CONFLIT ENTRE ELEVEURS ET AGRICULTEURS AU BENIN : Le projet Sukiana pour la paix et la cohésion sociale

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Dans le cadre de la mission de collecte de données des récits des conflits antérieurs et des modes de règlements traditionnels, l’équipe technique du projet Sukiana, une criée publique pour la paix, a fait durant trois mois des descentes dans les foyers de collectage mise en place dans les communes de Savè, Tchaourou et Sinendé. Au cours de ces trois mois de mission (février, mars, avril), l’équipe a rencontré les populations de ces communes, notamment des éleveurs, des agriculteurs, des élus locaux et communaux, des journalistes, des historiens, des griots, des chefs traditionnels, des dignitaires religieux ainsi que des sociologues.

Karimatou BARASSOUNON

« Sans la paix, pas de développement », dit-on. C’est dans cette logique que le projet Sukiana a décidé de contribuer à la réduction des conflits récurrents et saisonniers entre les éleveurs et les agriculteurs dans le nord du Bénin, en proposant les arts de l’oralité comme un moyen de règlement pacifique des conflits. Des conflits entre deux groupes socioculturels créent d’énormes dégâts aussi bien matériels qu’humains.

Par ailleurs, la deuxième activité du projet Sukiana, qu’est la mission de collecte des données des conflits antérieurs, a permis de recueillir plusieurs informations. En effet, les populations de ces localités, toutes mécontentes, ont raconté les faits passés de ces conflits. Les points communs mis en exergue par ces populations sont l’abus des stupéfiants, la proximité des terres, la petite superficie des couloirs de transhumance, le mauvais partage des terres et le pâturage par des mineurs.

De plus, qu’il s’agisse des agriculteurs ou des éleveurs, le moyen de règlement le plus utilisé par les deux parties est celui de la violence. En conséquence, il en ressort de nombreux dégâts matériels tels que des fermes incendiées, des animaux tués, des champs détruits ou incendiés, des provisions volées dans les champs, et les plus déplorables sont les pertes en vies humaines.

De là, on note la désolation des braves paysans, qui finissent la saison sans obtenir ne serait-ce qu’une partie de leur investissement dans les champs, et la désolation des éleveurs, qui perdent des dizaines de bœufs, soit des millions de franc Cfa. D’ailleurs, on notait une tristesse se dégager du visage de chaque personne qui racontait un fait, parfois leurs voix qui tremblaient, leurs yeux embués, et des larmes y coulaient.
Confiantes de la méthode pacifique de règlement de conflits que leur propose le projet Sukiana, les populations n’ont pas manqué de proposer des approches de solutions telles que l’éducation sur les méthodes ancestrales comme le dialogue, un moyen simple de règlement, et une campagne de sensibilisation sur les dangers des produits contrefaits et l’abus des stupéfiants. Elles ont surtout souhaité la création d’un centre d’écoute, de concertation et de médiation dans les départements du Bénin.
Vu l’importance de la situation, les récits ont été enregistrés par des appareils audiovisuels afin de ne pas oublier les différents détails importants. Les informations et les images recueillies ont été traitées par des experts, pour servir à la création d’un spectacle de rue pluridisciplinaire et plurilingue.

Rappelons que le projet Sukiana, une criée publique pour la paix et la cohésion sociale entre peuls et cultivateurs dans le nord du Bénin, est mis en œuvre par l’association Iminrio, en partenariat avec les associations Aora Culture et Paroles d’Afrique, avec l’expertise de l’association Katoulati, du 03 octobre 2019 au 03 octobre 2020. Il est financé par le Consortium Culture At Work Africa et co-financé par l’Union européenne.

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Actualité · Société

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