ÉDITO
Ajavon embarrassé ?
La Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Cadhp) a rendu son dernier verdict dans l’affaire dite 18kg de cocaïne le jeudi 27 novembre dernier. D’après la décision de la Cadhp, l’État béninois est condamné à verser près de 40 milliards de francs Cfa à Sébastien Ajavon pour des dommages et intérêts. Cette décision vient annuler celle de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) qui entre temps avait condamné l’homme d’affaires à 20 ans de réclusion criminelle. Juste après ce verdict qui sonne comme une victoire du parti de l’Union Sociale et Libérale (Usl), les barons de ce parti ont donné de la voix pour saluer la décision.
Mais dans leur réaction, les compagnons de lutte de Sébastien Ajavon ont estimé que c’est le chef de l’État Patrice Talon qui doit dédommager le magnat de la volaille de sa propre poche. Un souhait un peu surprenant qui semble traduire une peur d’Ajavon et en même temps une confirmation de la guéguerre entre les deux hommes d’affaires et alliés des dernières élections présidentielles. Du coup, on a l’impression que cette décision de la Cadhp est venue mettre Ajavon entre le marteau et l’enclume.
Ajavon embarrassé, tout juste parce que cette réaction de son parti prouve que l’homme d’affaires mesure combien cette décision pourra aller contre lui. Puisque si Ajavon acceptait d’être dédommagé par l’État béninois, il aurait affiché aux yeux du peuple un sentiment d’apatridie. Car l’argent qui lui serait versé, est inéluctablement les maigres ressources des populations qu’il prétend gouverner un jour. Alors que la Cadhp a bel et bien condamné l’État béninois et non le chef de l’État Patrice Talon.
Face à cette situation qui pourra éloigner le peuple du généreux de Djèffa, le mieux pour le président de l’Usl serait de renoncer à cet avantage que lui accorde la Cadhp et d’insister sur son retour au bercail pour la suite du combat aux côtés de son parti.
Edouard ADODE