VIE DE CONDUCTEURS DE VEHICULES ADMINISTRATIFS, : Yaya Sacca Sylla parle de sa carrière « Le Cva quel que soit son âge, il est toujours petit, il ne grandit jamais », constate l’ancien Cva

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VIE DE CONDUCTEURS DE VEHICULES ADMINISTRATIFS,

Yaya Sacca Sylla parle de sa carrière

« Le Cva quel que soit son âge, il est toujours petit, il ne grandit jamais », constate l’ancien Cva

Souvent recrutés dans les administrations publiques comme tous autres agents, les Conducteurs de Véhicules Administratif (Cva) sont des personnes détentrices d’un diplôme professionnel et dont le rôle premier est généralement d’assurer le transport des autorités des services où ils interviennent. C’est un métier qui demande assez de rigueur et de discrétion car dans l’exercice de leur métier, les Cba sont souvent appelés à supporter les caprices voire même les plus grands secrets de leurs patrons puisqu’étant toujours avec ces derniers. Ainsi, dans le département du Borgou, Yaya Sacca Sylla se présente comme l’un des plus anciens à avoir servi différentes autorités qui se sont succédé à la tête de la préfecture. Pour en savoir plus sur ce métier, il nous livre ici les temps forts de ses 39 années de service en tant que Conducteur de Véhicule Administratif (Cva). Lisez plutôt.

Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi être conducteur de véhicule administratif ?

Yaya Sacca Sylla : je ne dirai pas que j’ai choisi de faire carrière dans l’administration publique mais c’est juste une occasion qui s’est offerte à moi que j’ai su saisir. A l’époque j’étais au village avec mes parents paysans, donc je ne faisais aussi que le champ. Par la suite j’ai été appelé à choisir un métier que je devais exercer. C’est comme ça j’ai choisi le métier de conducteur de véhicule. Je suis donc venu à Parakou pour apprendre le métier pendant environ 10 ans avant de prendre mon permis. A la fin de ma formation, je me suis lancé dans la vie active moi-même et j’ai commencé d’abord en tant que chauffeur de taxi et par la suite chauffeur de véhicule personnel pendant des années.

Alors dites nous, comment avez-vous intégré l’administration publique ?

Un recrutement de Conducteur de Véhicule Administratif fut lancé par l’Etat en 1979. J’ai déposé alors la demande et les dossiers. On était une cinquantaine à être appelée après étude de dossiers pour passer le test sportif, donc la course. A l’issu de ce test je suis arrivé à bout en occupant la première place. On a, par la suite, passé le test de conduite et je me suis en sorti avec la deuxième place. C’est après ces différents tests que j’ai été engagé comme Cva.

Parlez de vos débuts dans ce nouveau monde ?

Pour mon premier poste, j’ai été envoyé à la sous-préfecture de Karimama ou j’ai conduit le sous-préfet de l’époque, Alassane Saké pendant 2ans. Mes débuts étaient très bien car je maîtrisais bien mon métier, je savais ce pour quoi j’étais là et je n’ai pas eu de grandes difficultés. J’ai par la suite été affecté à Parakou, à la mairie où j’ai fait un an avant d’être renvoyé par la suite à la préfecture de Parakou où j’ai d’ailleurs fini ma carrière en décembre 2018.

Quels sont les avantages liés à votre métier ?

Comme avantage, est-ce qu’il en avait même au début de notre carrière. A part le salaire, on ne gagnait pas grand-chose. C’est vrai qu’on bénéficiait aussi des frais de mission. Maintenant les choses ont évolué, les Cva bénéficient d’un bon traitement. Les Conducteurs de Véhicule Administratif sont plus ou moins à l’aise avec les salaires, les primes et les frais de missions qui ont été améliorés. A part ça je dirai que le chauffeur à la chance de beaucoup voyager ce qui lui permettait de connaitre plusieurs localités, c’est ça l’autre avantage de ce métier.

Qu’en-est t-il alors des difficultés ?

Les difficultés, il y a bien. Tout d’abord je dirai que le Cva quel que soit son âge il est toujours petit, il ne grandit jamais. Quel que soit ce qu’on te fait tu es obligé de supporter. Si tu as la malchance de tomber sur un patron compliqué même c’est un calvaire pour toi. Ce dernier te malmène comme il veut, et si tu es malchanceux même, tu iras jusqu’à faire le ménage chez lui. Même les choses qu’il peut faire lui-même, il t’appel pour le faire parce que tu es son chauffeur et sans jamais être reconnaissant même. A part ça, il y a les dangers de la route, on est exposé aux accidents et autres obstacles de la route.

Parlez nous des moments les plus heureux de votre carrière ?

Comme moment heureux, c’est surtout l’arrivée de Boni Yayi au pouvoir. Son arrivée a changé beaucoup de choses dans notre corporation. Nos salaires se sont améliorés, et surtout les frais de mission. A cette époque, on gagnait 20 000f par jours quand on allait à une mission alors que par le passé, les débuts on avait au plus 1000 fcfa comme frais de mission. C’est pareil pour les primes, en dehors du salaire, on gagnait 100 000 fcfa comme prime. Aussi j’ai eu la chance d’avoir de bons patrons pas trop difficiles, ce qui a fait que je n’ai pas eu trop de difficultés, chaque moment était heureux.

Qu’en est t-il des moments malheureux ?

Bon comme moment malheureux je n’en ai pas connu vraiment dans ma carrière, je n’ai pas eu d’épreuve à surmonter. Plus haut j’ai parlé de nos conditions de vie qui étaient minables. On ne nous traitait pas vraiment comme des agents de la fonction publique. Nos salaires ne permettaient pas de subvenir à nos besoins et les primes et frais de mission qui devraient nous permettre de joindre les deux bouts étaient presque insignifiants.

Alors quel message avez-vous à l’endroit des jeunes d’aujourd’hui ?

Je leur dirai tout simplement que la vie c’est la patience. Quand tu es un employé, quels que soient ton âge, ton niveau intellectuel tu seras toujours commandé par un chef qui peut être n’a pas ton niveau et si tu perds patience, tu aurais tout perdu. Peu importe là où ils sont, ce qu’ils font seul la patience pourra les faire évoluer. Aussi il faut travailler dure pour réussir sa vie car seul les forts réussissent.

Votre mot de la fin

Merci pour la considération portée en ma personne. Je suis vraiment très content pour cette occasion que vous m’avez offerte de parler de moi. Bonne chance à vous.

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Daabaaru