APRÈS AVOIR FAIT L’OPTION DU HASARD DANS LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNES : La réforme du secteur de la décentralisation en panne  . Les conséquences néfastes d’un forcing

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Nous l’avons décrié haut et fort dans cette même tribune, la réforme structurelle du secteur de la décentralisation telle que mise en œuvre ne marchera pas. Pour nous en convaincre et convaincre l’exécutif, nous avons effectué à nos frais, une tournée nationale au cours de laquelle nous avons échangé avec les acteurs clés de la réforme après un an de mise en œuvre. Les résultats de cette consultation ont confirmé notre hypothèse selon laquelle, un vrai développement ne peut se reposer sur un choix au hasard des acteurs. Il n’est également pas possible de balayer du revers de la main l’existant pour prétendre inventer la roue. Deux ans après, tous les indicateurs semblent nous donner raison. Le gouvernement de la rupture qui a l’habitude de foncer tête baissée, s’il a encore l’honnêteté de reconnaître son échec, l’apprendra à ses dépens.

La réforme du secteur de la décentralisation tant chantée est un échec. Et c’est perceptible sur plusieurs plans. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement face à des acteurs résignés qui ayant peur de la chicotte ont accepté en commun accord de se prêter au jeu et de conduire le nouveau-né dans une mort lente mais certaine. C’est à cela que nous assistons dans cette réforme. À part quelques nouveaux cadres, aucun acteur du secteur de la décentralisation, n’a jamais accepté cette réforme en vrai. A commencer par les maires. D’ailleurs cela été clair et le Chef de l’Etat ne leur a pas laissé le choix dans la salle rouge du palais des congrès où un maire courageux a osé lancer “laissez-nous notre budget”. Moins de deux ans après la mise en œuvre de cette réforme les résultats sont là.

Cohésion au sein des administrations communales

Une bonne ambiance ne saurait exister dans une administration où l’on parachute de nouveaux agents, très souvent sans expérience professionnelle pour venir remplacer d’anciens cadres plus expérimentés, originaires de la localité mais moins payés. L’échec de la réforme a pris corps à partir de ce moment. Les anciens cadres sans le dire à haute voix se sont préparés à rendre le séjour de leurs nouveaux patrons très désagréables dans les mairies. Il fallait à tout prix leur démontrer qu’ils ne maîtrisent et ne maîtriseront rien. Ainsi, au lieu d’être des collaborateurs qui accompagnent leurs chefs, ils sont des éléments perturbateurs du processus de mise en œuvre de la réforme. Une ambiance de colère, de jalousie, de “fais on va voir” est de mise dans les administrations communales depuis mars 2021. Malgré leur forte volonté, des Secrétaires Exécutifs (S.e) ne parviennent pas encore à lier les deux bouts.

Les maires, de vrais “hypocrites”

Les maires ayant accepté malgré eux la réforme, se trouvent face à un mariage africain où ils sont chef de famille mais c’est la femme qui gère la maison. Le béninois, n’est pas encore parvenu à cette maturité. Les maires se sentent humiliés, impuissants. Des secrétaires exécutifs qui sont aussi arrivés avec la posture de “Chef de l’administration communale” n’ont pas aidé les maires à jouer franc jeu avec eux. Les maires regardent alors les Secrétaires Exécutifs faire tout en les attendant au Conseil de Supervision (Cs). Ils se contentent de leurs nouveaux véhicules, leurs salaires à 7 ou 6 chiffres selon le statut de leur commune et attendent impatiemment l’échec de la réforme pour reprendre les commandes.

Baisse de performance des administrations communales 

C’est clair que lorsque les cadres qui maîtrisent mieux les collectivités locales sont légués au second rang pour hisser de nouvelles personnes n’ayant aucune expérience, l’administration tourne au ralenti, les choses sont mal faites. Le maire, son conseil communal avec l’aide des anciens cadres inhibent la mobilisation des ressources soit par leur inaction ou en œuvrant pour l’échec du Secrétaire Exécutif. Bref tout est mis en œuvre pour montrer au Chef de l’État que la réforme n’est pas bien pensée, qu’elle ne peut aboutir et les acteurs sont en train d’y arriver. Si les secrétaires exécutifs ne succombent pas aux pressions voilées des maires, des fils du territoire et anciens cadres, les manœuvres les plus sordides, les pièges ou leur mauvais rendement les pousseront à la démission. Et c’est à cela que nous assistons et ce n’est que le début du cuisant échec de cette réforme.

Sans vouloir être un oiseau de mauvais augure, cette réforme n’aboutira pas et ça nous l’avons vu depuis le début de la mise en œuvre et nous l’avons clairement affiché. Mais hélas, qui sommes-nous pour dire que le prince se trompe ? Wait and see donc.

Barnabas OROU KOUMAN BOK

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