A LA DÉCOUVERTE DE MAF AFFO : Un jeune talent aux valeurs originales

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Maf Affo, à l’état civil Affo Mama Amzath fait partie des jeunes artistes rappeurs béninois dont la qualité du travail et la présence régulière sur scène attirent l’admiration du public. Il chante en Français, Baatonum, Dendi et Fon pour dénoncer les maux qui minent le développement de la jeunesse et du pays. Plusieurs œuvres les unes plus intéressantes que les autres sont à son actif. Il nous livre des détails sur sa vie, son parcours artistique et son avis sur l’état actuel de la musique béninoise dans les lignes qui suivent. Lisez!

Maroufatou KAKPO (stg)

Daabaaru: Quand avez-vous découvert votre talent artistique ?

Maf-Affo : En 2004, c’était au collège d’enseignement général Zongo de Parakou.

Parlez-nous de votre parcours artistique

En 2003, j’ai commencé par la danse Hip-hop, j’ai dansé les musiques positives black soul, sakpata boys, consort et ce n’est qu’en 2004 que mon pote Williams et moi avions décidé de commencer par composer nos propres textes. Donc c’est en 2004 que j’ai réellement commencé le métier de la musique.

Qu’en est- il de votre parcours académique?

Je suis titulaire d’un baccalauréat série D obtenu en 2010. J’ai commencé le campus, je suis en sociologie.

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Je suis marié et père d’un enfant

La musique a-t-elle un impact sur votre vie de couple?

Oui, d’un côté mais j’arrive à gérer et ma femme me comprend. Le vrai impact est que mon métier me fait beaucoup voyager, ce qu’elle n’aime pas puisqu’elle se dit qu’il y a sûrement des seconds bureaux quelque part. Elle trouve que ce n’est pas l’argent qui fait le truc donc qu’il faudrait que je reste souvent à la maison avec elle. En dehors de ça on n’a pas de problèmes en tant que tel sur la musique car c’est ça qui me nourrit et elle le sait, mais j’arrive à gérer. Surtout que nous sommes en période de carêmes, j’ai tous les trente jours à passer à la maison auprès d’elle.

Qui dit artiste dit java avec les filles, drogues, alcool, qu’en est-il de Maf Affo que nous connaissons ?

Tu sais, moi quand on dit ces trucs des artistes, ce qu’on m’attribue c’est d’être coureur de jupons, mais tu sais c’est la musique, il suffit que quelqu’un vienne dire ” ah Maf c’est un coureur de jupons ” et c’est parti pour que cela se propage or ça n’a jamais été vérifié ou justifié. Coureur de jupons ? Nous nous connaissons entre artistes, ceux qui ont de femme à la maison on peut les compter, c’est pour dire que si je n’avais pas confiance en moi ou si je n’étais pas mûr dans ma tête tout ce qu’on raconte sur les artistes serait vérifié. En ce qui concerne la fumée, l’alcool ce n’est pas trop mon truc même si de temps en temps je prends de la bière.

Quel est l’événement qui vous a le plus marqué depuis que vous êtes dans ce métier ?

Positivement, c’était le lancement de mon premier album intitulé Nord Bénin comportant 17 titres en décembre 2009 où Chabi Mama Ibrahim était le parrain de l’événement. Négativement ce qui m’a marqué plus c’est le chèque que j’ai reçu et qui n’a pas été payé lors du concours “hip-hop académique” à Cotonou organisé par le groupe Ardiess. J’avais reçu le deuxième prix avec un chèque de deux cent mille francs. A l’époque il y a de cela six ans, deux cents mille représentaient beaucoup pour ma carrière. C’était vraiment décourageant mais aujourd’hui je remercie Dieu j’ai oublié ça.

Quels sont les actifs en votre nom ?

J’ai deux albums audio de dix sept titres chacun, une mixtape de dix titres, un album vidéo de dix titres et plus de deux cent six singles.

Que prépare Maf Affo aux parakois pour les jours à venir?

Vous savez, moi je suis un artiste qui revendique, je prépare un morceau pour dénoncer ce qui ne va pas à l’endroit du gouvernement actuel. Ce n’est pas que ce qu’il fait n’est pas bon mais dans le domaine de la culture, il faut que je dénonce ce qui ne va pas. C’est en fonction du temps que les projets viennent donc pour le moment c’est ce que j’ai comme projet. Je suis aussi actuellement à une tournée artistique de jeunesse et nous sommes déjà à la quinzième ville dans le nord profond, Borgou et Alibori. Après les carêmes, on continue dans l’Atacora et les autres.

Que pensez-vous de la musique béninoise et celle de Parakou ?

