3 ANS APRES SON ARRESTATION : «La voix du Pr Aïvo manque à notre pays», pleure Barkatou Sabi Boun

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Après les départements du centre et du nord Bénin, les membres du mouvement ”Génération Aïvo” ont procédé le 14 avril 2024, à l’installation des coordinations communales dans le département de l’Atlantique. Dans son discours, Barkatou Sabi Boun, déléguée générale de ce mouvement politique, a fait savoir que «notre pays a besoin de Joël Aïvo ; sa voix manque cruellement au débat». Elle a exhorté toutes les personnes présentes et même au-delà, à poursuivre ce que le professeur Joël Aïvo a démarré depuis des années déjà, même si ce dernier cumule près de 3 années derrière les barreaux. À l’en croire, les acquis de la démocratie doivent être restaurés. Lisez plutôt.
La Rédaction

« INSTALLATION DES COORDINATIONS DU DÉPARTEMENT DE L’ATLANTIQUE

Discours de Mme Barkatou SABI BOUN
DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE « GÉNÉRATION AÏVO »

Abomey-Calavi, le 14 avril 2024

Honorables invités en vos rangs, grades et qualités ;
Mesdames et Messieurs les membres de la Délégation nationale ;
Mesdames et Messieurs les Conseillers et Chargés de mission du Professeur Joël Aïvo ;
Mesdames et Messieurs les coordonnateurs des départements, des circonscriptions électorales et des communes ;
Mesdames et Messieurs les membres des bureaux des diverses coordinations ;
Monsieur le Président du comité d’organisation de la présente cérémonie ;
Chères militantes, chers militants de « Génération Aïvo » ;
Mesdames et messieurs, ami-e-s, sympathisants, soutiens et compagnons de longue date du Professeur Frédéric Joël Aïvo ;

Permettez-moi de commencer par vous féliciter d’être restés debout. Vous avez été menacés, intimidés, puis courtisés, vous avez parfois subi des représailles économiques, mais vous n’avez jamais renoncé à vos convictions. Vous n’avez jamais renié votre appartenance à ce courant politique, lancé depuis 2019, sous l’impulsion du Professeur Frédéric Joël Aïvo. Depuis lors, comme l’eau, ce courant politique a trouvé son chemin à travers monts et vallées, forêts et plaines, jusqu’au cœur de millions de nos compatriotes sur le territoire national comme dans la diaspora.

 

 

Avant de poursuivre mon intervention, permettez-moi de saluer la victoire de la démocratie au Sénégal, de saluer la victoire historique de Bassirou Diomaye FAYE, homme brutalisé, humilié, martyrisé mais relevé, élevé et consacré par le peuple souverain du Sénégal. L’espoir qui nous est venu du Sénégal ce 25 mars 2025 est un chemin pour tous les peuples qui se battent en Afrique pour rester maître de leur destin. Je rends hommage au peuple du Sénégal et au leadership de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye dont le courage et le sacrifice ont permis d’allumer pour le Sénégal, mais aussi pour tous les africains, la flamme de l’espoir. Ce que nous enseigne le Sénégal est chargé de symbole. Premièrement, l’Afrique retiendra qu’un peuple debout est le seul maître de son destin. Il ne connaît ni maître ni souverain plus rusé ou plus fort que lui. Deuxièmement, on retiendra que même dans les moments les plus tragiques, face à l’injustice, quand tout semble perdu, il y a toujours un chemin, une voie, une solution.

Grâce aux événements qui se sont déroulés depuis trois ans au Sénégal, l’Afrique a démontré qu’elle peut aussi donner au monde, cette image d’alternance pacifique qui voit se succéder au pouvoir des hommes que tout oppose, deux générations que tout oppose mais que l’amour du pays unit.

J’adresse en mon nom et au nom de « Génération Aïvo » nos félicitations au Président Diomaye Faye pour son élection à la tête du Sénégal. Au moment où notre continent voit revenir le spectre des régimes autoritaires, la victoire de Bassirou Diomaye Faye est une source d’espoir. La réussite du Président Faye et du Premier Ministre Ousmane Sonko à la tête du Sénégal sera aussi celle de notre génération. Leur réussite sera celle de tous ceux qui, comme nous, sont déterminés à défendre, à leurs risques et périls, les mêmes idéaux de justice, de démocratie et de progrès équitable.

