CELEBRATION EN GRANDE POMPE DES MORTS AU BENIN : Une pratique ancestrale incompatible avec les réalités de la rupture . Nécessité d’une loi pour recadrer les cérémonies funèbres

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Ce n’est plus un secret pour personne, l’africain et les fêtes, les cérémonies, c’est une affaire de longue date. Depuis la nuit des temps, le vrai africain est celui qui est solidaire, qui aime s’entourer du monde et qui surtout trouve un grand plaisir dans les cérémonies festives. Ainsi, même les funérailles pour célébrer le départ dans l’au-delà d’un être cher, qui normalement devaient être organisés dans la sobriété, sont malheureusement source de dépenses. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur surtout au Bénin au point où l’on est tenté de dire que le mort a plus de valeur que le vivant.

A l’annonce de la disparition d’un individu, tous les regards sont tournés immédiatement vers les obsèques à organiser. Chacun veut savoir le type de cérémonie qui sera offert au défunt, l’on ne se préoccupe même plus de savoir si son âme repose en paix ou pas. “Ago”, comme on appelle communément cette cérémonie funèbre en langue locale “Goun”, est un moment privilégié pour les populations de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Le comble, c’est lorsque le défunt est une personne âgée qui a laissé derrière lui une grande richesse c’est-à-dire une famille. C’est l’occasion pour les plus nantis de se lancer des défis de meilleurs dépensiers. De la nourriture, à la boisson, en passant par la viande, tout coule à flot. L’on préfère cotiser de colossales sommes pour des futilités comme le cercueil, les uniformes qui sont choisis selon la classe sociale des différentes familles éplorées, au lieu de prier pour le repos éternel de l’âme du défunt. Combien sont-ils ces personnes qui, de leur vivant n’ont jamais bénéficié du soutien de leur proche dans les moments difficiles, mais sont célébrés comme des rois une fois qu’ils passent l’âme à gauche. Pour être dans les bonnes grâces de la famille, et plaire à la société, l’on n’hésite pas à se mettre dans des situations compromettantes au point de s’endetter pour célébrer les funérailles de l’être disparu comme si son repos éternel en dépendait. Le phénomène s’est tellement développé qu’il est devenu comme une tradition. Que l’on soit d’accord ou pas, la règle voudrait qu’on s’y conforme pour ne pas essuyer les jugements acerbes de la société. Dans un pays comme le Bénin où le panier de la ménagère a perdu depuis quelques années son poids normal, il est inconcevable que cette pratique à la limite ruineuse, continue d’avoir droit de cité. L’homme est un être sacré qui mérite d’être célébré et honoré de son vivant. Il ne sert à rien que toutes les attentions soient accordées à un mort qui de son vivant, était dans l’incapacité de subvenir à ses besoins fondamentaux.

Il urge alors que le gouvernement de la rupture qui depuis plus de cinq ans, a montré sa volonté à faire les choses autrement en ce qui concerne la gestion des finances, se saisissent de cette affaire afin que les barrières culturelles et ancestrales qui constituent un frein à son ambition de révéler le pays soit brisées. Patrice Talon qui depuis sa venue au pouvoir est dans une posture de contrôle et de limitation des dépenses, devrait amener ses concitoyens à aller à son école pour en découdre avec le phénomène de funérailles pompeuses. De même, les députés qui, depuis quelques temps déjà, montrent leur engagement à recadrer certaines pratiques jugées contraire aux normes à travers le vote des lois, se penchent également sur le cas des funérailles à coût onéreux. C’est peut-être l’occasion de sortir enfin des placards, la proposition de loi du député Nazaire Sado sur la limitation des dépenses lors des funérailles et fêtes au Bénin, présentée à l’Assemblée Nationale (An) en 2017.

Samira ZAKARI

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