VIE D’UN CONDUCTEUR DE TAXI-MOTO : Barthélémy Tchongbéto livre les hauts et les bas de son métier

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VIE D’UN CONDUCTEUR DE TAXI-MOTO

Barthélémy Tchongbéto livre les hauts et les bas de son métier

On les voit un peu partout sur les routes des villes et campagnes du Bénin. Souvent habillés en chemise jaune, les conducteurs de taxi-moto communément appelés ” Zémidjan” sont des hommes dont la principale mission est le transport des personnes et des biens d’un point à un autre contre une rémunération. Sous la pluie comme sous le soleil et souvent exposés aux risques de la route, les zémidjan jouent un rôle très important dans le quotidien des béninois. Ainsi pour en savoir plus sur ce métier qui permet à la plupart de joindre les deux bouts, votre quotidien s’est rapproché de Barthélémy Tchongbéto conducteur de taxi-moto à Parakou qui parle des méandres de ce métier. Lisez plutôt.

Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi exercer le métier de conducteur de taxi-moto ?

Barthélémy Tchongbéto : Je n’ai pas choisi être dans ce secteur. Je suis entré dedans au départ ce n’était pas pour y rester, c’était juste un passe temps pour ne pas être là sans rien faire. Juste avoir de quoi manger dans la journée en attendant de trouver mieux. Mais ça fait déjà des années que ça dure et je suis toujours là.

Dites nous alors, comment êtes-vous devenu zémidjan ?

A l’époque je travaillais dans une société de production et de vente de la glace et des produits congelés à Bohicon. Notre patron a donc décidé d’agrandir la société et d’ouvrir des agences un peu partout. C’est ainsi qu’il m’a envoyé à Parakou pour être le représentant de la société ici. Je suis venu à Parakou et j’assurais la gestion mais au fil du temps, nos activités ont chuté, plus rien ne marchait. On était donc obligé de fermer. C’est comme ça je me suis retrouvé sans boulot et je ne pouvais plus repartir au village. J’ai donc réfléchi et c’est comme ça avec l’aide d’un ami j’ai intégré ce corps.

Parlez-nous de vos débuts ?

J’ai commencé en 2007 avec l’aide d’un ami. Ce dernier était aussi zémidjan et pendant ses heures de repos il me prêtait sa moto qui me permettait à mon tour de faire le tour de la ville. Au retour quand tout va bien, je lui remettais 2000f et je gardais le reste. Il faisait le travail payé au près de quelqu’un. J’ai donc dit à mon ami de m’aider aussi à avoir une moto pour faire le travail payé. C’est comme ça j’ai commencé petitement pour payer l’argent de la moto et la posséder. Voilà donc comment les choses ont commencé.

Quels sont les avantages de votre métier ?

Quoi qu’on dise, le métier de zémidjan est un métier qui nourrit son homme, c’est un métier noble. Quand tout va bien et qu’on se promène, on peut gagner au moins 3 000fcfa par jour. A part ça je ne vois plus d’autres avantages.

Qu’en est-il des difficultés ?

Les difficultés, elles sont énormes. Nous sommes trop exposés dans ce métier aux accidents de circulation, aux braquages qui deviennent de plus en plus légions. Quand on sort, on remet tout à Dieu car on ne sait pas si on reviendra le soir. Les maladies également, nous en sommes exposés à cause des poussières et autres choses que nous aspirons sur la route, la fatigue. Aujourd’hui les zémidjan sont les cibles des braqueurs, à cause de nos motos. Il n’y a pas véritablement une politique, une loi dans notre pays qui nous protègent. Tout le monde peut se lever et être conducteur de taxi-moto. Il suffit d’avoir sa moto et un maillot jaune. Alors que c’est un métier comme tous les autres, et si le métier de taxi-moto disparaît, plusieurs personnes vont en souffrir.

Contez-nous les moments heureux de cette profession ?

Ça fait déjà plus de 10 ans que je suis dans ce corps et je dirai que mes débuts de carrière ont été les meilleurs moments. En ce moment il n’y avait pas assez de zémidjan comme aujourd’hui ce qui fait qu’on gagnait bien. Quand on sort, le marché était intéressant. Aussi mes débuts ont coïncidé avec l’arrivée des motos bajaj ce qui nous en encore plus facilité le travail. C’était bon cette période.

Qu’en est-il des moments malheureux ?

Moment malheureux, je n’en ai pas connu personnellement moi. Mais autour de moi, j’ai été témoin des situations de certains de mes collègues. Des camarades qui ont été victimes des accidents de circulation qui en ont perdu les membres ou qui en ont trépassé. Plusieurs situations malheureuses en tout cas.

Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse d’aujourd’hui ?

Je n’ai pas grand-chose à dire aux jeunes si ce n’est de les appeler au travail. La jeunesse doit s’armer de courage et travailler car elle constitue la relève de demain. A ceux qui sont dans ce métier comme moi, c’est vrai que c’est un métier comme être enseignant, avocat, mais il va falloir qu’ils puissent chercher à apprendre autre métier en dehors de celui de conducteur de taxi-moto. Car quand ils vont commencer par construire une famille, les revenus de zémidjan seul ne suffiront pas à répondre à tous les besoins de la famille. Moi je regrette aujourd’hui de n’avoir pas poursuivi jusqu’au bout ma formation pour le métier de chauffeur que j’apprenais. Ça aurait fait un de plus aujourd’hui car les temps sont durs. Aujourd’hui nous sommes nombreux dans la ville et même si personne ne manque sa part les réalités ne sont plus les mêmes qu’hier.

Votre mot de la fin

Merci pour la considération placée en ma personne. Je vous souhaite plein succès.

Propos recueillis et transcrits par Samiratou ZAKARI

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