CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION DE L’ANACARDE A PARAKOU : Période de forts échanges commerciaux sur fond de risques

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CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION DE L’ANACARDE A PARAKOU

Période de forts échanges commerciaux sur fond de risques

Les sacs d’anacardes stockés

Parmi les filières pourvoyeuses de richesse au Bénin, figure en bonne place celle d’anacarde. Cependant, au-delà de son impact économique principalement sur la vie des jeunes, elle constitue également une période de nombreux risques économiques pour certains acteurs de la chaine de commercialisation de ce produit d’exportation. Ainsi, pour réduire les éventuels risques auxquels ils pourront être exposés, plusieurs acteurs de la chaîne se donnent la main avec des stratégies qui se peaufinent à chaque campagne. Déjà pour la campagne de cette année, l’administration fiscale, la fédération faîtière des producteurs et les commerçants multiplient les tractations pour une campagne réussie.

Wilfried AGNINNIN(Stg)

Ça se bouscule déjà à Parakou et même dans les zones les plus reculées de la ville. Jeunes, femmes et vieux vont à la recherche de l’anacarde dans le but de se faire un chiffre d’affaire. Un produit tropical prédominant au nord Bénin et dont l’on peut appeler le deuxième ‘’noix d’or’’ du septentrion pour les paysans. Il est aussi recherché dans la sous région pour sa qualité et son besoin sans croissant dans plusieurs domaines.

Chiffres d’affaire et réalisations

La commercialisation de la noix d’anacarde nourrit plus d’un. Beaucoup saisissent cette période pour se donner une nouvelle vie et réaliser leur rêve. Pour le commerçant Pierre G., la campagne de commercialisation de l’anacarde lui a permis de réaliser assez de choses pour subvenir à ses besoins. «J’achète une mesure à 500F deux semaines après je la revends à 800F. Mes bénéfices m’ont permis d’ouvrir une boutique de divers », a-t- il expliqué.

Tout comme ce commerçant d’anacarde, le jeune-homme Bruno Chabi une vingtaine, en tire grand profit à chaque campagne. « Grâce à la commercialisation de l’anacarde, j’ai pu m’acheter une moto. Les bénéfices que j’ai eus, additionnés à d’autres m’ont permis de débuter ma construction », confie-t-il. Il a fait savoir aussi que la commercialisation n’est pas facile. « Avec ma moto, je sillonne des zones les plus reculées de la ville de Parakou à la recherche de l’acajou. Parfois même je rentre tard la nuit », a laissé entendre Bruno Chabi.

Les bonnes dames et la campagne d’anacarde

Outre les jeunes, les femmes aussi ont leurs chiffres d’affaire à se faire pendant cette période. Dans les champs comme dans les quartiers, bassine sur la tête, on les voit partout. «On nous donne acajou après le ramassage. Le partage se fait selon l’effort fourni au cours du ramassage», explique Faousiath Daouda une ramasseuse de noix de cajou résidant au quartier Albarika. Le bénéfice dépend du travail journalier et de la superficie du champ, va renchérir Michelle Bocovo une ramasseuse. «Avant que tu n’aies de bénéfices, il faut un travail journalier. Et sa dépend du champ. Si c’est par exemple 10 hectares et tu as bien travaillé durant la journée tu as droit à un sac».

Les bénéfices ont servi à Michelle Bocovo à subvenir aux besoins de son foyer notamment aux ustensiles de cuisine. Par contre, Faousiath Daouda s’est servi des revenus pour se payer une parcelle. Il n’y a pas que de bénéfices. Ces femmes ramasseuses partagent souvent le champ d’anacarde avec les reptiles et autres risques. «On est souvent confronté aux morsures de serpent, de scorpion et bien d’autres dangers invisible », a laissé entendre Faousiath Daouda. Dame Adizath Baké du quartier Woré préfère faire un achat de porte-à-porte, autre que d’aller au champ d’un agriculteur. « Les matins je prends ma bassine pour aller de maison en maison. Et ça marche parce que c’est un quartier où beaucoup font le champ ici à Parakou », a-t-elle expliqué.

Faillite commerciale et mévente

Pendant la campagne de commercialisation d’anacarde des faillites et méventes sont souvent enregistrées. «J’ai connu de chute parce que notre président de campagne nous a fixé des prix et des taxes et on était pas habitué à cela. J’ai vendu mes parcelles pour solder mes dettes », a fait savoir Alain Traoré un commerçant rencontré au quartier Albarika. Pour cette campagne, il a pris déjà ses dispositions pour ne pas tomber dans les mêmes travers. «Cette année, je ne vais plus me précipiter dans la vente. Je vais prendre mon temps pour bien étudier le terrain », pense-t-il. Ce commerçant est aussi surpris l’an dernier par la baisse subite des prix. «L’année dernière, j’ai déposé les produits achetés croyant que le prix va augmenter. Je les ai achetés à 500F le Kilo, et le prix est monté à 900F je croyais que ça allais augmenter jusqu’à 1200 voir 1500F.», a-t-il ajouté.

Rôle de l’administration fiscale et les organisations faîtières

L’administration fiscale du Borgou et l’organisation faîtière des producteurs d’anacarde veillent aussi au grain et jouent un rôle déterminant avant et pendant la campagne. Du côté de la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin (Fenapab), plusieurs dispositions sont prises non seulement pour la qualité des produits mais aussi pour la réussite de la campagne. Pour le directeur générale de la Fenapab, Issiakou Moussa, plus de 600 coopératives villageoises avec plus de 10.000 producteurs sont membres de l’organisation. Ces derniers sont sensibilisés sur la qualité des noix de cajou. Selon lui, le cheval de bataille de la Fenapab reste la vente groupée. «La vente groupée est le seul mécanisme au Bénin non seulement pour avoir les statistiques fiables mais aussi pour connaitre le volume, la qualité, le prix des produits importés et exportés», a-t-il justifié. Il a, également fait savoir que sa fédération participe en commun accord avec le gouvernement pour fixer le prix-plancher.
Pour l’inspecteur des impôts à la direction départementale des impôts du Borgou Charlemagne Briga, 70% des secteurs d’activités exercent dans l’informel. Et pour réduire ce taux, l’administration fiscale béninoise veille au grain en sensibilisant les populations. Selon l’inspecteur, des ateliers ont été initiés à l’intention des producteurs et commerçants d’anacarde du Borgou. «Tout commerçant devrait avoir son registre de commerce et sa carte professionnelle. Et tous ceux qui n’ont pas seront sanctionnés par la loi», déclare-t-il.

Du lancement de la campagne 2019

Le lancement officiel de la campagne d’anacarde pour le compte de 2018-2019 aura lieu ce jour à Dassa-Zoumè. C’est une décision du conseil des ministres du mercredi 06 mars dernier, qui a d’ailleurs fixé le prix-plancher à 400F le kilogramme. Ce prix est en baisse comparativement à la campagne précédente. Selon les statistiques spécialisées, il existe encore 400.000 tonnes de stocks résiduels dans le monde dont 45.000 en Afrique de l’Ouest et 7.500 au Bénin. Il faut aussi signaler que l’estimation mondiale pour la campagne 2018-2019 est de 3.765.000. Pour rappel, l’exploitation des noix de cajou par voie terrestre reste interdite.

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