Mes chers compagnons,

Beaucoup autour de vous s’intriguent de vous voir reprendre la route, ils se demandent pourquoi ? Pourquoi raviver la flamme et repartir en croisade pour les idées du Professeur Joël Aïvo alors qu’il est toujours en prison ? Pourtant les signes avant-coureurs de menace réelle sur notre vivre-ensemble, sur notre modèle politique et économique s’amoncellent et risquent de compromettre de manière irréversible l’avenir de notre nation. Comment, dans ces conditions, ne pas retrousser les manches et repartir au combat ? Quand on s’est battu comme nous l’avons fait ces huit dernières années, comment pouvons-nous croiser les bras face aux risques qui montent et aux menaces qui se précisent ?

Pour aider nos compatriotes à comprendre pourquoi nous ne renonçons à rien, pourquoi nous sommes aussi déterminés, je vais vous poser quelques questions. Mes chers compagnons, dites-moi, le Bénin est-il aujourd’hui politiquement plus apaisé qu’hier ? Non. Le Bénin est-il socialement plus juste et économiquement plus rassurant ? Non. L’avenir immédiat de notre pays vous rassure-t-il ? Non. Est-ce que nous sommes convaincus que le Bénin est rassemblé et que son peuple est uni ? Non. Enfin, avons-nous l’assurance que les échéances à venir ne seront pas sources de perturbation et d’instabilité ? Non plus. Voilà alors pourquoi le pays nous préoccupe. Voilà donc pourquoi le devoir nous appelle.

« Génération Aïvo » a toujours prôné une gouvernance apaisée qui place le citoyen au cœur de toutes les décisions de l’État. C’est ce qui fait notre identité : « Gouverner pour le peuple et dans l’intérêt supérieur de notre pays ». Mais au lieu de cela, qu’est-ce que nous observons ? Nous observons avec beaucoup d’inquiétude un sentiment d’insécurité se généraliser dans notre pays. L’insécurité, l’angoisse et la peur s’étendent à tous les domaines. Nos compatriotes ont le sentiment de n’être en sécurité nulle part, ni chez eux, ni en famille. Ils ne se sentent pas en sécurité au travail, ils ne se sentent pas en sécurité dans leurs propres affaires. Plus aucun domaine d’activité, plus aucun secteur de la vie des citoyens ne semblent échapper à l’insécurité et au risque permanent. Dans quels domaines les citoyens pensent-il avoir des droits sûrs et irrévocables ?

Mes chers compagnons, les Béninois sont persuadés que plus rien ne les protège face à l’État. Ils sont nombreux, nos compatriotes à penser qu’il n’y a plus ni loi ni juge capable de leur garantir les droits que la Constitution leur reconnaît. En affaires, dans la vie privée, dans leur patrimoine, dans leurs affaires familiales voire dans leur vie conjugale, nos compatriotes pensent que désormais l’État peut tout contre eux et qu’à tout moment, ils peuvent être dépossédés de leurs biens, de leurs droits.
« Génération Aïvo » comprend la détresse de nos compatriotes usagers de la route, victimes du zèle de certains fonctionnaires de police. Nous comprenons le ras-le-bol des agriculteurs asphyxiés par les décisions de l’État. Nous comprenons les revendications des propriétaires terriens qui se sentent spoliés par l’État au mépris des textes en vigueur. Nous comprenons tous ces citoyens lésés dans leurs droits et abandonnés par la justice qui devait les protéger contre l’arbitraire de l’Etat.

Face à l’insécurité généralisée, « Génération Aïvo » apporte son soutien à tous les citoyens victimes de ces décisions arbitraires et excessives.

Certes, nous devons revoir nos modèles de développement, nous devons trouver des solutions innovantes aux défis qui se présentent à nos économies. Mais nous ne pouvons y arriver que dans démocratie. Or, comme le rappelait un homme d’Etat, « La démocratie n’est pas le fruit du hasard. Il faut la défendre, se battre pour elle, la renforcer, la renouveler ». C’est le sens de notre combat. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous lever pour défendre notre démocratie contre toutes les attaques d’où qu’elles viennent, nous battre pour elle, la renforcer et la renouveler. Nous sommes convaincus que c’est dans la démocratie qu’on peut développer durablement notre pays.

