APRES 33 ANS PASSE A LA SOBEBRA : Médéwa Gado retrace son parcours professionnel

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APRES 33 ANS PASSE A LA SOBEBRA

Médéwa Gado retrace son parcours professionnel

Depuis la période coloniale, le Bénin a connu la création de grandes industries qui ont favorisé le rehaussement de son tissu économique. Au nombre de celles-ci figure la Société Béninoise de Brasserie l’ex Sobrado qui continue toujours de s’imposer dans le pays grâce à la production de boisson de bonne qualité très prisée par les béninois. Et pour assurer la production de cette denrée qui réunit hommes, femmes, jeunes et vieux, dans les débits de boisson, il faut des hommes compétents et à la hauteur de ce travail. Pour mieux s’enquérir des réalités de cette maison, votre journal est allé à la rencontre de Médéwa Gado, ancien agent de la Sobébra qui livre ici quelques temps forts de son séjour dans cette industrie. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI

Daabaaru : Comment est-ce que vous vous êtes retrouvé à la Sobebra?

Médéwa Gado : C’est l’œuvre du hasard hein, je ne me suis jamais imaginé dans un service pareil car ça n’a jamais été ma passion. Ce que je voulais, c’était plutôt être un infirmier d’Etat. En son temps j’ai passé quand même plusieurs concours dont celui de la Béninoise. Mais comme vous le savez dans notre pays nous sommes ce que nous sommes, je n’ai pas pu obtenir ce que je voulais et parmi tous les concours auxquels j’ai pris part, c’est la porte de la Sobébra qui s’est ouverte à moi. Etant aussi à la recherche d’un job, je n’ai pas eu autre choix que de me présenter à l’appel de ce service. C’était en 1982, après l’étape de la formation qui a duré 3 mois, j’ai pris service en février 1982 en tant que chef service personnel à Parakou.

Dites-nous comment était le début de votre carrière dans ce service ?

C’est vrai que ce n’était pas aussi facile au début. Je faisais partie des plus jeunes recrutés dans cette maison et déjà j’étais à la tête de tout un personnel alors que c’était ma toute première expérience. Donc vous vous imaginez comment c’était, mais avec l’aide de Dieu j’ai pu gérer.

Quels sont les avantages liés à votre métier ?

Parlant des avantages, je dirai que j’ai eu à servir dans presque tous les compartiments de cette maison, je ne suis pas seulement resté dans l’administration donc je maîtrise tout ce qui se fait là. Aussi comme tout autre travailleur dans un secteur, on jouit des avantages en tant que fonctionnaire. Aussi nous, on arrivait à se faire des relations, car on est en contacte avec les travailleurs d’autres administrations, donc ça fait un plus.

Dites nous, est-ce que ce travail ne compromettait pas votre religion, étant fidèle de la religion musulmane qui interdit tout ce qui est alcool 

Oui vous avez raison, mais je dirai que tout est question d’éducation et surtout de foi. Car nous étions plusieurs musulmans à travailler dans cette maison mais cela ne nous empêchait pas de pratiquer notre religion, la preuve est que je travaillais là mais à chaque fois que l’heure de prière sonnait on s’organisait toujours avec mes collègues pour aller accomplir ce devoir là. Et ce qui est aussi des autres piliers de l’Islam on essayait toujours de se conformer à cette exigence. Aussi dans mon cas je dis souvent que c’est Dieu même qui a voulu que j’intervienne dans ce domaine car je n’ai jamais souhaité me retrouver dans un tel service mais c’est l’œuvre de Dieu.

Alors parlez-nous des difficultés du métier

Bon les difficultés, elles sont énormes et c’est surtout au niveau de l’usine. Les accidents de travail surviennent toujours, c’est à l’usine que se passe le vrai travail, les bouteilles et autres outils sensibles sont utilisés et peuvent blesser facilement encore qu’en notre temps la plupart du travail se faisait manuellement puisqu’on n’avait pas tout les matériels adéquats de travail, c’est avec le temps les choses se sont améliorées. J’ai été d’ailleurs victime d’un cas pareil ou des casiers se sont renversés sur moi du camion où ils étaient chargés dans l’exécution d’un travail qui n’était même pas de mon domaine d’intervention. J’ai eu de problème au crâne et j’ai eu droit à quatre sutures à la tête pour aller mieux. Aussi avec le bruit qui se produit dans l’usine, on peut facilement se retrouver du jour au lendemain sourd. Plusieurs risques sont à noter quand même car on était aussi victime de régionalisme en son temps.

