GESTION DE LA CARRIERE DES ARTISTES BENINOIS
Egayer des publics, puis sombrer dans le silence de l’oubli ?
. Un appel à la prise de conscience
Contrairement à leurs heures de gloire, les artistes béninois mènent une véritable vie de patachon au soir de leur carrière et même en cas de maladie. Dans certaines péripéties de la vie, la plupart de ces ambassadeurs de la musique béninoise sont obligés de mendier pour pouvoir se soigner ou survivre. Cette situation s’empire au fil des ans sans qu’une solution ne soit trouvée pour que l’artiste béninois puisse se sentir fier de son métier jusqu’au soir de sa vie.
Ils sont nombreux ces anciens artistes qui ont fait la pluie et le beau temps pour semer de la joie dans le cœur des millions de béninois à travers leurs talents. Mais lorsqu’ils sont confrontés à une petite difficulté qui nécessiterait des moyens financiers, ils sont obligés de faire du porte à porte pour solliciter l’aide de quelques généreux pour se tirer d’affaire. Si dans maintes de ces cas, ces gardiens des arts béninois deviennent des charges pour leurs familles et amis, bon nombre passe de vie à trépas faute de soutien.
Dans cette situation, on s’interroge parfois sur ce à quoi auraient servi les cachets et les autres gains de ces derniers au temps de leur gloire. A cette question, on trouve plusieurs réponses qui pour la plupart du temps posent l’éternel problème de la gestion de la carrière de l’artiste béninois qui vit presqu’au quotidien sans un staff pour l’orienter et faire des projections pour anticiper sur certaines situations. Ainsi, une fois au paroxysme de leur gloire, sous le coup de l’admiration et de l’estime qu’ils ont de leurs fans, ils n’hésitent pas à pousser le bouchon loin en devenant père d’une multitude d’enfants issus de plusieurs femmes qui n’arrivaient pas à se maîtriser face à l’expression des talents de ces artistes. Par conséquent, le peu qu’ils gagnent est dilapidé dans ces charges inutiles qu’ils se sont créées.
La situation est parfois identique dans le rang des chanteuses, elles n’arrivent souvent pas à distinguer leur vie privée de celle d’artiste. Ce qui renforce l’opinion qui tend à croire que la femme artiste ne peut pas vivre sous un toit. Alors, elles sont sujettes aux maladies et à l’abandon. Une situation qui n’honore guère la nation béninoise.
Puisqu’ils sont toujours utiles pour la société, il va falloir un programme spécial d’accompagnement des jeunes gloires d’aujourd’hui afin qu’ils ne tombent pas dans les mêmes travers que leurs aînés. L’Etat doit également mettre en place un système d’assurance adapté à cette frange de la population qui joue un rôle très important dans la société. Alors le plus urgent est la prise de conscience de la jeune génération pour renverser cette tendance. Car être artiste et vivre dignement jusqu’au soir de sa vie, c’est bien possible.
Edouard ADODE