En général nous avons des talents au Bénin mais la jalousie nous ronge. La jalousie a pris le dessus sur tous les artistes si bien qu’aujourd’hui on ne se concentre plus pour faire du bon taf. Aujourd’hui, on nous demande de consommer local au Bénin, pour le faire il faudrait que entre nous artistes qu’il y ait une certaine collaboration. Par exemple, si ce n’est pas la jalousie, combien de fois avez-vous vu un Sagbohan et un Nel Oliver ensemble pour une chanson si ce n’est politique ? Combien de fois vous avez vu un Bourou en featuring avec un Siba si ce n’est pas pour la politique ? Ou un Kala avec un Barassounon? Encore mieux un Faniko avec un Nikanor ou un Dibi Dobo ? Comment est-ce qu’on va nous écouter à l’extérieur ? Comment est-ce qu’on va consommer local ? Sans collaboration c’est qu’on peut tout faire, que les aînés m’en excusent mais on n’ira nulle part. Quand on prend la femme et l’homme, ils se mettent ensemble pour produire un enfant. Toi tu as tel style, l’autre a tel style et on vous aime donc si vous vous mettez ensemble pour faire un son c’est sûr que ça ira loin, mais malheureusement la jalousie nous freine. On peut beau tourner mais on ira nulle part, si on ne change pas, je ne suis pas un oiseau de mauvaise augure mais c’est la vérité. C’est pareil pour Parakou et tout le Bénin.

On vous a vu en collaboration avec plusieurs artistes du nord, qu’est ce qui empêche cette collaboration avec les artistes du sud?

Vous vous trompez, en réalité c’est du Sud j’ai quitté pour venir au Nord. C’est pour dire que mes featurings, je les faisais plus avec les artistes du Sud, j’ai fait avec Nasty Nesta, Rimk, Ali de porto et pour tous mes concerts c’est les artistes de Cotonou j’invite, tu en es témoin. Mais actuellement avec la nouvelle génération les featurings ne sont plus comme avant. Il faut des moyens avant de pouvoir faire un featuring avec un artiste qui a une certaine visibilité déjà. (Rires) Je ne suis pas rassasié chez moi au Nord, je vais payer comment ? C’est juste un problème de moyens qui m’empêche de faire des featurings avec les artistes du Sud aujourd’hui. Et même moi avant de faire featuring avec quelqu’un je vais faire payer quelque chose à cette personne parce que j’ai trop souffert moi même avant d’avoir de la visibilité, donc c’est ça.

Quelles sont les icônes de Maf Affo ?

Euh… Excusez-moi, mais au Bénin personne ne m’inspire dans mon domaine à part Bmg Yari. Hors du Bénin, il n’y a qu’un seul artiste c’est Akon parce que malgré tout il se sent à la maison. En matière de langue, c’est Didier Awadi le bénino-sénégalais que je préfère.

Le métier de l’artiste paie-t-il son homme?

Oui si tu es intelligent. Aujourd’hui moi je suis entrain de construire, je ne fais aucun boulot, je ne vole pas, mais c’est la musique. C’est-à-dire qu’il faut que ton intelligence et ton talent soient ensemble pour pouvoir vivre de la musique. Je ne te dirai pas ce que je fais pour trouver l’argent (rires) parce que là c’est des secrets professionnels. C’est pas le vol, c’est pas la drogue mais c’est le marketing.

Quel appel avez-vous à lancer au gouvernement ?

Ceux-là, c’est des comédiens, ils viennent bavarder seulement. On demande une réunion de tous les artistes, ils ont supprimé le fonds d’aide à la culture, on demande une réunion et ils nous envoient des invitations et ils veulent qu’on se déplace avec notre argent et se loger là-bas. C’est de la pagaille, ils n’ont qu’à laisser et on sait qu’ils ont laissé. Maintenant pour faire une subvention, on te demande d’aller faire un prêt à la banque et tu paies à un délai fixé, c’est quelle pagaille ça ? Au temps de Yayi, certes les gens ont volé mais tu voyais les gens à l’aise. Il faut dire la vérité. Tout ce qui est culture au Bénin, qu’ils laissent ça. Qu’ils suppriment même le ministère de la culture-là, vu qu’il ne sert à rien. Le ministère est là mais c’est les artistes eux-mêmes que se débrouillent, donc c’est mieux qu’on supprime ça, nous on va évoluer.

Votre mot de la fin?

J’invite tous les artistes du Bénin à l’union c’est tout ce que je peux dire. L’union nous amènera loin.

Propos recueillis par Maroufatou KAKPO (Stg)

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Culture

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