INTERDICTION DU TRAVAIL A LA FEMME MUSULMANE
Une exigence religieuse ou une mauvaise interprétation du coran ?
Le travail de la femme n’est pas perçu de la même manière par tous dans la société. Cependant, au vue des exigences de la société moderne, les femmes ont plus tendance à exiger le droit au travail, un droit universellement reconnu d’ailleurs. Au Bénin comme dans d’autres pays du monde, plusieurs personnes continuent de brandir des prétextes religieux pour s’opposer à ce droit de la femme. Cette situation est souvent la source de plusieurs conflits dans les familles. Face à cette situation très controversée, les prescriptions de l’islam sont pour la plupart du temps mal interprétées pour justifier le fait.
Samiratou ZAKARI (Stg)
La femme, quelles que soient ses convictions religieuses a droit à l’épanouissement, au bien être. En général elle a pour rôle de s’occuper de son foyer, du bien être de son époux et de l’éducation des enfants. Elle peut également mettre son savoir-faire au service de sa communauté en exerçant des fonctions de responsabilités. Ce qui permettra également de soutenir son mari dans les charges familiales. Ainsi, l’islam reconnait bel et bien à la femme musulmane le droit de travailler, d’exercer une activité professionnelle. « L’Islam autorise à la femme musulmane de travailler, mais tout en ne s’égarant pas de sa religion. Donc, en respectant les recommandations divines », a éclairé Issa Mohamed Awali, islamologue et Imam de la mosquée centrale de Yarakinnin à Parakou. Malheureusement certains fidèles de la religion musulmane en bons novices sur les questions religieuses prônent au nom de l’Islam le non employabilité de la femme dans la société. C’est le cas d’Issifou père de famille à Parakou. « Je suis marié depuis dix ans et malgré le diplôme de licence de ma femme, je lui ai interdit de mener une activité comme l’a recommandé notre religion ».
La religion musulmane reconnait que le travail est un moyen pour la femme d’être autonome, d’avoir son propre argent pour ses dépenses personnelle, sa famille. Néanmoins, quel que soient ses motivations à exercer une activité, la femme musulmane doit respecter certaines conditions.
Des conditions
Selon l’Imam Issa Awali Mohamed, la première condition pour que la femme pratique une activité en dehors du cadre familial, est que ce travail ne porte pas atteinte à sa religion et à son statut de femme au foyer. Elle doit donc être en mesure de remplir son devoir conjugal, s’occuper de son époux et de l’éducation de ses enfants. Aussi faut-il une légitimité de l’emploi occupé. L’activité ne doit pas comporter d’actes illicites tels que vendre ou servir de l’alcool, le mensonge ou le vol. L’exigence suivante est le vestimentaire, la tenue islamique doit être respectée par le port d’habits longs et amples ne laissant pas paraître les formes féminines et d’un voile couvrant les cheveux. Son comportement doit suivre les règles de bienséance définies par l’Islam. Elle doit éviter tout contacte avec un homme étranger et tenir un langage correct avec une voix ferme, et non mielleuse avec tout collègue du sexe opposé. Il faut rappeler que l’exercice de fonction de la femme doit se faire avec le consentement de son époux, car l’homme étant la première autorité dans le couple, la femme lui doit soumission et respect. Une fois ces conditions réunies, l’Islam ne trouve aucun inconvénient à l’employabilité de la femme. « Si elle le souhaite donc, son salaire peut constituer un apport supplémentaire pour le foyer sans pour autant diminuer ou ôter à l’homme sa responsabilité financière car le mari est tenu dans tous les cas de subvenir aux besoins de la famille sans aucune obligation de l’épouse d’y contribuer », a ajouté l’Imam Issa Awali Mohamed. Une activité professionnelle comporte indéniablement des bénéfices pour la femme, mais des difficultés sont notées surtout dans certains pays.
Difficultés à concilier vie professionnelle et foyer en Islam
Lorsque la femme travaille, elle doit conserver toutes ses responsabilités au regard de son foyer. Son rôle de mère et d’épouses restent intacts. En choisissant de travailler, elle doit assumer une charge de plus et très souvent sa fonction occasionne un stress et une fatigue supplémentaire. Elle est alors moins disponible pour sa famille au niveau du temps, de l’attention, de l’écoute et de l’affection. Ce qui fait que l’éducation des enfants est plus souvent mise en cause car la femme est la première maîtresse de l’enfant. Aussi, sa religion est souvent affaiblie par un manque de temps, des compromis ou un environnement peu favorable aux pratiques religieuses.
Etre femme au foyer et exercer en même temps une activité professionnelle en Islam n’est pas chose compliquée. Cependant il n’est pas facile de respecter toutes les conditions requises dans une société majoritairement non musulmane comme le Bénin. Ainsi comme l’a si bien dit l’Imam Issa Mohamed Awali, réussir à concilier la vie professionnelle et conjugale par la femme musulmane est une question d’éducation. La femme musulmane doit donc apprendre à être vertueuse et quels que soient son environnement et son poste dans la société elle pourra bien se conduire selon les règles de l’islam.
