Le Programme National de Lutte contre le Paludisme (Pnlp) et l’organisation médicale et humanitaire internationale Médecins Sans Frontières ont célébré la Journée Mondiale de Lutte Contre le Paludisme (Jmp), le vendredi 25 avril 2025, à la maison des jeunes de la commune de Cobly dans le département de l’Atacora. À cette occasion, les organisateurs et autorités à divers niveaux ont sensibilisé les populations massivement mobilisées sur les moyens de prévention du paludisme. Médecins Sans Frontières a également profité de l’évènement pour présenter les réalisations accomplies et celles en cours dans les Centres de Santé (Cs) de Tanguiéta, Matéri et Cobly depuis octobre 2023.
Wilfried AGNINNIN
Dans l’Atacora, le paludisme reste endémique et demeure la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Cette maladie est également une cause majeure de morbidité et de mortalité dans la population. Pour inverser la tendance, Médecins Sans Frontières intervient depuis octobre 2023 dans la zone sanitaire Tanguiéta, Matéri et Cobly (Tmc), notamment à Dassari, et depuis octobre 2024 à Matéri, Cobly et au dispensaire isolé de Pétinga afin d’offrir des soins gratuits aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 5 ans. La célébration de la Jmp à Cobly s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Le thème retenu cette année était : «Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme».
Selon Songoufolo Tuo, Coordinateur de Projet Msf dans l’Atacora,«le paludisme est certes une maladie grave, mais elle peut être prévenue, soignée et guérie. ». Il a ainsi invité les populations à respecter les consignes données par le personnel de santé et les relais communautaires. «Cette journée est l’occasion de rappeler la nécessité d’un engagement politique et scientifique durable en faveur de la prévention et de la lutte contre le paludisme», a-t-il ajouté. Il a également souligné l’engagement de Médecins Sans Frontières dans la préparation et la réponse aux urgences médicale et humanitaire aux côtés de la direction départementale de la santé de l’Atacora.
Dans leurs interventions, Dr Doumitou Moutouama, Directeur Départemental de la Santé (Dds) de l’Atacora et Dr Mohamed Bawa Cissé, Représentant le préfet de l’Atacora ont salué les actions de Médecins Sans Frontières et insisté sur l’importance du thème de cette année. Selon eux, chaque acteur doit s’investir pleinement pour éradiquer le paludisme d’ici 2030. «Au nom du préfet de l’Atacora, je vous réitère notre engagement à vous accompagner sur le terrain dans ce climat que vous connaissez très compliqué», a rassuré Dr Mohamed Bawa Cissé. Au nom de la coordination du Pnlp, Viviane Kpera a exprimé son admiration quant aux différentes réalisations tangibles de Msf lors sa visite sur le terrain. «J’ai été profondément impressionnée par les réalisations. Mais au-delà de ces infrastructures essentielles, c’est l’impact direct sur la population qui retient particulièrement mon attention. La prise en charge gratuite des enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes dont les Tests de Diagnostic Rapide (Tdr) sont positifs est une initiative vitale qui sauve des vies et soulage des familles. Le recrutement du personnel additionnel renforce considérablement la capacité des centres de santé à répondre aux besoins communautaire », a-t-elle reconnu.
Des réalisations palpables sur le terrain
Depuis octobre 2023, les actions de Médecins Sans Frontières dans l’Atacora parlent d’elles-mêmes. Au détour d’une visite de presse organisée du 22 au 25 avril 2025, les réalisations de cette organisation médicale et humanitaire ont été mises en lumière. De la prise en charge des patients, en passant par la réhabilitation des infrastructures sanitaires sans oublier le renforcement de capacités du personnel soignant et l’amélioration de la qualité des soins, rien n’a été oublié. De 2023 à 2024, Médecins Sans Frontières a concentré ses efforts sur le Centre de Santé (Cs) de Dassari (Matéri) et l’hôpital Saint-Jean de Dieu de Tanguiéta.
L’ambition est claire : contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité liées au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes tout en soutenant la réponse aux urgences sanitaires, catastrophes naturelles et conflits. «De 2023 à maintenant, plus de 15 000 enfants de moins de 5 ans et plus de 1 000 femmes ont été pris en charge. 852 patients atteints de formes graves de paludisme ont été référés à l’hôpital Saint-Jean de Dieu de Tanguiéta avec une contribution directe de Médecins Sans Frontières à la collecte de 196 poches de sang pour les urgences transfusionnelles. Par ailleurs, plus de 6 000 enfants ont été dépistés pour la malnutrition, dont plus de 500 cas de malnutrition aiguë sévère et plus de 900 cas de malnutrition aiguë modérée identifiés», a rappelé Dr Charles Tolno, responsable médical Médecins Sans Frontières.
A ceci s’ajoute, la formation de 77 professionnels de santé, la dotation des Centres de Santé en équipements médicaux, mobiliers, matériel de laboratoire et des médicaments. «Médecins Sans Frontières a financé aussi la construction des latrines et douches, des buanderies, châteaux d’eau, salles de tri, incinérateurs, l’installation de panneaux solaires etc..». Grâce à toutes ces actions et à la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes, « nous avons constaté une nette augmentation de la fréquentation au Centre de Santé Communale de Matéri», a souligné Evariste Bogninou, Infirmier Chef Poste (Icp) du Centre de Santé Communale (Csc) de Matéri. À l’instar du Csc de Matéri, le Cs de Cobly n’a pas été du reste. Selon Botakama Poumouté Kouessopa, infirmier au Csc de Cobly, « Médecins Sans Frontières a réhabilité la grande partie du Centre avec la construction de salle de tri, d’un incinérateur, d’une buanderie, de douches, toilettes, équipements médicaux etc. . Grâce à ces actions ainsi que la gratuité de la prise en charge des enfants et des femmes, le taux de fréquentation du centre qui était à 50% est passé aujourd’hui à 90 voire 95% », a-t-il apprécié.
Des bénéficiaires reconnaissants
Sur le terrain, les bénéficiaires ont exprimé leur profonde gratitude envers Msf : «Mon enfant souffrait du paludisme. Il a été soigné gratuitement au centre de santé de Dassari. Merci à Médecins Sans Frontières», a témoigné Kiatti Monique, mère rencontrée à Dassari. Assiba Sanwongou, mère d’enfant à Matéri a également salué l’intervention : «Je suis actuellement au Centre de Santé Communal de Matéri parce que mon enfant a le corps chaud. Après les analyses, les médecins ont dit que c’est le paludisme. Mon enfant a ainsi reçu les injections et sérums. Je remercie sincèrement Médecins Sans Frontières qui a pris en charge gratuitement les soins de mon enfant qui se sent désormais mieux».
Botakama Poumouté Kouessopa, infirmier au Csc de Cobly, a ajouté «les populations des arrondissements environnants fréquentent désormais le centre cause à cause de la gratuité. Médecins Sans Frontières nous a vraiment aidée parce que notre population est pauvre ce qui fait que beaucoup ne venaient pas à l’hôpital par manque de moyens financiers». Alain Aglin, Infirmier chef de poste au Centre de Santé de Dassari a tenu à préciser « par mois, nous faisons plus de 2000 consultations pendant la période de pic du paludisme».
Médecins Sans Frontières poursuit ses activités pour renforcer les capacités d’accueil et améliorer la qualité de soins offerts dans la zone sanitaire de Tanguiéta, Matéri et Cobly.