Tout comme l’éternelle polémique qu’on note autour du chiffre 6 qui peut être lu 9 selon la position du lecteur, les réalités de tout pouvoir diffèrent d’une personne à une autre selon la position de chacun. Ainsi, la vision du pouvoir dépend de la position de chacun, sans que personne n’ait tort dans sa conception. Le peuple voit les choses autrement que ceux qui sont au pouvoir.
Cette réalité se confirme au Bénin avec l’ancien avocat de Patrice Talon, hier ardent défenseur du peuple face à ce qui était qualifié de dérives du régime défunt. En ce temps-là, tout le peuple béninois voyait en Joseph Djogbénou, le véritable messie qui connaît les aspirations du bas peuple. A travers son fameux mouvement le ‘’Mercredi rouge’’ et d’autres actions avec l’éloquence qu’on lui connaissait, le célèbre avocat a pu rallier à sa cause la masse estudiantine et une bonne partie de l’élite politique. Ce qui a effectivement balisé le chemin à la victoire à son candidat Patrice Talon à la présidentielle de 2016.
Mais une fois aux affaires, tout porte à croire que le professeur Djogbénou a été transformé par le pouvoir. Puisque plusieurs des actes que pose l’actuel Président de la Cour Constitutionnelle semblent être à l’antipode de sa lutte d’antan. Personne n’aurait cru que le professeur Djogbénou participera un jour à la restriction des droits des citoyens béninois à ester en justice l’Etat béninois devant des juridictions supranationales lorsqu’ils estimeront que certains de leurs droits sont violés.
En silence, Djogbénou, l’autre chouchou des jeunes béninois, a assisté à l’acte du gouvernement qui retire le Bénin du protocole de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples avant que la cour qu’il préside n’annule le 30 avril dernier toutes les décisions de la cour de la justice de la Cedeao à l’endroit du Bénin.
Une fois encore, à travers Joseph Djogbénou, les béninois se rendent davantage compte de ce que le pouvoir a ses réalités que seuls ceux qui l’exercent, peuvent mieux en savoir.
Edouard ADODE