Chers ami(e)s, chers militantes et militants

Après l’Ouémé, le Plateau, le Borgou et l’Atacora, nous voici dans l’Atlantique pour procéder à l’installation officielle des coordinations du département ainsi que celles des 5ème et 6ème circonscriptions électorales. Ce jour, choisi à dessein, est la veille du troisième et tristement célèbre anniversaire de l’arrestation du Professeur Joël Aïvo. Nous sommes donc ici pour nous rappeler le sacrifice qu’il a consenti, le prix qu’il continue de payer à cause de son amour pour notre pays et à cause de son combat pour la démocratie.

Chers amis, vous connaissez très bien le Professeur Joël Aïvo, je le sais. Mais les gens ne savent toujours pas, toutes les raisons pour lesquelles il a été injustement arrêté et mis en prison. Je vais le dire haut et fort pour que nos compatriotes n’ignorent rien des raisons pour lesquelles il a été choisi par ceux qui gouvernent notre pays pour faire la prison à notre place.

En effet, le Professeur Joël Aïvo n’était pas que candidat à l’élection présidentielle de 2021. Il n’est donc pas en prison seulement parce qu’il a été candidat. Il est vrai, parmi les candidats à la présidentielle de 2021, le Professeur Aïvo était de loin, le candidat le mieux préparé, le candidat le plus crédible, porté par une vague populaire, par un réseau de soutien qu’il a pris soin de construire au fil des années. Au bout du « dialogue itinérant », un parcours méthodiquement construit avec les Béninois, les chances de succès du candidat du FRD sont attestées par tous les observateurs. Pour autant, le professeur Joël Aïvo est d’abord et avant tout un intellectuel engagé pour son pays. Il a consacré son savoir à défendre la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et le peuple béninois.
C’est devant nous qu’il s’est opposé avec une efficacité incontestable à la révision de la constitution en 2017. C’est devant nous qu’il a pris la défense du Président Boni Yayi séquestré chez lui en violation des lois. C’est devant nous que ceux qui gouvernent notre pays ont multiplié agents de renseignement et policiers sur son chemin pour l’empêcher de poursuivre le dialogue itinérant. Les mêmes gouvernants l’ont déclaré atteint du Coronavirus pour torpiller son meeting à Porto-Novo en novembre 2020. C’est toujours devant nous que le pouvoir en place a décidé de lui planter plusieurs coups de poignard dans le dos. En 2019, il a été démis de ses fonctions de Doyen de la faculté de droit. Pour l’empêcher d’être élu à l’université, les élections ont été supprimées dans toutes les universités publiques du Bénin. Depuis 2016, le Professeur Joël Aïvo est un homme traqué par le pouvoir pour ses prises de position. Voilà mes chers compagnons, le prix que notre leader a payé. Il l’a payé non pas pour son confort personnel, mais pour préserver les acquis de la conférence nationale de 1990.
Mes cher.e.s ami.e.s, Joël Aïvo est en prison d’abord et avant tout parce qu’il représente pour des millions de Béninois, un espoir. Il est en prison parce que, face à l’arbitraire, face à l’injustice, il ne s’est pas caché derrière son statut d’universitaire et d’expert international. Au contraire, il s’est dressé au péril de sa vie, et a incarné une voix crédible. Depuis 2016, la voix du Professeur Joël Aïvo était la voix de la démocratie, celle de la conférence nationale, celle d’un peuple qui se bat pour sa démocratie.

C’est pour la crédibilité de cette voix qui retentissait, qui alertait le monde sur les dangers qui pesaient sur notre modèle démocratique, c’est pour ça que le Professeur Aïvo a été caché et que sa voix a été étouffée. Depuis trois (3) ans, les idées du Professeur Aïvo, sa pédagogie et ses propositions manquent au débat. Aujourd’hui encore, dans les temps que nous nous apprêtons à traverser, le Bénin, notre pays, a besoin de la voix du Professeur Joël Aïvo.
Permettez-moi de le redire. Le Bénin a besoin d’une personnalité aussi consensuelle et aussi constructive que le Professeur Joël Aïvo. Les Béninois peuvent en témoigner. Mes chers compagnons, cet homme, notre Président est reconnu au Bénin et à l’étranger comme un médecin de la démocratie, comme un artisan de la paix, comme un acteur politique crédible et profondément loyal. Je le répète, notre pays a besoin de Joël Aïvo ; sa voix manque cruellement au débat.

