RENCONTRE SYNDICATS-GOUVERNEMENT DEMAIN : Ce que les syndicalistes attendent de Talon

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Le mardi 26 avril prochain, les centrales et confédérations syndicales sont invitées à la Présidence de la République. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la première session ordinaire de la commission nationale de concertation, de consultation et de négociations collectives. Une séance de vérité qui va se dérouler en présence du chef de l’Etat Patrice Talon, du ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, celui du travail et de la fonction publique Adidjatou Mathys et bien d’autres. Les parties prenantes vont échanger essentiellement sur la revalorisation salariale des travailleurs et la question du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (Smig) au Bénin. À travers une interview accordée à la rédaction du quotidien Daabaaru, le Secrétaire Général (Sg) de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (Cstb), Kassa Mampo, celui de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes (Cosi-Bénin) Noël Chadaré et le Sg de la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (Csa-Bénin) Anselme Amoussou, ont fait part de leurs attentes concernant cette rencontre. Voici les points saillants sur lesquels ils espèrent le président Talon et son gouvernement. 

Wilfried AGNINNIN

 

Kassa Mampo, Sg de la Cstb (Photo Dr archive)

Kassa Mampo, Sg de la Cstb 

« Talon nous invite pour le 26 et il nous dit que c’est pour discuter de la revalorisation des salaires et du Smig. Le président de la commission de négociation c’est le ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané. Voilà que lui il nous convoque et c’est le président de la République qui est le dernier recours. Normalement, si on ne s’entend pas avec la commission dirigée par Bio Tchané et madame Mathys Adidjatou, c’est à ce moment qu’on doit aller chez le Président. Maintenant, on va chez le Président c’est la première réunion et on nous dit qu’on doit parler seulement des problèmes de revalorisation qu’il a annoncée depuis décembre. Or, il y a beaucoup de revendications. Nous avons transmis beaucoup de motions. Et la dernière motion date de 25 février. On a transmis le même jour au gouvernement la motion qui a rappelé les problèmes des travailleurs, problème des salaires, il y a des arriérés de salaire qui ne sont pas payés. Il y a des gens qui n’ont pas leurs actes. Les actes ne sortent pas. Celui qui devrait gagner 100.000 F cfa, gagne 40.000 F cfa, 50.000 F cfa. Il a son argent dans les caisses de l’État. Il y a le problème des aspirants. L’éternel problème des aspirants qui ont travaillé, travaillé et qu’on continue d’utiliser comme des tâcherons. Ils ont pour la plupart des diplômes professionnels et même ceux qui n’ont pas les diplômes professionnels dès qu’ils ont déjà fait 3 ans ils peuvent avoir des diplômes professionnels. Ils ne sont plus aspirants. Ils sont enseignants. Ils ne sont même pas stagiaires dans leur classe. Personne ne les encadre. Au lieu de les traiter en bonne et due forme, on les utilise comme des tâcherons. On doit parler de ces problèmes. On doit parler des problèmes des gens qui ont faim, des gens qu’on a radiés. Trois cent cinq enseignants qui ont été radiés. Nous avons parlé. On a montré comment la loi n’a pas été respectée. Et le Président lui-même à un moment donné a dit, on va voir ça. Et jusqu’aujourd’hui on a été au niveau de toutes les institutions, les gens on dit que c’est le Président Talon lui-même qui peut décider. Et on ira chez lui, on ne va pas parler de tous ces radiés-là ? Radiés enseignants, radiés en uniforme. Tel que Patrice Trékpo ».

 

Noël Chadaré, Sg de la Cosi-Bénin (Photo Dr archive)

Noël Chadaré, Sg de la Cosi-Bénin

« Nous on attend que le gouvernement fasse l’effort de vraiment revaloriser les salaires à la hauteur des attentes des travailleurs parce qu’il y a des éléments qui doivent entrer en ligne de compte pour l’option que le gouvernement va faire, la proposition qu’il va faire. Il y a la cherté de la vie. Il y a les impôts, les taxes. Il y a aussi que le gouvernement n’a plus augmenté les salaires depuis 2011 que le président Yayi a accordé 25% à la suite des discussions avec les représentants des travailleurs. On attend qu’au minimum le gouvernement avec les conditions, le contexte actuel, aussi avec la cherté de la vie, le temps qu’on a pris pour augmenter, avec tout cela, les travailleurs attendent que le gouvernement donne au moins le minimum. Nous attendons qu’on nous fasse mieux que le pouvoir précédent 30%. Au minimum le plancher de 30% et aussi augmenter le Smig, de le faire passer de 40.000 F cfa à 60.000 F Cfa au minimum. C’est le plancher, mais, on peut faire plus. On pense que le gouvernement ne devrait pas descendre en deçà. Au minimum, faire cet effort pour encourager les travailleurs qui attendent depuis longtemps. Voilà un peu. Mais il n’y a pas que ces problèmes qui vont être abordés demain. Parce que nous attendons sérieusement une augmentation substantielle des salaires et du Smig.

