Depuis le 6 avril 2016, l’univers politique béninoise s’est métamorphosée. Plus les élections s’approchent et mieux les béninois découvrent une autre qualité et une nouvelle nature de leurs hommes politiques. Face à la mouvance devenue très gourmande qui s’arroge tout, se trouve une opposition fragilisée, mal organisée qui à chaque fois semble se tromper de combat. Entre l’une et l’autre, Patrice Talon, seul maître à bord s’offre allègrement un nouveau visa d’un séjour prolongé à la Marina.
Barnabas OROU KOUMAN
A l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir en 2016, la politique béninoise a changé de main. Optant pour la rupture d’avec les anciennes méthodes, le nouveau capitaine à bord a imprimé sa dynamique. Dès lors, plus de culte de la personnalité du Chef de l’État l’un des secteurs les plus pourvoyeurs de ressources pour les hommes politiques à une autre époque. Le Chef de l’État n’ayant pas fait l’option du populisme, plusieurs hommes politiques se sont vus fragilisés. De plus, une guerre a été ouverte contre la mauvaise gouvernance et la corruption. Ce qui a emporté certains hommes politiques ayant été aux affaires la mandature précédente et naturellement opposants du régime actuel. Cette guerre a donc amené beaucoup d’hommes politiques à rallier le camp du pouvoir et à se la boucler pour éviter des représailles de la part du pouvoir.
Tous ces faits ont contribué à donner le champ libre au Chef de l’État d’opérer ses réformes avec plus de quiétude.
Cependant, l’application de certaines réformes a tôt fait de rendre gourmande la mouvance qui a fini par s’arroger tous les 83 sièges de l’Assemblée nationale et 71 communes sur 77. La mouvance à elle seule détient donc le pouvoir législatif et communal face à un code électoral qui prône le parrainage de ces deux pouvoirs pour tout prétendant au fauteuil de la Marina.
Si la mouvance a pu en arriver là, c’est parce qu’elle a longtemps eu en face, une opposition très mal organisée, désunie qui s’est constamment trompée de combat. J’en veux pour preuve leur dernière bataille pour l’obtention d’un récépissé du parti de l’opposition « Les Démocrates » qui ne garantit pas une participation à l’élection présidentielle. Mais les acteurs politiques de l’opposition y ont mis toute leur énergie. Une fois le récépissé obtenu, ils se rendent compte à l’évidence qu’il n’était pas indispensable pour l’échéance électorale qui pointe à l’horizon. Ils atterrissent alors pieds joints dans le combat de l’abrogation de la disposition instaurant le parrainage. Cette lutte pour sauter le verrou du parrainage aurait pu être menée plus tôt en lieu et place de celle pour l’obtention du récépissé qui elle n’était pas indispensable pour participer à l’élection présidentielle du 11 avril prochain.
Face à une telle réalité, Patrice Talon qui a entamé une tournée nationale de reddition de compte à trois mois de l’élection présidentielle semble tracer inexorablement un nouveau chemin pour renouveler son séjour à la Marina.