EDITO
Talon donne raison à Yayi !
Parmi les présidents que le Bénin a connus depuis 1990, Boni Yayi se distingue de tous par un caractère qui lui a valu toute forme de procès à la fin de ses deux mandats. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé bon nombre de béninois à ajouter foi à l’idéologie de rupture et de nouveau départ sans avoir compris grand-chose de ces concepts. Avec sa grande ambition de faire émerger le Bénin, Boni Yayi a très tôt opté pour la gouvernance avec le cœur. Cette gouvernance qui a fait de lui le chef d’Etat béninois le plus débonnaire de tous les temps. Après dix années au pouvoir, les béninois ont été lassés de cette qualité de leur président d’alors. Puisque cette attitude de l’ancien chef d’Etat a facilement dressé le lit à un laisser-aller dans la République.
Alors, depuis avril 2016, les béninois ont entamé une nouvelle marche avec un nouveau mode de gouvernance, c’est-à-dire une gouvernance qui a pour crédo le respect des lois de la République. Ce qui semble donner un sens à la rupture et au nouveau départ comme annoncé par le candidat Talon en son temps. Mais après trois ans de gestion du pouvoir, la cadence de la rupture semble changer. D’un rigorisme sans précédent, la rupture est en train de passer à une gouvernance qui laisse entrevoir des penchants du cœur contre ce qui est légal. Cette gouvernance par le cœur qu’on reprochait à Yayi refait peu à peu surface. C’est ce que traduit la dernière décision du chef de l’Etat Patrice Talon qui contre les principes qu’on lui connait, a décidé de maintenir de 5 641 agents contractuels de l’Etat frauduleusement reversés en 2008 dans leur fonction.
Par cet acte, Patrice Talon donne raison à son prédécesseur qui a compris qu’on ne peut jamais diriger un pays comme le Bénin rien que par la loi. Mais à côté de la loi, le prince doit également écouter son cœur.
Edouard ADODE