C’est pour ces raisons que je voudrais appeler le Gouvernement de notre pays à ouvrir le chantier du dialogue et de la réconciliation nationale. Quelles que soient nos divergences, quelles que soient nos oppositions, notre pays a besoin d’être rassemblé pour conjurer les risques de l’instabilité. Notre peuple aspire à l’unité et il est de la responsabilité du chef de l’Etat de réunir les conditions de l’unité et de la concorde nationale. L’unité de notre peuple et la cohésion sociale n’ont rien à voir avec la politique. Nous continuerons à nos opposer, c’est cela la démocratie, c’est cela la politique. Mais l’unité du peuple béninois, la paix et la stabilité ne doivent pas en pâtir.

C’est sur la base de cette conviction que je voudrais prier le chef de l’Etat, le Président Patrice Talon d’engager le processus de décrispation du climat politique et de travailler à l’apaisement de notre pays. Monsieur le Président de la République, il faut savoir mettre fin à une guerre.
Or celle qui vous oppose à certains de vos compatriotes dont nous-mêmes, n’est pas une guerre. C’est au contraire un combat d’idée, une bataille politique. Ce que nous enseigne l’histoire des Nations, c’est qu’il y a un temps pour se battre, un temps pour faire la paix et un temps pour avancer vers l’avenir.

Je voudrais vous inviter à expérimenter le dialogue avec vos adversaires, à libérer le Professeur Joël Aïvo, Mme Réckya Madougou, ainsi que tous les prisonniers politiques. L’élection présidentielle de 2021 est passée depuis trois (3) ans. Cette échéance est désormais derrière nous. Nous devons avoir le courage de tourner cette page et de permettre à nos frères et sœurs emprisonnés ou partis en exil de retrouver leurs familles et d’apporter au développement de notre pays, leur contribution.

C’est pourquoi à « Génération Aïvo », nous considérons la libération de tous les détenus politiques et le retour au bercail des exilés politiques, comme la priorité des priorités. C’est pour cette priorité des priorités que nous sommes prêts à tous les combats.

À vous cher Professeur Joël Aïvo, merci de continuer à rester debout, de continuer à croire en la capacité de notre pays à renaître de ses cendres, de continuer à croire à la renaissance du Bénin que nous aimons. Oui, c’est encore possible de reconstruire cette nation bénie, de briser les murs de séparation entre ses enfants et à la place, de construire des ponts. Oui cher Professeur, c’est encore possible de faire du Bénin ce que vous avez continué de défendre malgré tout : une puissance démocratique, un pays modernisé et un havre de stabilité en Afrique.

Chers membres de « Génération Aïvo », chers sœurs et frères, chers amis ici réunis, nous avions le choix : nous résigner ou prendre la responsabilité qui est la nôtre, celle de nous battre pour construire la société dans laquelle nous voulons vivre. « la meilleure façon de prédire l’avenir, disait l’autre, c’est de le créer ». En décidant de prendre notre destin en main, nous ne nous attendions pas à avoir que des amis, c’est pourquoi je veux vous exhorter à rester attentifs et vigilants. Je vous invite à sortir vos armures en attendant le combat, à ajuster votre voile en attendant le vent, à avoir la foi pendant que nous défrichons notre champ en attendant la pluie.

Chers membres de « Génération Aïvo », chers sœurs et frères, je terminerai mon propos en m’adressant à vous, membres des différentes coordinations qui venez d’être installés. Je voudrais vous féliciter pour la confiance qui a été placée en vous pour conduire cette bataille. Je vous encourage à travailler sans relâche, la main dans la main, dans la fraternité et la solidarité, afin que, dans chacun de nos villages, quartiers de ville, nos maisons, sur la terre ferme comme sur l’eau, notre message d’espoir, celui de faire renaître notre pays, soit entendu, compris et partagé.
Vive Génération AÏVO!
Vive le Bénin!
Je vous remercie.»

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