EDITO : Un sevrage difficile !

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Un sevrage difficile !

Lors de l’installation du Conseil National de l’Education le mardi 21 janvier 2020, le chef de l’Etat Patrice Talon a promis le deuil aux politiciens. A en croire le chef de l’Etat, à travers le Cne qui vient d’être installé, les politiciens ne pourront plus avoir la main mise sur l’éducation. Ainsi, seuls les sachants du domaine pourront conduire les affaires de l’école béninoise afin qu’elle sorte des sentiers battus. Une vision noble et une audace à nulle autre pareille !
Mais compte tenu de la complexité de ce chantier dans un contexte béninois où l’école est un gisement d’électeurs convoitée par chaque politicien, on a du mal à croire à la concrétisation de cette ambition du président de la République quand bien même les membres du Cne sont priés d’être apolitiques.

Certes, grâce au Cne, les lignes vont beaucoup bouger au niveau de la gestion des affaires relatives à l’administration scolaire et aux programmes d’enseignements. Cependant, tant que les politiciens continueront d’investir dans les infrastructures et mobiliers scolaires, ce qui jusque-là constitue un casse-tête pour les pouvoirs publics ; la dépolitisation de l’école restera un vœu pieux. De même, nul n’ignore l’effort d’accompagnement des politiciens pour maintenir des enseignants sur place dans certaines zones enclavées où l’enseignant ne peut même pas se trouver une chambre à louer pour son hébergement encore moins de l’eau potable à boire. Dans ces zones, seule l’implication des politiciens permet d’avoir quelques enseignants un temps soit peu en dehors des natifs du milieu déjà habitués aux conditions de vie de ces terroirs. Dans un contexte du genre, il serait difficile que l’école soit gérée dans ces milieux sans aucune prise en compte de la volonté de politiciens.

Ainsi donc, dans cet élan c’est à croire que Patrice Talon essaie faire brouter de l’herbe au lion. Ce sera un sevrage très difficile ! Encore que même si les affectations se faisaient dans les règles de l’art, cela n’empêcherait pas l’enseignant de tenir des discours politiques dans sa classe à des fins bien précises sachant que les apprenants sont de véritables vecteurs de communication dans les milieux ruraux.

Néanmoins, il est important de savoir que la réalisation de ce vœu du chef de l’Etat, est le seul gage d’une école nouvelle au Bénin.

Edouard ADODE

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