EN DEPIT DE SES ATOUTS ECONOMIQUES, : Le karité menacé de disparition au Bénin

4 ans ago | Written by
25 410 vues
0 0

EN DEPIT DE SES ATOUTS ECONOMIQUES,

Le karité menacé de disparition au Bénin

Le karité constitue le troisième produit d’exportation du Bénin après le coton et l’anacarde. Il représente de ce fait une source non moins négligeable non seulement de devises pour l’économie béninoise mais aussi pour la protection de l’environnement. Malgré ces nombreuses potentialités, les arbres à Karité sont fortement menacés par les populations surtout celles paysannes. L’état des lieux sur le terrain est loin d’être reluisant. Une situation qui interpelle les décideurs en vue des mesures conséquentes pour la promotion de cette filière d’avenir.

Wilfried AGNINNIN

La présence de l’arbre à Karité sur le territoire béninois constitue une force économique, sociale et environnementale. Cette espèce intervient entre autres dans l’alimentation, l’esthétique, la purification de l’air, la protection des sols, la stabilisation du régime des pluies et dans la lutte contre les changements climatiques.

Au terme de la campagne de commercialisation écoulée au niveau de la sous-région ouest-africaine, le Bénin a figuré au rang de quatrième producteur d’amandes de karité après le Mali, le Burkina Faso et le Nigéria.

Contribution à l’économie locale

La filière Karité peut améliorer la recette des collectivités locales si elle est bien organisée. Selon une étude faite par l’Association Karité Bénin (Akb) et présentée en août dernier, « avec 1000 tonnes d’amandes soit 1000 000 kg d’amandes vendus à 100f le kilogramme rapporte à la mairie au moins 1000 000 F cfa de Tdl et génère également environ 100 000 000 F cfa à l’économie locale pour les groupements de femmes ramasseuses des noix et transformatrices des noix en amandes ».

Pour le coordinateur de l’Akb Urbain Gbéou, la production de 1000 tonnes de beurre de karité après transformation de 3000 tonnes d’amandes en moyenne entrainera dans les groupements de femmes productrices de beurre une somme de 800 000 000 Fcfa avec le kilogramme de beurre qui est à 800f. A l’en croire, ce marché existe en partenariat avec Africa-Agro-alimentaire.

Des menaces sur l’arbre à Karité

La problématique de la protection de l’arbre à Karité au Bénin est toujours d’actualité. Dans le septentrion comme partout ailleurs cette espère subit toute sorte de menaces. Le cultivateur Félix A. surpris dans son champ le vendredi 18 octobre dernier à Tchaourou sous un soleil de plomb en plein travaux de labour a déjà brulé plusieurs arbres parmi lesquels l’on a observé l’arbre à Karité. Selon lui, l’espèce Karité produit assez d’ombre ce qui empêche le développement de ses cultures. « L’ombre de Karité retarde mes cultures, c’est pourquoi je brûle ces arbres », a-t-il fait savoir. Félix A. reconnait tout de même les avantages de cet arbre comme la production des amandes.

De son côté l’agriculteur Mohamed ne détruit pas tous les arbres à Karité qui sont sur son domaine de culture. « Si je vois par exemple 5 arbres de Karité dans mon champ, je tue deux et je laisse les trois autres pour que je puisse ramasser les amandes », a-t-il expliqué. A la question de savoir à quoi servent ces arbres brûlés, certains ont expliqué qu’ils sont utilisés pour les bois de chauffe ou pour la fabrication du charbon. Pour l’Akb plus de 50% des parcs de karité au Bénin ont régressé en termes de nombre d’arbres. Plus de 35% des populations abattent l’arbre à Karité pour l’installation des cultures et plus de 24% pour la carbonisation, selon une étude réalisée par l’Akb.

Manque de volonté des dirigeants

Les décideurs semblent être moins sensibles face aux différentes menaces que subit l’arbre à Karité au Bénin depuis des années. Même s’il n’existe pas des lois consacrées essentiellement à la protection de l’arbre à Karité, celles qui existaient protégeant les espèces végétales au Bénin semblent être moins appliquées. Les autorités locales peinent encore à prendre des mesures pour mieux encadrer la filière. Les différents cadres institutionnels existant n’ont réellement pas impacter la filière. Sur les 77 communes, seule celle de Djougou a pris un arrêté communal en 2019 portant interdiction et règlementation de coupe des essences forestières protégées dont le Karité.
L’Association Karité Bénin (Akb) joue avec ses partenaires sa partition pour la promotion de la filière.

Cependant, il revient aux décideurs d’accompagner les efforts des structures et organisations intervenant dans la chaîne de valeur de la filière Karité pour son développement. Les Agences Territoriales pour le Développement Agricoles (Atda) créées par le gouvernement notamment le pôle 2 doivent jouer leur rôle afin de donner au Karité sa place du troisième produit d’exportation du Bénin après le coton et l’anacarde.

Article Categories:
A la une · Agriculture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru