VIE DES MÈRES CÉLIBATAIRES AU BÉNIN : Quel avenir pour les enfants ?

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Au Bénin, il est de plus en plus constaté la naissance des familles monoparentales. Un phénomène qui est dû à plusieurs facteurs socio-économiques. Ainsi, les mères célibataires se trouvent confrontées à des difficultés de la vie qu’elles se forcent de gérer à contrecœur. Dans ce contexte, l’éducation des enfants de ces mères est en jeu. Vie des mères célibataires, quand porter jupe et pantalon devient un calvaire, les Organisations Non Gouvernementales (Ong), institutions et gouvernants doivent multiplier des actions pour la rééducation en faveur de cette couche de la société.

Wilfried AGNINNIN & Léa TAOUEMA (Stg)

Les mères célibataires sont aujourd’hui monnaie courante dans la société. Cette situation est due parfois à l’irresponsabilité des pères de ces enfants, à la cherté de la vie, aux décès des époux, à l’infidélité et bien d’autres.

Pour dame Adjima une mère célibataire rencontrée dans la ville de Parakou, sa situation remonte en classe de 5ème lorsqu’elle était sur les bancs. « J’étais en classe de 5ème lorsque accidentellement je suis tombée enceinte de mon premier enfant et ceci a fait que j’ai abandonné les bancs. Car je ne pouvais pas supporter », a-t-elle relaté. Face à l’irresponsabilité de son petit ami, elle a dû prendre ses dispositions. « Le père de l’enfant avait promis prendre en charge les besoins de son enfant. Ce qui n’a pas été respecté, et voilà que mes parents étaient déjà fâchés contre moi. J’ai dû quitter la maison pour vivre seule. En chemin, je suis encore tombée enceinte d’un autre homme qui m’a encore rejeté. Je me bats pour l’avenir de mes enfants, je fais des petits jobs du lever jusqu’au coucher du soleil chez les bonnes dames pour que mes deux enfants puissent manger et s’habiller », a-t-elle fait savoir.

De son côté, Catherine Y. enseignante dans une école primaire publique à Parakou exprime sa peine de mère célibataire. Malgré ses charges, elle s’efforce de prendre soin de ses trois enfants. « J’ai trois enfants et vraiment, il faut avouer que ce n’est pas facile pour moi lorsque la rentrée s’annonce. Car je suis à la fois le père et la mère de mes enfants. Malgré mon salaire mensuel, je n’arrive pas à vraiment répondre à tous les besoins de mes enfants. Il faut penser à quoi manger, boire, s’habiller et en plus de la contribution de chacun d’eux à l’école. Vraiment, c’est compliqué », a-t-elle confié tout en regrettant sa situation.

Cette vie qui semble être regrettable pour certaines mères, présente un autre aspect pour d’autres. Ainsi, Baké C. une autre mère célibataire résidente dans la commune de Cobly a très tôt pris ses dispositions pour assurer l’avenir de sa progéniture. À l’en croire, « Je ne me plains pas trop pour l’occupation de mes enfants car depuis leur bas âge, je fais le champ pour prendre soin d’eux jusqu’à aujourd’hui ils sont devenus des grands. Je rends grâce à Dieu ».

Pour la sociologue Ella Wama, plusieurs rasions justifient ce phénomène. «  Aujourd’hui l’amour est confondu avec la capacité et le désir de fonder une famille, et la capacité de vivre ensemble une vie. Le mariage c’est bien au-delà des saintes amourettes sans lendemain. Il y a le manque d’éducation des jeunes filles, de jeunes garçons au mariage. Et dans une société hyper sexualisée comme la nôtre aujourd’hui, dans une société primitiviste, les jeunes ont très tôt fait de poser des actes qui s’assimilent au mariage mais qui en réalité n’en ont pas les fondements, et on se retrouve avec des familles monoparentales, et de plus en plus avec des filles mères et des mères célibataires ». La sociologue évoque également comme raison, le manque de conscience suffisante de la part de certains hommes qui n’assument pas leur responsabilité, qui ne respectent pas les clauses avec leurs partenaires. Tout ceci conduit à des mères célibataires et à des familles monoparentales.

Pour l’éducation et la prise en charge des foyers monoparentaux, le ministère des affaires sociales et de la microfinance à travers les Centres de Promotion Sociale (Cps) travaille sur le terrain. Selon la responsable du Cps de Tibona à Parakou Hélène Lokonhounde Nobre, sa structure joue le rôle de médiateur pour aider les mères célibataires. « Nous aidons les mères célibataires en fonction des besoins exprimés. La mère peut contacter le Cps parce que le père ne s’occupe pas des enfants. Et c’est au Cps de contacter le père des enfants pour qu’il prenne ses responsabilités vis-à-vis de ses enfants », a-t-elle souligné.

La sociologue Ella Wama propose l’éducation sexuelle des jeunes filles et jeunes garçons pour renverser la tendance. « L’éducation, la responsabilisation et surtout l’information par rapport au dispositif juridique et pourquoi pas l’adaptation des lois relatives à la vie des familles par rapport à notre contexte sociologique. Avant de se marier, il faut s’assurer que le partenaire est aussi prêt à s’engager dans le mariage et comprendre ce qu’est le mariage, et aussi être autonome sur tous les plans avant de s’engager dans le mariage », a invité Ella Wama pour finir.

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