Mais il y a aussi la hiérarchisation des salaires parce qu’en 2011 quand il y a eu augmentation, les salaires n’ont pas été hiérarchisés. Nous allons veiller à cela. Et puis en dehors de cela, c’est qu’il y a le problème des travailleurs en dehors des salaires. Il y a des rappels qui sont dus aux travailleurs. De nombreux rappels sont dus aux travailleurs et qui sont gelés dans les caisses du trésor public. Il faut sortir ces rappels et nous dire comment on va les payer. On va aussi parler du payement à l’indice réel. Donc c’est un sujet qui va être abordé demain. Parce que nous sommes en 2022, mais aucun travailleur n’a un salaire de 2022. Nous sommes avec les salaires qui datent de 4 ans, de 6 ans parce que les avancements viennent au compte-goutte. Et on ne paie pas à l’indice réel. Un pays qui pense aux travailleurs doit faire l’effort qu’ils aient leur salaire dans l’année où ils se retrouvent. Donc on va veiller à cela. Il y a la frange importante des Ame, les aspirants au métier d’enseignant. De plus en plus on ne recrute pas. On a précarisé la fonction publique. Nous allons expliquer au gouvernement, au chef de l’État, de faire l’effort de précariser le moins possible le travail dans notre pays. Parce que continuer de faire comme cela n’est pas une bonne chose. Les travailleurs ne sont pas épargnés par ce genre de travail. On peut le faire de façon ponctuelle pour régler un problème circonstanciel, mais on ne peut pas l’inscrire dans la durée. Nous allons insister là-dessus aussi pour qu’au cours de cette négociation on puisse constater que l’agent, l’Ame après avoir purgé, parce que c’est une sorte de peine, ils travaillent avec des salaires dérisoires. On peut voir dans quelle mesure si c’est un service militaire, un an, deux ans… Mais après il faut qu’ils reçoivent un salaire à durée indéterminée, un salaire qui s’inscrit dans la durée. Pour qu’ils puissent construire une vie de famille. Parce que, tous les ans neuf mois puis ils retombent dans la situation difficile pour gérer les périodes de vaches maigres. C’est vrai qu’on a fait quelque chose pour combler le manque d’enseignants dans les classes, mais il faut aller au-delà pour que le travail épanouisse celui qui est appelé pour ce travail. C’est un souci pour nous aussi.

Il y a ceux qui sont radiés de la fonction publique. Ces enseignants qui n’ont pas pris part aux évaluations. On souhaite quand même qu’un clin d’œil soit fait. Nous allons demander au chef de l’État d’appeler à plus d’indulgence, de magnanimité. Qu’il montre, qu’il fasse plus preuve de magnanimité à ces collègues qui sont en souffrance, dont les ménages sont en détresse. Donc le chef de l’État, après une sanction, cela doit faire au moins deux ans, devrait accorder, faire preuve de magnanimité, être indulgent pour ramener ces collègues qui sont dans une difficulté énorme. Je vous remercie ».

Anselme Amoussou, Sg de la Csa-Bénin

Anselme Amoussou, Sg de la Csa-Bénin

« Je suis content de ce rendez-vous du 26 avril prochain. Mes attentes c’est que le chef de l’État et son gouvernement puissent nous annoncer quelque chose qui comble nos attentes. L’espoir créé par l’engagement du gouvernement en annonçant en décembre 2021, la revalorisation des salaires des travailleurs, que cet espoir ne soit pas perdu, que cet espoir se concrétise effectivement. Que l’augmentation que va nous annoncer le chef de l’Etat et son gouvernement, que cette augmentation puisse effectivement combler les attentes par rapport au pouvoir d’achat qui est complètement faible. Tout est cher aujourd’hui, vous le savez bien. Et cela continue d’être de plus en plus cher. Même les mesures prises par le gouvernement sont des mesures sur lesquelles le gouvernement a du mal à obtenir une application stricte sur le terrain. Vous avez vu récemment, la question du prix du gasoil, le gouvernement était obligé de céder face à la pression des pétroliers. La situation est de plus en plus intenable. L’inflation continue de galoper et même si ce n’est pas la faute du gouvernement, il doit absolument agir. L’une des mesures du gouvernement, c’est cette augmentation des salaires. Nous espérons que le taux d’augmentation qui va nous être proposé va être à la hauteur de ce que nous attendons, à la hauteur de ce que nous vivons, à la hauteur de ce que les populations subissent depuis plusieurs mois. Nous espérons que ce rendez-vous va nous permettre d’aborder également tous les autres points qui sont en attente notamment les arriérés de salaires, les rappels des travailleurs ».

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