CÉLÉBRATION DE LA GAANI AU BÉNIN : Au cœur de la première et authentique fête traditionnelle du Bénin . Sa majesté Sinadounwirou dit tout sur les Wassangari, le Sonnirou et la Kayessi

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 La #Gaani, fête identitaire des communautés #Baatonu et #Boo du Bénin est célébrée chaque année dans l’Empire de Nikki. Sa commémoration coïncide avec le jour de la fête de Maouloud, désigné comme le jour de naissance du Prophète Mahomet chez les musulmans. Ainsi, à cette occasion, toutes les têtes couronnées de l’Empire de #Nikki viennent faire allégeance à son Altesse l’Empereur de Nikki afin de lui témoigner leur appartenance à l’Empire. La célébration est faite de rituels, prières et animations diverses à travers la ville. D’où vient l’appellation Gaani ? Comment est-elle célébrée ? Qui sont les Wassangari, occupants du trône de Nikki ? Que retenir du Sonnirou et de la Kayessi ? Quelles sont les étapes du parcours rituel de l’Empereur ? Votre quotidien est allé à la rencontre du Premier Ministre de son Altesse, l’Empereur de Nikki, #Sinandounwirou. Il fait ici l’historique de la célébration de la Gaani à travers les réponses aux questions posées ci-dessus.

Wahabou ISSIFOU

Le mot Gaani n’est pas Baatonu, il est arrivé avec l’avènement des #Wassangari, selon le premier ministre Sinandounwirou. «En pays Haoussa, ils ont la Gaani. C’est à l’occasion de la Gaani que toute la chefferie traditionnelle dirigée par un grand Roi se retrouve pour que ses Chefs Traditionnels réaffirment leur appartenance à ce Grand Roi. C’est ce qui se fait à Nikki également. C’est en ce moment que l’Empire de Nikki reçoit toutes les têtes couronnées à la Cour Impériale, pour venir faire allégeance à l’Empereur», a-t-il évoqué en précisant que l’Empereur ne fait allégeance à personne. «Dès que tous ceux là viennent, l’Empereur est fier. Ce qui veut dire que son peuple est d’accord avec son règne», a ajouté Sinandounwirou.

Des cavaliers lors de la Gaani

Les Wassangari et leur parcours

L’Empire de Nikki est composé de deux peuples selon le Premier ministre. « Le premier peuple, ce sont les autochtones. Ces autochtones, ce sont les Baatombu, qui occupent tout ce territoire dont l’Empereur est le patron aujourd’hui», a-t-il fait savoir. A l’en croire, c’est vers les années 1480 qu’un peuple est arrivé à Nikki. «Selon nos recherches avec certains historiens du Nigéria, le peuple qui a refusé de prier avec le prophète Mahomet, qu’on a chassé de la #Mecque, qui est venu en Ethiopie, dans les régions de l’Egypte et le Tchad, mais qui s’est basé beaucoup plus au Mali, où ils ont créé un grand Empire», s’est-il expliqué en précisant qu’au fil du temps ce peuple a eu son Empereur. « S’il (l’Empereur Ndlr) ne meurt pas, on ne change par de Roi. Donc, les Princes sont devenus très grands. Ils veulent commander. Vont-ils attendre la mort de celui qui est au trône ? C’est là qu’ils ont pris leur caravane pour aller chercher des terres, terres promises en quelque sorte », a-t-il poursuivi. « C’est ainsi qu’ils sont venus au Nord du Nigéria en pays #Haoussa. Ils ont trouvé un peuple. Ils se sont adaptés à la culture de ce peuple et ont appris à parler le Haoussa. Se déplaçant sans femmes, c’est là qu’ils ont trouvé refuge et ont fondé leurs familles. Les enfants ont appris le Haoussa. Ils ont donc décidé de former un royaume pour commander tout le peuple qui parle Haoussa. Ainsi, un Roi aventurier a été installé, les autres postes, ce sont les autochtones qui les ont occupés. Et ça s’est passé comme cela pendant des années. Après, les Princes sont devenus encore très nombreux. Tous ne peuvent pas attendre le pouvoir. C’est ainsi qu’ils sont partis encore chercher d’autres terres. Et là-bas, c’est à Boussa qu’ils sont arrivés. Malheureusement, ce sont plusieurs langues qui se parlent à Boussa (Nigéria). Cela a été difficile pour eux de fonder leur royaume après de longues années », a narré le Premier ministre. Selon ses explications, ils ont encore préféré aller chercher ailleurs. De Boussa, ils ont longé la frontière Bénin-Nigéria, « il y avait le peuple Boo dans la zone. Chez eux là-bas, on les appelle Boko Baru. C’est ici (Bénin) on dit Boo». Arrivés dans la zone de Babana, plus au Nord du Nigéria, ils se sont divisés selon le Premier ministre. «Il y a une partie qui a préféré entrer dans le Bénin, dans la zone de Ségbana. La seconde partie a préféré remonter au Nord du Nigéria. Vers là-bas, c’est la localité de Ilo. Ce sont les Haoussa, Dendi, les Djerma qui vivent là-bas », a-t-il indiqué. Ceux qui sont venus au Bénin, ont continué par descendre vers le Sud. Ils ont vécu dans la zone de Kalalé où la langue parlée était le Boo. «Durant plusieurs années, les Boo n’ont pas eu confiance en ce peuple. Les Boo ne se sont pas franchement donnés à ce peuple. Ils se sont mariés et ont fait des enfants. Mais pour la fondation d’un royaume, la collaboration n’a pas été », a-t-il confié. Il poursuit, « c’est de là qu’ils ont appris qu’il y a un peuple en descendant plus au Sud appelé Baatonu. Les gens ont dit que ce sont des grands guerriers, grands chasseurs. Donc il faut qu’ils arrivent vers ce peuple. Et c’est vers 1480 qu’ils sont arrivés dans la zone. Ils sont rentrés par Sakabansi, un village de Nikki ». A #Sakabansi, ce sont les ancêtres des actuels Sinandounwirou qui sont les maîtres de terre. Selon le premier ministre Sinandounwirou, ce peuple venu de Boussa avait à sa tête un patriarche, qui n’avait plus de force pour gouverner. Il a donc voulu que ce soit son fils Séidou qui soit installé après leur entente avec les autochtones. C’est ainsi qu’ils seront amenés dans la zone de Ouénou, plus précisément à Guessou Wèrè. Ils seront bien reçus et installés. Étant chasseurs aussi, ils ont eu le temps de rencontrer plusieurs clans des Baatombu. Ils se rendront donc compte que tous parlent le Bariba, a indiqué le Premier Ministre. Ils vont ensuite se retirer de Guessou Wèrè pour venir à #Ouénou. « Chaque jour, nos ancêtres allaient là-bas pour causer. C’est ainsi qu’ils se sont entendus pour fonder le royaume. Certains clans ont refusé. Nos ancêtres ont dit, c’est normal, il faut les laisser. Ce sont eux qui viennent de loin, ils ont vu comment cela se passe ailleurs, laissons les ce pouvoir. Et le pouvoir, qu’est-ce qu’ils veulent ? L’honneur. Ils sont là, on viendra se coucher pour les saluer, c’est ce qu’ils veulent. Nous, le pouvoir spirituel qu’on a, on conserve. Nos lieux de cultes, nos fétiches, nos cours d’eaux, tout ceci nous appartient, donc gardons ça», a-t-il narré. C’est ainsi que le peuple venu d’ailleurs a été convaincu. Le pouvoir est donné à Seidou à qui, «on a donné le nom de Sounon Séro, premier Empereur de l’Empire de Nikki».