Contez-nous le jour le plus heureux de votre carrière

C’est le jour où j’ai déposé la demande pour ma retraite par anticipation au niveau de mes chefs hiérarchiques et cela a été accepté. J’étais vraiment au bout à cause de ce qu’on nous faisait subir là-bas, ce n’est pas tout le monde qui supportait. Tu occupes un poste mais tu n’avais même pas la possibilité de jouir de tous les avantages de ce poste là. Il y a des gens qui n’étaient même pas à ton niveau mais qui bénéficiait mieux que toi. Les gens étaient ciblés et on cherche du coup à te ramener en bas.

Et qu’en est-t-il du jour malheureux ?

C’est surtout le jour où j’ai été accusé pour quelque chose que je n’ai pas commis. Je servais en ce moment au magasin central en tant que responsable de plein. On a reçu un jour un chargement des casiers de boisson depuis Cotonou. A Parakou, je devais faire à mon niveau le point du nombre de casier qui me sont parvenus et au comptage j’ai constaté qu’il y a eu manque de 13 casiers. J’ai donc demandé d’explication au chauffeur qui a assuré le transport de Cotonou et ce dernier a cherché des arguments peu convaincants pour me dissuader qu’il a été victime de vol sur le chemin. J’ai fait le point de ce qui était là et j’ai notifié cela au niveau du bordereau et de mes chefs ce qui me désengageait. Mais ce même chauffeur a commis encore le même forfait un jour et là, c’était même une dix tonnes entière qui a disparu. Les patrons m’ont donc interpellé depuis Cotonou et ont demandé à ce que je fasse le point des bordereaux qui sont à mon niveau. C’est ce qui a été fait mais je ne sais pas comment est-ce qu’ils ont menés leurs enquêtes mais ils m’ont fait savoir que j’étais en complicité avec ce chauffeur dans le détournement et j’ai eu à en payer les frais. On m’a donné 10 jours de mise à pied ce qui m’a déstabilisé pendant près de 3 ans. J’ai eu des défalcations sur salaire, mon casier judiciaire a été sali pour quelque chose que je n’ai pas vraiment fait. Vraiment cette situation m’a beaucoup marqué et n’eut été l’intervention des camarades et syndicats qui témoignaient de mon honnêteté j’aurais été même licencié pendant cette période.

Servir dans une entreprise de production de boisson pendant 33 ans, ne vous a-t-il pas rendu accro de ce liquide ?

Je dirai que tout est une question de mentalité, et de perception de la chose. Je connais des gens qui leur travail les obligeait à gouter toujours la boisson qui est produite avant son conditionnement. Vous allez peut être me dire que ces derniers sont devenus des soulards mais ce n’est pas du tout le cas. C’est pour dire que le fait de travailler à la Béninoise ne m’a pas du tout rendu dépendant de la boisson, il arrive que quelques fois pendant les sorties avec les amis j’en prenne comme tous le monde, mais pas au point de me saouler la gueule. Cela n’a pas du tout eu d’impact négatif sur moi.

Un message à l’endroit des jeunes qui veulent emboiter vos pas 

Aux jeunes, je leur conseille surtout de chercher à travailler pour leur propre compte, c’est mieux. Et à ceux qui voudront être employé par quelqu’un d’autre je leur dirai d’être honnête dans tout ce qu’ils feront et aussi de bien faire leur job et d’avoir beaucoup de patience car la patience, c’est difficile mais ça paye toujours.

Votre mot de la fin ?

Comme mot de la fin je tiens surtout à vous remercier, et plein succès à votre journal.

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