine de santé. Le problème est encore plus délicat chez les femmes enceintes qui sont parfois obligées de donner naissance en cours de route pour l’hôpital, dans les pirogues selon une enquête de Banouto. C’est le cas de Léonie qui a donné naissance à son deuxième enfant dans une pirogue en août 2021. Pourtant, la constitution en son article 8 garantit « l’égal accès à la santé à tous les béninois ».
À Sô-Ava, d’une population de plus 118 000 habitants selon le Rgph 4, l’offre de santé reste encore faible. La commune dispose de 9 formations sanitaires réparties dans cinq arrondissements. Ainsi à Dékanmey qui ne dispose pas de centre de santé, « il est devenu compliqué pour les femmes enceintes de se rendre en consultation prénatale. Avant, on dépensait 500 Fcfa. Aujourd’hui, on peut dépenser jusqu’à 1 500 FCFA pour un aller-retour », se plaint Adeline Oké, une femme au foyer.
Les enfants sont l’autre couche très touchée par l’absence de centre de santé dans leur arrondissement. Ainsi, à cause de la distance et des ressources financières, les parents sont obligés d’utiliser les moyens du bord pour le traitement de leurs progénitures. « Les parents essaient de les soigner avec des produits achetés auprès des vendeuses de médicaments », a fait remarquer un habitant. Une pratique qui n’est pas sans impact sur la santé.
Tout devient plus compliqué en cas d’aggravation de la maladie où il faut conduire d’urgence le patient à l’hôpital. « Quand nous en avons les moyens, nous préfinançons le déplacement du patient. En pleine navigation, le moteur peut nous lâcher parfois c’est la jacinthe d’eau qui obstrue le chemin », selon Nathaniel Godonou, relai communautaire de la localité.
Le quotidien des populations de Dékanmey face à l’absence d’infrastructure sanitaire n’est comparable à aucun autre. Il faut le vivre pour savoir ce qu’il en est vraiment.
Lisez l’enquête de Banouto à travers le lien https://www.banouto.bj/article/investigation-reportage/20220223-soins-de-sante-en-milieu-lacustre-le-calvaire-des-femmes-et-enfants-a-dekanmey
Samira ZAKARI
Nb : Cet article est réalisé dans le cadre du projet “Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021 : cas de l’eau et la santé”, qui bénéficie de l’appui technique et financier de la Fondation Friedrich Ebert (FES) au Bénin et piloté par Banouto, dans un partenariat avec Matin Libre, La Météo, Daabaaru et ODD TV.