L’Empereur

Les étapes de la célébration de la Gaani

La Gaani est célébrée pendant la fête de Maouloud, jour commémorant la naissance du Prophète #Mahomet chez les musulmans. C’est à cette occasion que toutes les têtes couronnées de l’empire viennent faire allégeance à son Empereur afin de lui témoigner encore son soutien. La célébration de la Gaani se fait en deux étapes, le Sonnirou (célébration de la fête en Baatonu) et la Kayessi (un mot Sonraï proche du Dendi, qui signifie ” ça fait à l’année prochaine”). « Il faut annoncer au peuple que la Gaani est arrivée. La veille de Sonnirou, on sort les Tambours Sacrés du Palais. On joue les tam-tams et les trompettes. A l’ancien temps, dès que ces tambours sont joués, leurs résonances vont très loin. C’est ainsi que tout le monde est averti. Donc la sortie des tambours, c’est pour annoncer le Sonnirou», a fait savoir le Premier Ministre de l’Empereur de Nikki, Sinandounwirou. Le jour du Sonnirou, dans l’après midi, c’est le parcours rituel de l’Empereur. « En premier, c’est Sinandounwirou qui va devant le Palais avec des Griots, et envoie à l’intérieur dire à l’Empereur qu’il est l’heure pour le parcours rituel. Les autres cavaliers sont derrière nous, eux, ils attendent. C’est dès qu’il sort du Palais avec son Cheval, avec son parasol, que Griots et trompettes l’accueillent. Après, il prend le devant et c’est le départ », a-t-il précisé.

Les tambours sacrés

Première étape

Arrêt devant l’Imam de Nikki. Pour quelle raison ? « A un moment donné, la succession au trône était devenue compliquée. Les Wassangari ont fait beaucoup d’enfants. Le fis de Sounon Séro, Simé Dobidia, a fait beaucoup d’enfants au point où il ne pouvait pas les reconnaître tous. Après sa mort, plusieurs de ses fils voulaient le trône. Ils ont ainsi commencé à s’entretuer. Des Princes ont fui Nikki. Chacun est rentré dans le village de sa mère. D’autres sont allés même dire qu’ils sont rois de Nikki, mais qu’ils résident chez leur mère. C’est ainsi que Nikki s’est éclatée. Des années plus tard, c’est un Prince qui a dit qu’il faut reconstruire Nikki. Il a vu cet Alfa, un Peulh du Niger. Ce dernier lui a dit de se tenir prêt, qu’il deviendra Roi à Nikki», a expliqué le Premier Ministre. Après donc les manèges spirituels, les propos de l’Alfa furent confirmés avec le retour de ce Prince à Nikki, suivi de l’Alfa. Progressivement, Nikki sera repeuplé. C’est après l’installation du Roi que l’Alfa s’est installé au quartier Maro. Il a été un soutien spirituel pour le Roi. Voilà pourquoi pendant le parcours rituel, l’Empereur fait sa première escale chez l’Imam pour recevoir ses prières. L’Imam prie également pour le bon déroulement des festivités.

