VIE D’UNE SAGE-FEMME : Chantal Tolomè raconte les moments inoubliables de sa carrière

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VIE D’UNE SAGE-FEMME

Chantal Tolomè raconte les moments inoubliables de sa carrière

Le monde de la santé regroupe plusieurs corps de métier. Aux nombres de ceux-ci on remarque celui de sage-femme qui est d’ailleurs un corps de métier très important dans la naissance d’un être humain. Exercer le plus souvent par les femmes, la sage-femme est cette personne qui à la capacité d’aider la femme à donner vie depuis la grossesse jusqu’à l’accouchement. A cause de cette place importante tenue par les sages-femmes, elles sont considérées dans certaines contrées comme des demi-dieux. Pour ce premier numéro de votre nouvelle rubrique ‘’Une vie, un métier’’, votre quotidien s’est rapproché de dame Chantal Tolome, sage-femme à la retraite pour en savoir plus sur ce métier. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI (Stg)

Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi faire carrière dans ce domaine ?

Chantal Tolome : j’ai choisi le métier de sage-femme par conviction, par passion. C’est dans le but d’aider mes proches, de sauver les vies et surtout de voir les enfants naître.

Comment êtes-vous devenue sage-femme ?

Bon, il faut dire que je travaillais en tant que infirmière au départ. Donc c’est après ça j’ai continué mes études à l’Inmes pour devenir sage-femme. J’ai fait 3 ans là-bas pour sortir avec le diplôme de sage-femme.

Parlez-nous de vos débuts ?

Etant donné que moi j’étais déjà dans le secteur de la santé, mon insertion pour le métier de sage-femme n’a pas été difficile. Aussi depuis ma sortie de l’école des infirmières, quand il y a un travail on m’a toujours envoyé du côté de la maternité ce qui a fait que ça été facile pour moi, je n’ai pas eu de difficulté à m’introduire.

Les avantages du métier ?

Ah oui, les avantages il y en a assez. Tout d’abord, le métier de sage-femme est un métier noble et n’est pas sage-femme qui veut mais qui peut. Il faut vraiment avoir la conviction et surtout l’amour du prochain pour pouvoir exercer paisiblement ce métier. L’un des avantages c’est donc de donner naissance à un être humain, et voir cet enfant grandir et réussir fait vraiment plaisir. Aussi suivre une femme enceinte jusqu’à l’accouchement, ça fait deux vies qu’il faut sauver au moins si ce n’est pas une grossesse jumelée. Donc toutes ses âmes sauvées chaque jour vont forcément toujours adresser des prières à ton endroit et ta vie ne sera que bonheur. Et il y a rien de plus important que cela. Il y a aussi qu’au cours de ma carrière j’ai été affecté dans un village et à cause de tout ce que j’ai eu à accomplir comme action là-bas, je n’ai jamais acheté d’igname et tous les autres. Les habitants me comblaient des vivres seulement.

Des risques du métier ?

Bon,  les risques il n’en manquera pas. Si la femme est en travail et qu’elle a de difficulté à être délivrée, la sage-femme n’a pas le cœur tranquille car si un problème survient la patiente étant sous sa responsabilité donc c’est elle qui doit répondre de tout. Il y a des fois aussi on nous envoie des cas qu’ont arrive pas à traiter. On est donc obligé d’envoyer la femme vers un centre plus performant et il y assez de danger qui peuvent survenir en cours de route, la voiture peut être braquée. Il y a tout ces risques là. Aussi on peut banalement contracter certains virus, certaines maladies quand la patiente porte un virus en elle, par contacte avec elle, on peut être contaminé.

Une anecdote

Oui il y en a assez et tout cela fait partie des expériences de vie. Au cours de l’accouchement il y a assez de comportement de la femme mais bon moi je n’en rigole pas souvent car à cette période là je comprends la femme et la douleur de l’accouchement fait qu’elle réagit souvent bizarrement mais on ne doit pas l’en vouloir.

Racontez-nous le moment le plus heureux de votre carrière 

Le moment le plus heureux, il y a un fait que je ne pourrai jamais oublier. Le village ou j’ai eu à travailler là, j’ai reçu un jour une femme qui avait une grossesse extra-utérine. C’est une femme qui a eu de problème de conception et sa première grossesse était malheureusement une grossesse extra-utérine. J’ai voulu l’évacué donc elle est retournée à la maison pour s’apprêter mais n’est plus revenue. J’ai cherché à savoir pourquoi elle n’est pas revenue c’est là elle me faisait comprendre que son mari n’était pas d’accord et aussi ils n’avaient pas les moyens pour le suivi. C’est alors que j’ai décidé de prendre en charge les dépenses et je l’ai envoyé vers un hôpital ou elle allait être prise en charge. J’ai donné des instructions aux collègues qui sont là-bas et tout s’est bien passé pour elle. Elle a accouché dans de bonnes conditions. Et dès son retour au village elle a informé ses parents de ce que c’est moi qui avait pris en charge les frais pour son accouchement et tout le village était au courant. Quand je passe les gens m’indexaient seulement. « C’est la femme qui a sauvé notre fille, notre sœur », disaient-ils. J’étais devenue leur roi. Les gens me gratifiaient seulement et même son mari était tellement content. Depuis ce moment et jusqu’à présent malgré que je sois en retraite, nous sommes devenus une très bonne famille.

Qu’en est-il du moment le plus malheureux

Bon comme moment malheureux, je dirai qu’il y a des fois où les femmes viennent tardivement à la maternité quand elles sont en travail pour l’accouchement ce qui fait que les enfants naissent souvent mort-nés. Quand ces genres de situation surviennent je reçois ça comme une douleur interne. Aussi quand on m’envoie des patientes d’autres centres je me sens un peu lésée parce que la femme traine, elle n’aime pas se rendre à l’hôpital c’est quand elle sent que la situation devient critique elle court vers la maternité. Du fait qu’on n’arrive pas à toujours sauver deux vies ; cela fait partie des échecs qu’on connait souvent.

Un mot à l’endroit de ceux qui veulent emboiter vos pas 

Je leur dirai simplement que le métier de sage-femme est un métier noble. Et si tu fais bien ton travail tu seras toujours récompensé pour ça, tu seras traité comme la sœur de Dieu pour ne pas dire Dieu lui-même. Il suffit d’aimer surtout son prochain car le mot ‘’aimer’’ même se trouve à ce niveau. On est appelé à donner la vie à un être humain donc sans amour on ne peut pas atteindre nos objectifs. Donc j’invite toutes celles qui veulent emboiter mes pas à le faire sans crainte et surtout à le faire bien. Le métier de sage-femme est un métier qui demande assez de patience et qui est assez risqué, car tout le monde ne te reconnait pas le travail que tu fais, donc si tu n’as pas la patience tu ne pourras jamais émerger dedans.

Votre mot de la fin 

Comme mot de la fin, j’encourage toutes les sages-femmes qui sont encore en service à avoir la patience pour pouvoir exercer leur métier. Ça a ses récompenses même si ce n’est pas visible immédiatement, on finit toujours par en jouir. Je souhaite plein vent à votre quotidien et je vous remercie.

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Daabaaru