ENCADREMENT DU DROIT DE GRÈVE AU BENIN : Et puis trop d’eau a tué la grenouille

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ENCADREMENT DU DROIT DE GRÈVE AU BENIN

Et puis trop d’eau a tué la grenouille

Le vent violent des reformes souffle et renverse tout sur son chemin. Comme le candidat Patrice Talon l’avait annoncé lors des campagnes électorales, son règne est axé sur les reformes. Et déjà les élus du peuple épousent pleinement cette idée de l’exécutif. Ainsi dans cette veine, le législateur vient remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne les grèves au Bénin. Désormais, le cadre d’exercice de ce droit cher aux travailleurs est bien défini. Cette situation semble se présenter comme la résultante de l’exaspération des élus du peuple face aux grèves perlées qui ont longtemps torturé les pauvres populations qui semblent être abandonnées à leur propre sort. Si la cour constitutionnelle validait le document, les syndicalistes devront s’adapter à ce nouveau cadre sans pour autant laisser l’action syndicale être enterrée.

Édouard ADODE

L’Assemblée Nationale vient de donner un cadrage au droit de grève au Bénin. En attendant le dernier mot de la bouche de la cour de Djogbénou qui peut encore renverser la vapeur, désormais les travailleurs ne doivent observer une cessation collective de travail pour des revendications corporatistes qu’en suivant ce nouveau cadre législatif. Dix jours par an, c’est désormais la marge de manœuvre dont disposent légalement les travailleurs pour éventuellement manifester leur mécontentement par le biais de grève, s’ils l’estiment nécessaire. On passe de l’hyper-grève à la normo-grève.
Cette situation n’est que la résultante de l’exaspération des élus du peuple face aux grèves perlées qu’on note chaque année dans le rang des fonctionnaires béninois. La grenouille a toujours besoin de l’eau pour vivre. Cependant, quand l’eau devient trop, la grenouille se noie. De même, la grève est pour le syndicalisme ce qu’est l’eau pour la grenouille. Dépourvue de la grève à volonté, on se demande ce qui reste à l’action syndicale au Bénin.
Connaissant le monde du travail dans ce pays, ce monde dans lequel il faut demander beaucoup avant d’obtenir peu de la part de l’employeur qu’est l’Etat, on comprend bien les déboires des travailleurs au lendemain du vote de cette loi.
Il n’est plus question de démontrer que la grève est la meilleure des armes dont disposent les travailleurs pour vite se faire entendre. Déjà, cette loi s’annonce comme signe avant coureur des jours sombres pour le syndicalisme au Bénin.
Cependant en tout état de cause, bien que sévère, cette loi ne manque pas de pertinence. Car tous les béninois semblent avoir l’impression qu’on devient fonctionnaire au Bénin pour être d’office gréviste.
Les syndicalistes ont tué la grève par son excès !
En attendant l’avis d’un nouveau législateur sur cette question, le mouvement syndical doit être organisé autrement pour ne pas se laisser compresser ou enterrer par la machine étatique. Tout comme l’amphibien, les travailleurs doivent faire preuve d’adaptabilité à cette nouvelle loi. En temps de sécheresse la grenouille peut vivre pendant longtemps sous la terre comme morte, en attendant une nouvelle pluie pour faire entendre son coassement à nouveau.
Alors, pour l’instant les travailleurs béninois doivent boire le calice jusqu’à la lie.

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