LIMITATION DU MANDAT DES DÉPUTÉS
Encore de la poudre aux yeux de la jeunesse béninoise?
. Regard croisé de Todjinou et du professeur Aïvo sur la constitution révisée
La constitution béninoise révisée continue de susciter des polémiques surtout certaines de ses dispositions qui semblent ne pas refléter les aspirations du bas peuple. Ainsi, des observateurs avisés de la vie politique nationale ne cessent d’exprimer leur inquiétude par rapport à ces dispositions qui ressemblent à du leurre. En ce qui concerne la mesure de limitation des mandats législatifs, bien qu’elle soit idoine pour la régénération de la classe politique, elle semble au même moment utopique dans sa mise en œuvre.
Alors, reçu sur les plateaux de la Web télévision Reporter Bénin-Monde, l’ancien syndicaliste Pascal Todjinou a déploré que cette mesure ne soit pas rétroactive. Pour lui, il est inconcevable que des députés qui ont déjà eu à faire des décennies à l’Assemblée nationale puissent continuer d’espérer trois autres mandats. Ainsi, cette mesure bien louable qui apparemment vise la recomposition progressive de la classe politique, laisse un goût un peu amer à Todjinou.
De même, sur les plateaux de Sicca Tv, le constitutionnaliste Joël Aïvo n’est pas allé du dos de la cuillère pour souligner les insuffisances de cette constitution qui, pour lui, comporte des dispositions « crisogènes ». Ainsi, sans avoir abordé de manière explicite cet aspect de la constitution révisée, le constitutionnaliste condamne néanmoins la manière dont les députés ont procédé à cette révision qui apparemment dresse le lit à d’autres crises. Sur ce, le professeur de droit a souhaité ne pas avoir raison dans l’avenir puisqu’il continue de déplorer les séquelles des évènements malheureux qui ont caractérisé les dernières législatives.
Ainsi, la limitation des mandats des députés qui dans son esprit permettrait un renouvellement de la classe politique se présente déjà comme de la poudre jeter aux yeux de la jeunesse. Car son application a de forte chance d’être renvoyée aux calendres grecques tout simplement parce qu’il va falloir attendre au moins douze ans pour que cette mesure ne commence par frapper les vétérans de l’Assemblée nationale. Or, dans cette intervalle de temps, il est fort probable que la constitution subisse d’autres modifications et notamment au vue des griefs qui sont formulés par le professeur Aïvo sur le document.
Au demeurant, la révision de la constitution est loin de combler les attentes de la jeunesse béninoise qui piaffe d’impatience pour la gestion des affaires publiques. Par conséquent, la jeunesse politique doit donc se battre pour se faire une place à l’hémicycle sans compter sur la clémence des aînés qui apparemment ne sont pas encore prêts à céder la place.
Edouard ADODE