Deuxième étape (Tem Yankou Bakaru)

La deuxième escale est là où la grande prière se fait. « Entre temps, c’est là où ils font la prière avant d’aller à la guerre», a dit le Premier Ministre.

Troisième étape (Dakiru)

C’est l’endroit où l’Empereur Sero Bètètè et sa soeur sont rentrés sous terre, selon le premier ministre. L’Empereur s’arrête à cet endroit pour prier leurs esprits afin que tout se passe bien.

Quatrième étape (Ban Tiaru)

C’est la tombe de Farou Yérima (un Prince héritier) qui s’y trouve. Farou Yérima était un Prince héritier qui avait quitté le royaume pour se rendre à Kérou sous les ordres de l’Empereur afin d’aller combattre un Gourmantché. Une mission qu’il a accomplie avec succès, car le Gourmantché est mort. Mais, vu que ce dernier était un richissime homme, ses biens devraient être envoyés à Nikki. Chose que le Prince n’a pas fait. Il a préféré garder les biens pour lui, au lieu de rendre compte. Des années plus tard, il rendra l’âme. Kérou connaîtra un deuxième Roi. Après la disparition de ce dernier, un troisième viendra, mais ayant constaté que la richesse amassée par son aîné est finie, il va décider de rentrer à Nikki pour prendre le trône. Ce qui n’a pas été possible, car maudit, il rendra l’âme. C’est sur sa tombe que l’Empereur prie à cette étape.

Cinquième étape (Palais musée de Danri)

C’est là où la Dynastie Lafiarou avait son Palais. Avant le rappel à Dieu de l’Empereur Sabi Na Yina 3 de la Dynastie Lafiarou, le dernier règne remonte entre les années 1952 à 1957. Après cette année, comme ils n’ont plus de roi, le palais est resté comme cela. Le gouvernement a donc décidé qu’il soit transformé en musée. Les ancêtres sont enterrés là, donc, l’Empereur fait un arrêt pour prier.

Sixième étape

C’est le retour de l’Empereur au Palais. Il passe devant les tambours sacrés, qui résonnent.

Septième étape

L’Empereur retourne ensuite sur la tombe de cet Empereur (Kpégourou Kaba Wouko) qui est venu faire renaître Nikki. A ce niveau également, ce sont les prières pour la paix et la cohésion durant son règne. Enfin, retour à la cour sous le son des tambours et trompettes. Après sa toilette rituelle, il entre dans son palais.

Le Premier Ministre Sinandounwirou sera également accompagné par les Griots à son Palais. Il revient ensuite au Palais pour le passage devant les tambours sacrés des Princes, des Frères de l’Empereur, La Reine Mère (Gnon Kogui). Et fin du Sonnirou. Pendant ce temps, la ville est animée à travers des manifestations diverses.

L’allégeance à l’Empereur

La Kayessi

La Kayessi vient au lendemain du Sonnirou. Avec les louanges des Griots, les Rois passent devant le trône afin de faire allégeance à l’Empereur. C’est le Premier Ministre et ses compagnons qui ouvrent le bal de ce cérémonial. Ensuite, les Frères de l’Empereur. Ce sont les Princes qui ferment cette étape. Il faut préciser que les Princes sont classés en deux générations, les Kpaï et les Ouré, génération des pères et la génération des fils. Ils passent selon la génération qui est considérée comme celle la plus âgée. Cela peut donc être les Kpaï comme les Ouré.

Les femmes accompagnées des Griots viennent ensuite devant la case ronde pour danser pour l’Empereur. Cette danse est appelée, selon le premier ministre Sinandounwirou, Kékéré Kassoura. «Après ça, l’Imam vient prier pour son Empereur afin de le remercier et lui dire la Kayessi (ça fait à l’année prochaine). Dès qu’il se lève, à la suite du Sinandounwirou, la case ronde se referme. La fête est ainsi terminée. Cependant, les animations diverses se poursuivent dans la ville. L’Empereur peut également profiter de ces occasions pour se faire encore d’autres épouses.

Voilà ce qu’il faut retenir de la célébration de la Gaani par les communautés Baatombu et Boo. Les prochaines publications reviendront sur le rôle de la Reine Mère (Gnon Kogui) et de la composition des membres de la Cour Impériale de Nikki.

Crédit photos : Cesar GABA Culture

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