NON FRÉQUENTATION DES MARCHÉS SECONDAIRES À PARAKOU : Le Dr Kissira fait le diagnostic

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NON FRÉQUENTATION DES MARCHÉS SECONDAIRES À PARAKOU

Le Dr Kissira fait le diagnostic

La troisième ville à statut particulier est devenue une ville de grands regroupements. L’effectif de la population s’accroît au jour le jour. L’extension de la ville est devenue une nécessité. Ainsi, d’une trentaine de quartiers, Parakou compte désormais 58 quartiers. Et depuis lors, les marchés Arzèkè, dépôt et Guéma sont les marchés traditionnels qui s’animent quotidiennement. Mais compte tenu de la distance qui sépare certains domiciles desdits marchés avec la démographie croissante, les populations ont fait le vœu d’avoir leur marché de proximité. Mais après l’installation de ces marchés, difficile aux habitants de les animer. Ces marchés secondaires construits à grands frais par la municipalité sont devenue simplement des infrastructures abandonnées. Parfois l’on est tenté de se demander à quoi sert l’installation des marchés secondaires qui ne sont pas fréquentés. Que faut-il faire alors de ces marchés ? Pour répondre à ces différentes préoccupations, le Docteur Aboubakar Kissira, maître-conférence des universités du Cames et doyen de la Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines (Flash) de l’Université de Parakou a accordé une interview spéciale à votre quotidien. Lisez plutôt.

Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Les populations de la ville Parakou réclament à l’exécutif municipal la construction des marchés dans les quartiers. À ce jour nous dénombrons environs 8 marchés secondaires dans la ville de Parakou, qui s’animent à peine et d’autres ne le sont pas du tout. Dites nous Docteur, quelles peuvent être les raisons qui expliqueraient cet état de chose ?

Docteur KISSIRA: Merci, vous parlez d’animation de marché, vous parlez de population qui réclame. Qu’est-ce que la population réclame ? A-t-on besoin de réclamer la construction de marché ? Les populations du monde traditionnel avaient quel homme politique pour réclamer la construction d’un marché ? Tout est politisé aujourd’hui, c’est pourquoi les populations tendent la main aux hommes politiques, à nos gouvernants pour la construction de leur marché. Les populations qui sont dans le besoin d’un marché doivent s’organiser pour créer leur marché. C’est d’abord une organisation interne. Je suppose que ces marchés secondaires dont vous parlez sont créés dans ces conditions. On peut solliciter l’aide de l’homme politique après avoir prouvé l’effort fourni, après avoir garanti la participation financière de la population. Il n’est pas exclu qu’on demande à construire davantage de hangars ou d’autres infrastructures, mais inviter à construire un marché suppose qu’on en n’avait pas et que c’est maintenant qu’on veut en avoir. L’initiative doit partir d’abord de populations elles-mêmes. Il faut éviter de toujour tendre la main. Les populations qui sont dans le besoin de création de marché peuvent bien s’organiser tel que je le disais pour voir dans quelle mesure concrétiser leur besoin. C’est vrai que ce sont les hommes politiques qui sont responsables de ce changement de comportement des populations, surtout en périodes de précampagne ou de campagne électorales. C’est aussi vrai qu’à partir des taxes collectées la Mairie peut apporter sa contribution au développement d’un marché, mais lui laisser l’entière responsabilité de construction mérite une attention particulière. Le gouvernement est peut-être mieux outillé pour jouer ce rôle, encore que là, il doit programmer et planifier cette activité.

Aujourd’hui le fait est là, beaucoup de marchés sont là et ne sont pas animés. Quelle solution en tant que scientifique géographe proposez-vous à ces hommes politiques. Quelle solution pourrait-on proposer pour peut-être donner vie à ces marchés, ou d’autres solutions pour que les espaces qui sont déjà aménagés puissent servir à autres choses ?

Ces marchés qui sont créés et qui ne s’animent pas ressemblent à des éléphants blancs. Avant de de faire des suggestions, il faut faire un état des lieux, chercher à savoir les conditions dans lesquelles ces marchés ont été créés. Quelle étude a été faite? Quelle est la possibilité de l’espace à accueillir un marché viable? Quelle distance qui doit-on observer par rapport au marché central pour créer un marché qui attire les acheteurs? Quel est l’effectif de la population du quartier ou du site où le marché secondaire doit être installé ? Quelle politique des prix des articles ou marchandises dans ce marché pour concurrencer ceux du marché principal? Les prix observés dans le marché secondaire sont-ils abordables par rapport à ceux du marché principal? Quels sont les produits de commercialisation dans lesquels sont spécialisés les marchés secondaires? Comment se présente le réseau de marchés secondaires avec le marché principal. L’autre problème d’animation des marchés secondaires est lié à la multiplicité des boutiques dans les quartiers, à chaque 20 mètres il y a une boutique de tels produits ou de tels autres produits. Qui sont ceux qui vont avoir des produits à portée de mains et choisir parcourir de longues distances pour s’approvisionner en tel ou tel autre produit, surtout dans cette période où le prix du transport va croissant? La construction d’un marché exige une réflexion à laquelle je convie d’abord les populations et élus locaux.
En outre, au delà de la science moderne, il ne faut pas perdre de vue que les garants des religions traditionnelles méritent d’être consultés avant de construire un marché sur un site donné. Je présente mes excuses à ceux qui ne partagent pas ce point de vue. Les adeptes ou fidèles des religions modernes n’aiment pas en entendre parler. La science traditionnelle qui puisent ses éléments dans les connaissances endogènes. Les garants de la science traditionnelle savent entretenir l’animation sur un site, attirer la clientèle ou mettre en difficulté les acteurs d’un marché. Les ignorer dans le processus pourrait être un handicap au développement de ces marchés. Aller de l’autre côté de Ségbana vers la frontière nigeriane, il y a un petit marché appelé Sanmia, vous constaterez le niveau d’animation de ce marché, un marché qui draine beaucoup de commerçants de presque partout ( N’dali, Parakou, Tchaourou…) sur un petit espace. La création et l’animation d’un marché secondaire méritent une attention particulière. Aucun acteur ne doit être négligé.

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Daabaaru