UNE VIE UN MÉTIER : Michel Baraga revient sur les moments forts de sa carrière d’enseignant

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Celui qui retrace son parcours professionnel dans ce numéro de la rubrique Une vie un métier, a servi son pays dans le secteur de l’enseignement. Michel Chabi Baraga puisque c’est de lui qu’il s’agit, a enseigné le français et l’anglais au secondaire pendant 31 ans avant de faire valoir ses droits à la retraite. Il revient ici, sur les moments forts qui ont marqué sa carrière professionnelle. Lisez plutôt. 

Samira ZAKARI

Dans quel domaine avez-vous servi votre pays et pourquoi ce choix ?

J’ai servi le pays pendant 31 ans dont 30 ans de carrière administrative et professionnelle au secondaire et une année de mission patriotique hautement révolutionnaire au temps du Prpb en 79. Alors, j’ai choisi le secteur de l’éducation par vocation après ma mission patriotique et révolutionnaire à Fô-Bouré dans les années 1978-1979.

Comment avez-vous intégré ce corps de métier ?

J’ai passé le concours d’entrée dans les instituts universitaires de l’Université d’Abomey Calavi (Uac) auquel je suis admis. J’ai choisi donc le volet enseignement. C’est comme ça que j’ai pris fonction le 9 février 1983 au Ceg Kèrou pour mon premier poste. J’ai ensuite servi à Toucountouna, Perma, Malanville, Pèrèrè, Banikoara et Parakou.

Quels sont les avantages de votre métier ?

Oui, mon métier il faut le dire, a beaucoup d’avantages. D’abord, il n’y a pas plus grande fierté que de voir les enfants à qui on a inculqué le savoir, grandir et marcher sur nos traces. J’ai des apprenants qui sont aujourd’hui des enseignants du supérieur, des ingénieurs et autres. Et je suis content d’avoir contribué à ce qu’ils sont aujourd’hui. De même, au Ceg Kèrou où j’ai eu à faire 4 ans, j’ai connu une année de gloire. Je sortais fraîchement de l’université, j’avais beaucoup d’énergie et des techniques de communication que je tenais de mes anciens professeurs français du petit séminaire Notre Dame de Fatima de Parakou. Donc j’ai formé les apprenants en groupe d’études et sous mon impulsion, le Ceg de Kèrou qui pendant 3 ans successifs enregistrait 0% de taux de réussite au Bepc, a été cette année là, 1er des 2Kp et 4ème du Bénin. J’ai changé le visage du collège et c’était encore pareil au Ceg Toucountouna en 1986 où j’ai été affecté pour nécessités de service. Grâce à ma rigueur, les enfants ont eu l’amour des livres et ont commencé par prendre au sérieux leurs études. Je considère cela comme des avantages.

Qu’en est-il des inconvénients ?

Dans ce métier, il y a beaucoup d’inconvénients. Une certaine jalousie et la mesquinerie se cultivent et s’entretiennent. Le monde enseignant, il faut faire attention. Quand tu rends bien, lorsque tes prestations sont bonnes, il y a des gens qui s’érigent contre toi. Mais je crois que c’est inhérent à la nature humaine.

Quel a été le plus beau jour de votre carrière ? Racontez

Des moments heureux j’en ai connu assez. Par exemple quand j’ai été affecté à Toucountouna, j’avais une classe de troisième et les anciens du collège et même les apprenants me disaient qu’ici, les élèves ne réussissent pas, que c’est impossible à cause des fétiches. Mais moi, comme j’avais confiance en ce que je fais, mes enseignements et la confiance que j’avais en Jésus-Christ, j’ai foncé droit sur mes objectifs. Et figurez-vous, le Ceg Toucountouna essuyait pendant 3 ans les échecs comme Kèrou avant mon arrivée. Mais l’année où je suis arrivé, 15 sur les 25 candidats qui se sont présentés au Bepc étaient admis soit plus de la moitié et le 1er de l’Atacora-Donga était mon élève.

Moment positif, c’est lorsque j’ai été nommé directeur au Ceg Nonsina de Guinagourou. Vous imaginez, un Baraga, celui-là qui a l’amour du travail, la volonté de réussir et avec un bon principe de travail selon les uns et les autres, gérer un établissement. J’avais transformé ce Ceg comme un collège privé, j’organisais des visites de classes pour tous les professeurs de mon collège parce que quand vous êtes un bon enseignant, vous avez la pédagogie dans toutes les matières. À part le Ceg Pèrèrè dirigé à l’époque par un collègue frère, c’est mon collège qui était deuxième aux examens scolaires dans tout le centre de Nikki. Et ce qui m’a rendu encore plus heureux c’est qu’avec la première promotion des élèves de 6ème qui étaient 120 seulement, nous avons planté de l’anacarde sur 7 ha et 4 ha de manguiers greffés. Tout est là aujourd’hui au bord de la voie quand on va à Pèrèrè ou même Nikki. C’est l’héritage que je leur ai laissé.

Racontez-nous le moment qui vous a le plus marqué négativement

Moment malheureux, j’en ai connu à Guinagourou malheureusement. J’ai eu une embrouille avec l’imam de la localité. J’ai passé 11 jours sur le lit d’hôpital au Chd Parakou dont 5 jours dans le coma. En effet, Guinagourou a bénéficié d’un projet Danois, un blanc du Danemark qui a donné de l’eau courante aux populations à travers un forage. Le château d’eau a été installé au niveau de mon collège vu qu’il accueillait une grande partie de la population. Donc naturellement une borne fontaine devait être installée là. Une autre a été installée à l’école urbaine centre et trois autres à l’intérieur de la commune. Curieusement, l’imam de la localité n’a bénéficié d’aucune des bornes fontaines installées. Figurez-vous, ces bornes fontaines sont allées en direction de son Nagnimi qui était de Kouandé et qui avait sa petite mosquée devant sa maison. Pour l’imam, c’était de ma faute s’il n’a pas bénéficié de la borne fontaine. Les problèmes entre lui et moi ont commencé par là, pourtant on s’entendait bien au départ mais le diable s’est mis entre nous. La suite c’est ce que je vous ai dit, j’ai quitté Guinagourou dans un état critique.

Quel conseil avez-vous à l’endroit de la jeunesse qui veut emboîter vos pas ?

J’invite la jeunesse d’aujourd’hui à aimer le livre parce que le livre c’est quelqu’un qui vous parle, c’est quelqu’un qui vous interroge, qui cause avec vous. Lorsque vous ne semez pas des connaissances dans vos têtes, votre cerveau se trouve vide mais lorsque votre cerveau est plein, vous avez toujours quelque chose à dire. J’invite les jeunes à cultiver trois qualités notamment l’amour du travail bien fait, la volonté de réussir et un bon principe de travail. Avec ces trois qualités, ils peuvent aller loin.

Votre mot de la fin

Merci à Daabaaru pour l’occasion qu’il m’offre de me prononcer sur ma carrière.

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

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