BÉNIN/AU REGARD DE SES BIENFAITS : Nécessité de restaurer la lecture, selon Didier Jaurès Voïtan

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Bien que la lecture soit perçue comme une distraction en plus des nombreux avantages intellectuels qu’elle offre au lecteur, elle reste un exercice moins pratiqué en Afrique et au Bénin en particulier. Ainsi, plusieurs personnes priorisent d’autres moyens de distraction à la lecture. Face à ce constat le documentaliste Didier Jaurès Voïtan trouve qu’il est nécessaire de restaurer la lecture. Lisez l’intégralité de sa chronique littéraire intitulée « De la nécessité de restaurer la lecture ».

Athalie GBAGUIDI (Stg)

Chronique littéraire du jeudi 19 janvier 2023

Titre : De la nécessité de restaurer la lecture !

La lecture est la meilleure source de divertissement comme les spectacles, les jeux et le sport. Plus qu’une simple distraction, la lecture développe la pensée créative. L’esprit des lecteurs commence à travailler immédiatement une fois qu’ils se mettent à lire.

Lorsque nous lisons par exemple un roman ou une nouvelle, notre imagination se transporte tout de suite dans un monde complètement nouveau. « J’ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot », disait Honoré de Balzac pour ainsi dire que la lecture est une ouverture sur un monde enchanté, un nouveau monde où de nouvelles découvertes se font et se créent.

En outre, le fait de lire aide à enrichir son vocabulaire et à renforcer son emprise sur la langue. Chaque fois que nous lisons un roman ou un ouvrage quelle que soit la nature, nous découvrons toujours de nouveaux mots. En effet, la lecture est très bénéfique pour améliorer notre bagage langagier. Elle nous permet de faire travailler notre mémoire, de réviser sans effort notre orthographe et d’apprendre à nous exprimer correctement et éloquemment.

La lecture nous procure aussi un plaisir en nous détournant du réel où l’on vit, favorisant ainsi l’oubli des soucis et du stress du quotidien. Elle est donc une expérience rajeunissante puisqu’elle relaxe tout notre être, détend nos nerfs et nos sens et nous permet ainsi de nous reposer et de nous ressourcer.

La lecture développe chez le lecteur de bonnes valeurs comme la tolérance et l’ouverture d’esprit. Elle va même jusqu’à élargir notre horizon en nous faisant connaître les autres cultures et les autres religions. C’est un éveil de l’âme et du cœur. On lit pour s’informer, s’instruire et se cultiver.

Mais hélas !

Combien sommes-nous à lire un livre par jour, par semaine, par mois et par an ?

Combien de jeunes éprouvent-ils le désir d’aller vers les livres aujourd’hui ?

Combien alors fréquentent les bibliothèques ?

A part quelques jeunes férus du livre ou quelques intellectuels passionnés du livre, l’Africain en général, le béninois en particulier, porte peu d’intérêt aux livres et à la lecture. La télévision et les réseaux sociaux (WhatsApp, Facebook, tiktok etc…), ont contribué à la désaffection des jeunes vis-à-vis de la lecture. Presque tous les jeunes préfèrent l’Internet, les portables et la télévision qu’aux livres. C’est justement ce que révèle une étude réalisée par le Centre National du Livre (CNL) en France en 2016 qui soutient que le temps que les jeunes de 7-19 ans consacrent à la lecture ne fait pas le poids face à la Télé et l’Internet. Les jeunes consacrent à peine trois heures par semaine à la lecture (contre 7 h 30 par semaine à la télévision et 8 heures à l’Internet).

Conséquence : la jeunesse n’a plus de repères. Les vices s’installent dans leur rang avec par exemple le phénomène de la cybercriminalité et la dépravation des mœurs, hypothéquant ainsi le développement de nos nations.

Au plan scolaire, le niveau des apprenants laisse à désirer. Des notions grammaticales mêmes des plus élémentaires sont jetées aux oubliettes. Les jeunes préférant de plus en plus le langage des textos et autres codes dévalorisant la langue de Molière. Quel désastre mondain ! Quelle génération tête baissée accroc des Androids et des Tablettes de dernier cri !

Pourtant, nos pays au Sud des tropiques ne manquent aucunement de ressources humaines pour amorcer la révolution du livre. La matière grise est disponible pour cette révolution.

Le domaine du livre est à l’agonie du fait de manque criard d’une volonté politique de revaloriser le secteur. Beaucoup de paroles, très peu d’actions concrètes…

Il est temps de mettre fin à l’inaction. Prions les gouvernants de donner une nouvelle orientation à la politique culturelle à travers des mesures incitatives et novatrices en faveur de la promotion de la lecture et du livre.

Conscient qu’une seule hirondelle ne fait pas le printemps, il urge que les différents acteurs à divers niveau de la chaîne éducative au Bénin jouent leur partition.

Encourageons par ailleurs des initiatives privées à travers les ONGs, les Fondations et autres structures qui sèment les graines de l’espoir via des initiatives novatrices. Lesquelles actions quoique insuffisantes apparaissent par dessus tout comme une bouée de sauvetage face à ce naufrage collectif et généralisé :

Que les parents également suscitent chez les enfants le désir de lire en développant en eux le goût de la lecture par la visite des bibliothèques et les centres de documentation ;

Que les bibliothèques aussi renouvellent régulièrement leurs fonds documentaires avec des ouvrages de qualité adaptés au programme d’études en cours sans oublier l’apport des nouvelles technologies pour une meilleure documentation.

En guise de conclusion, un enfant qui lit sera un adulte qui pense demain. Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie. Allons donc vers les livres!

Signée Didier VOITAN, Bibliothécaire- documentaliste en service à la Bibliothèque du CAEB/Fondation Vallet de Parakou

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