TENUE TRADITIONNELLE TAKO : Un patrimoine identitaire de la culturel Batonnu

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TENUE TRADITIONNELLE TAKO

Un patrimoine identitaire de la culturel Batonnu

Le Tako est une tenue identitaire des Batombu. C’est un boubou spécifique des princes Wassangari. Chaque prince Wassangari exprime sa classe sociale à travers les différentes catégories de Tako qu’il peut porter. C’est-à-dire, on distingue le rang hiérarchique d’un prince à travers sa tenue Tako. Cette tenue, loin d’être un simple vêtement, constitue un véritable moyen de communication qui n’est pas toujours à la portée de toute personne extérieure la société Batombu.
Abdias SAKA (stg)

Promouvoir la culture c’est opter pour le développement, dit-on. La culture est la plus grande des richesses d’un peuple. Le Tako s’inscrit dans le patrimoine culturel des Batombu. Jacques Bagoudou anciens journaliste à la retraite sur la tenue traditionnelle Tako décrit cette tenue identitaire, « Tako fait partir des effets vestimentaires des Batombu. C’est un boubou long allant jusqu’au cheville, en manche longue au col V sans poche. Le Tako n’a pas de poche. Actuellement les gens introduisent deux poches dans la tenue Tako, c’est une faute, une destruction de la culture. Le vrai Tako n’a pas de poche. Il comporte deux fentes une avant et une derrière. Ces fentes permettent aux princes Wassangari de monter facilement sur leurs chevaux. Sa manche doit submerger les deux mains. Un Tako qui s’arrête au niveau du poigné n’est pas bien cousu. Les aisselles du Tako sont toujours ouvertes pour permettre la pénétration de l’air. Le Tako est destiné aux princes».

Il y a différentes catégories de Tako: le ‘’Tako arikira”, le ‘’Tako gonna’’, le Tako kpika et le Tako kpakpanè. Mr Jacques Bagoudou donne des détails sur la signification des différentes catégories de Tako. « Le Tako arikira est destiné aux princes ayant un grade dans l’hiérarchie des princes. Normalement le Tako arikira est proscrit aux Bariba roturiers. Ensuite, il y a le ‘’Tako gonna’’, ce qui signifie un Tako à la couleur du plumage de pintade, qui est aussi proscrit aux roturiers. Il y a également le Tako kpika c’est-à-dire le Tako blanc qui est destiné à une catégorie de prince. Par exemple les ‘’Tasu Yérima”, les ‘’Zimé Yérima”, ‘’Kora Yérima”. A partir du moment où on met ‘’Yérima” après ton petit nom, tu peux porter un Tako blanc avec un chapeau blanc. Si tu es ‘’Gobi” tu peux porter le ‘’Tako gonna”. Il y a aussi le ‘’Tako kpakpanè’’ qui signifie multi couleurs destiné aux autres princes ».
Le Tako ne se porte pas seul, il faut une petite chemise appelé ‘’dansiki’’ qu’on porte en dessous du Tako. Contrairement au Tako, dansiki à deux poches. Le dansiki est considéré comme un sous-vêtement sans manche, avec un col rond et les aisselles rondes.
Le prince quand il est nommé ‘’Yérima” ou ‘’Gobi” tant qu’il n’est pas dans sa maison, il doit porter un Tako pour sortir. C’est pour cela qu’ils ont trois ou quatre tenues. Le Tako usager est son vêtement du jour, c’est-à-dire ce qu’il a acheté il y a 5 ans. Son nouveau Tako est dans la chambre et il l’utilise pour les fêtes de gaani et autres festivités. En dansiki, c’est qu’il est dans sa maison ou dans les environs de sa maison.
Le Tako a une particularité : on ne lave pas le Tako. Il se porte occasionnellement lors des fêtes. S’il se salit, on chauffe de l’eau et on le met dans un grand récipient pour le tremper pendant deux heures au moins. On ne tord pas non plus le Tako. Quand on le sort du récipient on place une tige entre les aisselles et on le suspend tout droit. En le lavant et en le flottant on enlève l’indigo qui a servi de colorant.
La signification du chapeau dépend des régions. Dans le pays batonnu, on dit que si le chapeau est penché vers la gauche la personne est un prince du côté maternel. Et quand le chapeau est penché vers la droite, ce dernier est un prince du côté paternel. Pour d’autres quand le chapeau est penché devant cela voudra dire que l’intéressé poursuit une nomination, une distinction. Quand il est penché vers l’arrière cela signifie qu’il a atteint son objectif et demande à ceux qui le suivent de prendre exemple sur lui.
Le vrai Tako est tissé à base de fils traditionnellement extraits du coton et teintés, s’il y a lieu avec de l’indigo. Mais ces fils sont presque inexistants, puisque les vieilles qui les font meurent sans laisser de relève et les fils industriellement fabriqués ont conquis le terrain au détriment de ceux traditionnellement filés.
Le Tako est rendu possible grâce à l’ouvrage des tisserands qui tissent le pagne et envoient aux couturiers pour enfin sortir la noble tenue. Yao Dominique, tisserand depuis 1999 à Gbira confie, «Je tisse 6 mètres par jour ce qui donne 1 complet. La particularité chez nous ici est que nous tissons le pagne et nous cousons en même temps ».
Cette identité culturelle disparait de plus en plus au profit d’autres comportements vestimentaires venus d’ailleurs. Le Tako parmi tant de patrimoine culturel perd sa valeur. Il va falloir donc que les Batombu prennent conscience du danger qui guette le Tako afin de limiter les dégâts et sauver les meubles.

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Société

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