CHRONIQUE DES US ET COUTUMES
Sacré Oluségun Obasandjo !
Dans son boubou traditionnel bien brodé avec son couvre chef sur sa tête, couché à même le sol face contre terre devant le tout nouveau roi Oba Saburee Babadjidé Bakré de Gbagura à Abéokuta, l’ancien président de la République Fédérale du Nigéria Oluségun Obasandjo se prosternait ainsi à ce chef traditionnel. L’image a fait le tour des réseaux sociaux tout simplement à cause de la profondeur de l’acte.
En effet, Oluségun Obasandjo vient de démontrer à travers cet acte, combien il est attaché à la tradition en dépit de tous les honneurs dus à son rang en tant qu’ancien chef d’Etat d’une puissance économique de l’Afrique. D’ailleurs, il faut reconnaître qu’Oluségun Obasandjo fait partie des anciens chefs d’Etat les plus considérés dans son pays et même dans la sous la région ouest africaine. Au cours de son mandat, il a fait plusieurs milliardaires qui aujourd’hui sont cités comme exemples de réussite dans le monde.
Cependant, à l’âge de 82 ans, Oluségun Obasandjo n’a pas fait cas de son âge ni de sa personnalité avant de se conformer aux exigences de sa tradition devant ce tout nouveau roi qui pourrait être le fils de l’ancien président puisqu’âgé seulement de 59 ans.
Cet acte de l’ancien chef d’Etat rappelle la force des traditions africaines qui ne sont pas à désacraliser sous aucun prétexte. Dans ce geste d’Oluségun Obasandjo, je vois un message fort à l’endroit de l’élite africaine qui sous prétexte d’être civilisée développe des caractères d’acculturation par la diabolisation de tout ce qui est culturel ou traditionnel.
Ainsi, les valeurs ancestrales qui méritent d’être perpétuées sont bafouées par la jeunesse instruite qui a un regard extraverti. Pour cette élite aveuglée par les dogmes importés et imposés aux africains à coup de cravache et d’humiliation les plus barbares, rien de culturel n’est à conserver dans les traditions africaines. Par conséquent, tout le monde veut vivre comme les occidentaux, manger comme eux, parler comme eux, réfléchir comme eux et même s’habiller comme eux ! Cet état de chose est d’ailleurs plus accentué en Afrique francophone. Par contre dans les pays qui ont été colonisés par les britanniques, la tradition est encore à sa place. J’en veux pour preuve la reconnaissance légale du pouvoir de la chefferie traditionnelle au Nigéria et au Ghana. Les rois ont un pouvoir légalement reconnu par les lois de l’Etat moderne.
Cette humilité d’Oluségun Obasandjo est monnaie courante dans ces pays où la tradition est ancré dans les habitudes. C’aurait été un ancien chef d’Etat d’un pays francophone africain devant une autorité traditionnelle du genre, l’attitude aurait été tout autre. C’est d’ailleurs ce qui justifie la chosification des rois dans nos différents pays. Aujourd’hui, les rois dans les pays francophones sont réduits à de simples mendiants derrière les politiciens. Ils sont désormais obligés de se comporter en objets décoratifs des meetings politiques pour pouvoir survivre. Le trône des ancêtres est ainsi désacralisé !
Obasandjo vient ainsi de poser un acte de grandeur qui mérite d’être enseigné dans les écoles africaines et surtout dans celles de l’Afrique francophone en particulier.
Il est donc temps que l’Afrique retourne à ses valeurs ancestrales puisqu’avant l’avènement des Etats modernes, les sociétés africaines avaient déjà certaines institutions qui assuraient l’ordre et l’harmonie. Alors, nous ne devons sous aucun prétexte balayer du revers de la main les valeurs issues de cette organisation au profit des normes qui nous rendent esclaves des autres.
Sacré Oluségun Obasandjo !
Edouard ADODE