ETAT DES LIEUX DE LA CINEMATOGRAPHIE AU BÉNIN : Cornélia Glèlè déplore la situation

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ETAT DES LIEUX DE LA CINEMATOGRAPHIE AU BÉNIN

Cornélia Glèlè déplore la situation

« J’ai beau fait le meilleur film du monde si mon gouvernement ne me soutient pas, le film fera long feu. », dixit la réalisatrice

Encore appelé le « septième art », le cinéma est un art du spectacle. L’art cinématographique se caractérise par le spectacle proposé au public sous la forme d’un film, c’est-à-dire d’un récit fictionnel ou documentaire, véhiculé par un support à savoir pellicule souple, bande magnétique, contenant numérique, qui est enregistré puis lu par un mécanisme continu ou intermittent qui crée l’illusion d’images en mouvement, ou par un enregistrement et une lecture continus de données informatiques. Au Bénin, le métier de réalisateur a du plomb dans l’aile. Suivez ici le parcours d’une béninoise, réalisatrice et critique de cinéma, Cornélia Glèlè. Elle livre son amour pour le cinéma tout en fustigeant la négligence du gouvernement. Lisez plutôt…

Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Parlez nous de votre cursus scolaire et académique.

Cornélia Glèlè : J’ai eu un cursus ordinaire. J’ai fait le primaire à Parakou à l’école la belle rencontre et le collège au Ceg zongo. J’ai eu un Bac A2 en 2014 et j’ai obtenu un Master 1 en journalisme audiovisuel et réalisation documentaire à l’Isma (Cotonou).

Comment est-ce que la passion du cinéma est née en vous?

J’ai connu véritablement le cinéma dans mon école. Je me suis inscrite à l’Isma pour faire du journalisme. A nos cours de journalisme, l’école a augmenté des cours de réalisation, de caméra, de son et de montage. L’école nous a aussi permis d’aller dans des festivals notamment le Fespaco ou on a côtoyé pendant une dizaine de jours le monde du cinéma africain. Je me suis sentie dans mon monde, et j’ai commencé à travailler sur le cinéma en réalisant mes courts métrages mais également en créant un blog Ecranbenin (ecranbenin.net) afin de ne pas trop m’éloigner du journalisme.

Vous êtes réalisatrice, parlez-nous de votre métier.

Le réalisateur c’est un peu comme le maitre d’orchestre sur une production. C’est le chef du plateau, c’est lui qui gère les acteurs (en fiction) et les techniciens. Il s’assure que tout ce qui est écrit dans le document de production soit respecter. Il n’est pas obligé d’écrire le scénario. Moi dans mon cas je fais uniquement du documentaire, donc j’écris le film, je fais les différents repérages, je constitue une équipe de tournage, on va sur le terrain on film, on fait la post-production (montage, étalonnage, mixage…) et le film est prêt.

Quelles appréciations avez-vous de la cinématographie au Bénin?

Le cinéma béninois comparé à d’autres cinémas est à l’étape embryonnaire. On n’a pas une vraie industrie, de vraies structures de productions, un circuit de distribution (je me fais d’ailleurs distribuer par la France), des salles etc… Mais l’Isma et l’Uac ont déversé aujourd’hui sur le marché de jeunes cinéastes qui ont la rage de réussir, ma génération a envie de changer les choses, elle a envie de donner un nouveau souffle au cinéma béninois et travaille d’ailleurs avec les moyens de bord mais sans une politique réelle au niveau de l’Etat nos efforts n’iront pas bien loin.

Combien de films avez-vous déjà réalisé?

J’ai réalisé deux films. Le premier « les tam-tams du silence » a été tournée en 2016 dans la régions d’Agonlin (centre Bénin) et fait découvrir au grand public les géants tam-tams mythiques joué à l’occasion des décès dans cette partie du Bénin. Le second film « Blanc-noir et heureux » a été tourné en 2017 et met en valeur les albinos contrairement au regard noir porté sur eux dans la société. Actuellement je développe mon premier long métrage.

Quelles sont les distinctions reçues jusque là?

Pour Blanc-Noir et Heureux, j’ai reçu le prix du meilleur film documentaire au first short Yaoundé (Cameroun), j’ai participé à plusieurs festivals dans le monde tel que Africlap Toulouse (France), Zanzibar international film festival (Tanzanie) Mis me Binga (Cameroun), There Global Festival of New-York (USA). Avec mon blog EcranBénin, j’ai remporté le prix de la meilleure critique de cinéma lors du Durban International Film Festival (Diff) en Afrique du Sud.

Quelles sont les difficultés du métier?

La seule difficulté c’est faire du cinéma au Bénin. C’est compliqué de travailler dans un domaine où l’Etat ne vous calcule pas. J’ai beau fait le meilleur film du monde si mon gouvernement ne me soutient pas, le film fera long feu.

Vous nourrissez certainement des ambitions, dites-nous, quels sont vos projets à court, moyen et à long terme?

Mon projet là tout de suite c’est lancer le Fiff Cotonou. Le Fiff Cotonou c’est le festival international de film de femme de Cotonou que mon équipe et moi voulons organiser. La première édition aura lieu en 2019 donc on se bat pour avoir le financement nécessaire. Ensuite, je travaille sur mon premier long métrage donc mon objectif c’est avoir des résidences d’écriture afin de peaufiner l’écriture de mon scénario et enfin travailler à faire de mon blog la référence en matière de cinéma africain.

Peut-on dire que le cinéma nourrit son homme au Bénin? Et pourquoi?

Je ne sais pas s’il y a des personnes qui vivent des films d’auteurs au Bénin. Moi je gagne mon argent en travaillant en majorité sur des productions étrangères et en faisant des films de commande pour des Ong, des Institutions, des télévisions étrangères.

Que proposez-vous aux acteurs de la cinématographie pour rehausser le niveau actuel?

Je dirai juste aux acteurs du cinéma, travaillons chacun à son niveau, devenons une meilleure version de nous-mêmes, afin d’être incontestables dans la sous régions et dans l’Afrique

Votre mot de la fin ?

Merci à votre journal pour l’opportunité qu’il me donne de parler du cinéma béninois. Très peu d’organe ont à cœur le cinéma béninois. Merci à vous.

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Daabaaru