En milieu Baatonu, plusieurs rites sont indispensables avant la consommation de la nouvelle igname. Dafia Bio Yérima, gardien du culte traditionnel de Nikki et Chef féticheur de Ouénou à Nikki parle de la portée culturelle et cultuelle de cette cérémonie. De son côté, Sa majesté Baranon Orou Douarou, roi des cultes endogènes du septentrion nous amène dans l’univers de la cérémonie “Soku diru”, qui précède toute consommation de la nouvelle igname. Chants, danses, incantations et sacrifices, découvrez tout sur une réalité traditionnelle qui résiste à la modernisation.
Wilfried AGNINNIN
Les filles et fils de Barum Tem de Nikki tiennent toujours à leur culture. En témoigne la cérémonie de consommation de la nouvelle igname le dimanche 7 janvier 2024, à Ouénou par Dafia Bio Yérima, gardien du culte traditionnel de Nikki et Chef féticheur de Ouénou à Nikki.
A en croire cet adepte des cultes endogènes, cette cérémonie remonte au temps de leurs aïeux. «Soku diru est une tradition de nos aïeux. (…) Si un Baatonu mange régulièrement l’igname pilée, il tombera jamais malade fréquemment. Avant, si tu manges la pâte du maïs, tu n’auras pas de femme, aucune femme ne voudra pas t’épouser. Nous sommes nés dans cette tradition et c’est ça qui nous sauve. Que personne ne laisse pas sa culture pour s’attacher à la culture d’autrui, nous devons chercher à connaître nos origines. (…)», a-t-il fait savoir. Il n’a pas manqué de remercier tous les dignitaires qui ont effectué le déplacement pour soutenir cet événement.
Univers de la cérémonie “Soku diru”
C’est tout un sacrifice et rituel qui précèdent la consommation de la nouvelle igname. Chants, danses, incantations, au rythme des tambours de la tradition sont au rendez-vous de cette célébration. Pour Sa majesté Baranon Orou Douarou, roi des cultes endogènes du septentrion, cette cérémonie permet à l’heureux du jour de manifester sa joie envers ses dieux pour le souffle de vie. Il a souligné qu’un processus doit être suivi avant la consommation de la nouvelle igname. «D’abord, il faut commencer par remercier les divinités d’avoir donné la vie et la santé à l’heureux du jour jusqu’à ce qu’il vienne trouver l’igname. Il faut ensuite chercher l’igname et venir le présenter aux divinités. Après avoir présenté aux divinités, il faut lui permettre de toucher l’igname. L’igname sera par la suite pelée, mise dans la marmite pour cuisson. La cuisson doit se faire selon la tradition», a expliqué Sa majesté Baranon Orou Douarou. L’igname pilée est servie aux divinités puis à l’heureux du jour avant que tous les autres adeptes ne mangent.
