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RÉTICENCE DES JEUNES À PARTICIPER AUX CONCOURS DE RECRUTEMENT DE L’ARMÉE ET DE LA POLICE RÉPUBLICAINE : La preuve qu’il faut améliorer les conditions de vie des hommes en uniforme

RÉTICENCE DES JEUNES À PARTICIPER AUX CONCOURS DE RECRUTEMENT DE L’ARMÉE ET DE LA POLICE RÉPUBLICAINE : La preuve qu’il faut améliorer les conditions de vie des hommes en uniforme

Depuis quelques mois, des concours sont lancés par le gouvernement pour le recrutement des jeunes dans l’armée et la Police Républicaine. Si par le passé, ces différents concours rassemblaient une marrée humaine et d’interminables rangs devant les lieux de dépôt de dossier, il faut reconnaître que ce temps semble être passé malgré le chômage ambiant qui règne dans le pays. Les jeunes sont réticents à postuler à ces concours au point où nous en sommes à la prorogation des dates limites de dépôt des dossiers, la confection des affiches de sensibilisation et comme si cela ne suffisait pas, des séances de sensibilisation dans les universités pour inciter les étudiants à passer ces concours. La question qu’il convient de se poser est : « que s’est-il passé pour qu’on en arrive à un tel contraste? »

La réponse à cette question se retrouve à trois niveaux selon cette analyse.

Le premier semble être la morosité économique. Le manque d’argent pourrait en effet justifier la réticence des jeunes à participer à ces différents concours. Car, il faut le reconnaître, les temps sont durs et très durs d’ailleurs. Il est bien possible que des jeunes soient incapables de mobiliser les fonds nécessaires pour constituer les dossiers.

Ensuite, plusieurs jeunes aujourd’hui aiment la facilité or l’armée est tout sauf facile. Les jeunes d’aujourd’hui rêvent de devenir vite riches, de rouler de belles voitures, acheter des téléphones portables de dernière génération sans fournir d’efforts. Et quand on a ces idées en tête, on ne peut s’aventurer dans l’armée ou l’effort vient avant toutes autres choses.

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Enfin, il est clair qu’aucun uniforme des forces militaires et paramilitaires ne suscite l’envie aujourd’hui, même les douaniers. Il faut en effet reconnaître à la vérité que le béninois optait pour tel ou tel métier parce qu’il connaissait telle ou telle personne qui l’a fait et qui en est devenu riche. Le béninois pour la plupart part du temps embrasse un secteur pour avoir de l’argent et non par passion. Et depuis l’arrivée du gouvernement de la rupture, les choses ont beaucoup changé.

La levée des barrières le long des routes inter-Etat, la fusion de la police Nationale à la Gendarmerie Nationale a considérablement dégradé les conditions de vie des hommes en uniforme. Très peu de possibilités de rançonnement au bord des routes, au niveau des frontières et dans les commissariats. Plusieurs réformes intervenues dans la douane ont arraché des plumes aux douaniers et permis l’instauration de plusieurs outils de contrôle permettant de limiter les détournements. Conclusion les « chefs » n’ont plus d’argent comme dans un passé récent. Du coup personne ne veut plus aller dans un secteur où il sera séché sous le soleil, livré à la pluie, au vent, à la poussière et surtout aux usagers indélicats et aux hors-la-loi qui peuvent lui ôter la vie pour un rien.

L’enseignement sur le chemin

Le secteur de l’enseignement pourrait subir d’ici peu le même sort que la police et l’armée. La mentalité d’aujourd’hui étant plus l’argent sans effort, il est clair que la fonction enseignante au Bénin n’a rien d’attirant. C’est l’un des secteurs les plus négligés, les plus marginalisés malgré son importance dans le développement du pays. Si rien n’est fait pour la valorisation de cette fonction, il arrivera que l’État prenne des jeunes de force pour aller enseigner.

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Il revient à l’État de prendre ses responsabilités. Dans le même pays, d’autres gagnent des millions par mois avec des véhicules de commandement, garde-corps, chauffeurs, cuisiniers, etc pendant que d’autres demandent le strict minimum pour survivre. L’État doit penser à revoir la marge salariale des hommes en uniforme, celle des enseignants et tous les autres secteurs marginalisés. C’est de cette manière qu’il pourra assurer un développement meilleur à ce pays. Car les beaux jardins, les beaux marchés, les jolis stades et les rues asphaltées bien qu’étant de très belles réalisations, ne suffisent pas pour assurer le bien-être des populations, c’est plutôt l’amélioration de leurs conditions de vie.

Barnabas OROU KOUMAN BOK