ÉDITO
Talon fait un faux jeu à Yayi !
Le vendredi 7 novembre dernier, le président Patrice Talon a abordé certains sujets brûlants de l’actualité nationale et même internationale avec les journalistes de France24 et de la Radio France Internationale (Rfi). Ainsi, plusieurs questions ont été passées en revue par le chef de l’État.
En se prononçant sur la situation de son prédécesseur qui a eu à quitter le pays dans des circonstances très peu honorables après avoir été contraint à près de deux mois de résidence surveillée, Talon a simplement brandi la loi d’amnistie votée pour faire table rase des évènements malheureux liés aux dernières législatives. Alors, avant d’exprimer son souhait de revoir Yayi de retour au bercail, Patrice Talon a publiquement jeté tout le tort sur ce dernier. Il a réaffirmé sans ambages que Yayi est bien impliqué dans les violences électorales et postélectorales enregistrées au Bénin lors des dernières législatives. Cette affirmation du président Talon contrarie avec son souhait de voir Yayi de retour. Puisque cette déclaration du chef de l’État a l’air d’une diabolisation de Yayi encore que la justice n’a jamais établi cette implication de l’ancien chef de l’État dans cette affaire qui d’ailleurs a été soldée par une décision de non lieu avant le vote de la loi d’amnistie en question.
Sans risque de se tromper, on est tenté de dire que ce désir de voir Yayi revenir au bercail, semble être l’expression d’une hypocrisie de la part du chef de l’État Patrice Talon qui, visiblement au cours de cet entretien, a présenté l’aspect d’une personnalité sous une pression inavouée. Alors, sachant que la loi d’amnistie vient remettre les compteurs à zéro, ce souhait du chef de l’État était-il fondé ? De même, Boni Yayi étant un citoyen jouissant de ses droits d’aller et de revenir, avait-on besoin d’un quelconque appel avant son retour au bercail ? Ou avait-on le désir de faire sortir Yayi de son pays pour qu’il n’y revienne jamais?
Ce sont-là quelques interrogations qui semblent prouver à suffisance que le chef de l’État Patrice Talon voulait juste se faire une bonne image aux yeux du peuple après qu’il ait scellé le sort politique de Yayi avec les nouvelles lois votées et promulguées en cascade.
Dans ce jeu politique, seul Yayi est le grand perdant puisqu’étant désormais peint de coupable gracié par son successeur au travers d’une loi d’amnistie, son retour au bercail dans de pareille circonstance lui serait déshonneur qu’honneur s’il était rentré un peu tôt avant le vote de la fameuse loi d’amnistie.
Edouard ADODE