UNE VIE UN MÉTIER : Mathieu Sobabè relate les temps forts de sa carrière de magistrat

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L’injustice est un fait qu’il combattait depuis sa jeunesse. Après ses études universitaires, il passe un concours qui lui permet d’intégrer le ministère de la justice pour plus tard devenir magistrat. Un poste qui permet à Mathieu Sobabè puisque c’est de lui qu’il s’agit, de se mettre au service de sa communauté et défendre les opprimés. Pour ce numéro de la rubrique Une vie, un métier, Mathieu Sobabè parle des hauts et des bas de sa carrière.

Samira ZAKARI

Daabaaru : Dans quel secteur avez-vous servi et pourquoi ce choix de métier ?

Mathieu Sobabè : J’ai servi dans le secteur de la justice en tant que magistrat. Il faut dire que j’ai choisi ce métier par vocation. Parce que depuis tout jeune déjà, j’aimais rendre service aux autres, je combattais surtout l’injustice. Je n’aimais pas être taquiné et quand les gens autour de moi se faisaient taquiner, ça me faisait mal.

Comment avez-vous intégré ce corps de métier ?

A l’époque, quand tu finis tes études, tu es directement mis à la disposition d’un ministère qui vous recrute en fonction de votre profil. C’est comme ça j’ai été envoyé en 1983 au ministère de l’alphabétisation et de la culture populaire. Mais chemin faisant, je n’étais pas satisfait de ce que je faisais au sein de ce ministère, c’est comme ça j’ai passé en 1988-1989, le concours d’entrée à l’école de magistrature vu que j’ai fait des études de droit. Après ma formation, je suis rentré au ministère de la justice ou j’ai servi depuis 1992 à 2013. J’ai d’abord commencé par travailler au tribunal de Cotonou, ensuite conseiller technique et juridique au ministère de la fonction publique. J’ai par la suite servi comme procureur de la République au tribunal de Kandi avant d’être envoyé en 2006 à la cour d’appel de Parakou où j’ai été nommé procureur au tribunal de Parakou en 2010 jusqu’en 2013, année de ma retraite.

Quels sont les avantages de votre métier ?

L’avantage déjà c’est de se mettre au service des autres. C’est l’avantage moral que je tirais de ce métier, être utile aux autres dans la société surtout les plus faibles qui se sentaient opprimés dans la société, établir la justice quand elle est rompue quelque part. Et pour moi, c’est un avantage.

Qu’en est-il alors des inconvénients ?

La plus grande difficulté, c’est d’être incompris dans ce qu’on fait. Quand on prend par exemple une décision de justice, cela fait forcément des heureux et des malheureux. Mais quand une personne a tord et ses proches attendent que vous preniez une décision en sa faveur sachant bien qu’il a tord, forcément ils seront en désaccord avec vous, si vous ne le faites pas. Ça fait mal, mais du moment où je sais pertinemment que j’ai tranché au nom de la justice et que je n’ai rien à me reprocher, je suis quitte avec ma conscience.

Quel est le moment qui vous a marqué positivement au cours de votre carrière ?

Des moments heureux il y en a assez. Des cas où j’ai tranché une décision de justice et qu’après les gens viennent des mois ou années plus tard me féliciter pour cette décision qui a permis de rétablir l’équilibre et rendre justice à une personne. Ça fait toujours plaisir et pousse à bien faire son métier sans se laisser intimider. J’ai rencontré comme ça un jour, une personne que j’avais envoyé en prison et qui après avoir purgé sa peine, m’a rencontré en ville. Moi je ne l’ai pas reconnu, il s’est alors présenté en disant que je l’avais condamné dans tel dossier. À la fin, il me dit que ma décision était vraiment juste, il reconnaît qu’il avait tord.

Qu’en est-il des moments malheureux ?

Il m’est arrivé d’arrêter une personne qui jouissait d’une notoriété publique dans sa localité, après avoir fait abattre trois personnes qu’il pensait être des voleurs. Il les a tuées et enterrées, j’ai appris l’histoire et je l’ai fait arrêter. Il y a des gens qui sont intervenus en me demandant de poser le voile sur l’affaire, de le laisser partir à cause de son titre et tout. Mais moi, je suis resté droit dans mes bottes, je leur ai expliqué la situation afin qu’ils comprennent ce qui lui ai reproché. Finalement, ils m’ont laissé aller au bout de l’affaire. Des cas comme cela où des gens cherchent à user de leur relation ou proximité avec moi pour couvrir certaines affaires mais j’essaie de leur faire comprendre la gravité de l’acte afin qu’ils me laissent exercer mon métier.

Un message à l’endroit de la jeunesse 

J’invite les jeunes à travailler, à se concentrer sur leurs études. Étudier sans relâche avec espoir qu’on va réussir sa vie. Je constate qu’aujourd’hui, les jeunes ne veulent pas fournir d’efforts mais veulent gagner leur vie automatiquement. Quand vous constatez que vous avez des talents dans un domaine, faites les éclore. Il n’y a pas que dans les études on peut gagner sa vie. Le plus important c’est d’identifier son talent et se fixer des objectifs à atteindre.

Votre mot de la fin

Je dirai aux jeunes qui cherchent à se former de ne jamais se décourager. Le découragement est un frein à l’accomplissement de ses objectifs. Merci à vous.

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

 

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